Petits marchés où les femmes vendent trois légumes assises à même la terre, vente de poissons à grande ou petite échelle, viande de mouton étalée à l'air libre... le commerce va bon train au Myanmar et permet à une bonne partie de la population de vivre. Le plus souvent très, très modestement !
Birmanie. Marché en pays Shan.
Birmanie. Transport de marchandises.Odeur suffocante sous une halle pourtant ouverte à tous vents. J'aime les marchés “exotiques” et odoriférants, mais celui-ci vous matraque d'une odeur qui prend la gorge et retourne l'estomac, au point qu'il me faut bientôt sortir pour aspirer goulûment des bouffées d'air neutre. Il faut dire que là, dans cette halle, s'entassent des centaines de requins séchés, de toutes tailles, pendus avec ce qui leur reste de chair couleur saumonée.
La vente à la criée
Plus loin, dans une autre partie du marché, les poissons, frais cette fois, sont jetés à même le sol dans une marinade de boue assez nauséabonde. Là, pour les acheter, se côtoient pauvres hères sales et faméliques et femmes proprettes faisant leur marché. Une sorte de courtier lance comme une litanie ce qui correspond - je le comprendrai rapidement - à des enchères descendantes.
Marché birman.Les gens enfoncent sans vergogne leur doigt dans les poissons pour en mesurer la fermeté, et en examinent les parties ouvertes. Gestes réflexes plus que nécessité tant le poisson est manifestement d'une fraîcheur irréprochable. On ne peut en dire autant de la matière noire et gluante dans laquelle ces poissons pataugent...
La femme qui remportent l'enchère et la petite fille à ses côtés sont impeccablement mises. Elles font glisser les poissons dans un grand cabas en plastique ajouré, apparemment sans la moindre réticence quant à cette marinade.
Le jeune courtier, après avoir inscrit le montant de la vente à même la paume de sa main, se décale d'un mètre pour vendre, cette fois, deux raies pastenagues de belle envergure, accompagnées de 3 anguilles.
Marché de gros
Birmanie. Marché aux poissons. Vente en gros à la criée.
En Birmanie (Arakan). Les enchères aux poissons.A l'extérieur, un homme, une liasse impressionnante de kyatts (monnaie du pays) à la main —, sans doute pour impressionner les badauds car les transactions, à partir d'un certain seuil, ne se font plus qu'en dollars - vend un lot de poissons-sabres, avec mise à prix à 180. Ce lot ne mettra pas longtemps à grimper à 320 dollars, puis 420 finalement, et sera remporté par un exportateur en longy bleu.
Marché en Birmanie. La vente du mouton. Ces poissons partiront vers la Chine car ces prix ne permettent pas à la population locale d'y avoir accès. Le même acheteur expédiera ses lots avec une paire de raies d'une taille particulièrement imposante. Leur chair est appréciée par les voisins de l'empire du milieu, mais c'est surtout leur peau qu'ils recherchent car elle est réputée source de beauté pour le visage.
Caverne d'Ali Baba
Sur les marchés birmans, on trouve de tout. A petite ou grande échelle, selon l'importance du lieu. Il y a les grands marchés couverts, qui font office d'épicerie, de droguerie, de quincaillerie, où l'on trouve les couturières, les bijoutiers, les boutiquiers en tous genres, et tout ce qui se mange, se boit ou se cultive.
Marché en Birmanie. Le tri et la vente du riz.Et puis, il y a, partout, des vendeurs regroupés ou non, vendant leur production agricole ou artisanale (dont, toujours, un nombre impressionnant d'objets provenant de Chine). Et ceci dans tous les Etats du pays, qu'il soit Shan, Chin, Arakan ou Karen.
Parfois les vendeuses, car ce sont généralement les femmes qui tiennent les échoppes, viennent à pied de lointaines collines, une ou deux fois par semaine, pour proposer leur marchandise.
Birmanie. Marché de nuit en pays Shan.Les Shan ont un marché de nuit exclusivement alimentaire. Dès le jour tombé, les vendeurs s'activent à préparer galettes, oeufs frits ou morceaux de viande grillée que l'on grignote sur place.
Bétel et Thanakha
Marché en Birmanie. Vente de bois de thanakha.Sur un autre marché, une vendeuse hilare propose des bûches de bois de différentes longueurs. Des troncs pour se chauffer ? Rien à voir, il s'agit de bois de thanakha qui sera râpé, puis une fois réduit en poudre, mélangé à de l'eau. Lorsque la poudre miracle sera devenue pâte liquide, le soin de beauté pourra commencer. Comme chaque matin. Geste ancestral et aujourd'hui encore incontournale dans tout le Myanmar, les femmes s'enduisent le visage à la fois pour se protéger du soleil, se parfumer (le thanakha sent bon !) et se maquiller. Presque tous les enfants, garçons ou filles, le portent, y compris les bébés.
Birmanie. Feuilles de poivrier bétel.La première couche s'applique très liquide, et souvent laissée en l'état. Avec une pâte plus dense, on créé des effets avec le doigt, une brosse à dents ou un pinceau.
Ici, c'est le coin des feuilles de poivrier bétél. Ces feuilles qui servent à envelopper un mélange de noix d'arec, de chaux et de tabac, agrémentés de cardamone, de clou de girofle ou d'anis, et que les Birmans mâchent (certains à longueur de journée) ... avant d'en recracher la chique dans un long jet de salive rouge qui maculent les trottoirs. Effet assuré, paraît-il, à la fois stimulant et grisant (je n'ai pas testé !). Cette coutume explique, en tous cas la couleur des lèvres et des dents des nombreux Birmans qui en consomment.
Retrouvez tous les reportages de Julie Montagard en Birmanie (Myanmar) :
- la descente de l'Irrawaddy
- sur les marchés, petits et grands
- dans l'Etat d'Arakan, baigné par les eux du Golfe du Bengale et animé d'un farouche sens de l'indépendance
- dans un monastère bouddhiste où exceptionnellement introduite, elle a pu voir les moines dans leur activités d'apprentissage.
- au Nord du pays, pour y découvrir l'ethnie Kachin
- dans les transports à petite allure
- dans l'Etat de Karen
- dormir chez les Palaung
- chanter avec les femmes tatouées de l'Etat Chin
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