Ces derniers temps, le train est de plus en plus mis à l’honneur. Et à juste titre, car en plus de l’argument écologique, il permet de redécouvrir un rythme de voyage agréable qui permet de prendre le temps et de mesurer pleinement les distances parcourues.
Avec le train, le voyage compte autant que la destination. Alors que l’automne est là, nous vous proposons de filer vers l’Est, à travers l’Allemagne et la Pologne, direction Berlin puis Varsovie.
De Paris à Berlin
Départ de la gare de l’Est, en TGV (pour dénicher les meilleurs tarifs n’hésitez pas à comparer le site de la SNCF et celui de la Deutsche Bahn).
Si vous êtes pressés, un changement, à Mannheim, Francfort ou Cologne, suffira pour atteindre Berlin en une journée tout en regardant défiler les paysages vallonnés et les petites gares de montagne qui incitent à la promenade en forêt.
Si vous avez plus de temps devant vous, pourquoi ne pas faire escale à Francfort, entre gratte-ciels et musées, et à Hanovre, où vous aurez le choix entre promenades historiques et vie nocturne ?
A moins que vous ne préfériez passer par Bruxelles, pour y déguster les meilleures bières belges avant d’aborder l’Allemagne !
Gare centrale de Berlin © Allison Poels
L’arrivée à Berlin est déjà l’occasion de découvrir l’impressionnante structure de verre de sa gare centrale, œuvre de l’architecte Meinhard von Gerkan qui borde la Spree. Véritable nœud ferroviaire, elle est également très bien desservie par les transports en commun et pourra aisément constituer le point de départ de vos pérégrinations.
Berlin justement est une ville qui plaira aux amateurs de trains, avec une partie des lignes de U-bahn, de S-bahn et de tramway qui se croisent et s’entremêlent en plein air, parfois au-dessus des rues : vous en verrez une parfaite illustration autour de Friedrich Platz.
Toutes les facettes de Berlin
Une partie du tourisme ici est encore orientée autour du mur du Berlin. Si ce pan de l’histoire vous intéresse, fuyez le checkpoint Charlie aux allures de Disneyland et rendez-vous plutôt au mémorial du mur, au Nord de la ville, où une plateforme permet de surplomber le dernier vestige du no man’s land qui séparait Berlin Est et Ouest et réaliser un peu mieux grâce au petit musée attenant l’impact sur la vie des berlinois. Vous pourrez ensuite compléter votre visite par un tour du côté d’Alexanderplatz, ancien centre de Berlin Est, à l’architecture très représentative.
L’histoire allemande ne se résumant pas à ses tristes épisodes, direction d’autres monuments plus attrayants !
Porte de Brandebourg à Berlin, Allemagne © Allison Poels
La célèbre avenue Unter den Linden menant à la porte de Brandebourg, si elle est certes belle, est devenue si touristique qu’elle en perd de son charme.
Quartier du Reichstag à Berlin © Allison Poels
Allez plutôt flâner dans le quartier entourant le Reichstag, coiffé d’une coupole de verre par Norman Foster lors de sa restauration, très agréable et bien plus calme. Pour plus de beaux monuments, faites également un tour du côté du Konzerthaus et des églises française et allemande qui se font face, dans des styles subtilement différents malgré leurs ressemblances.
Une autre facette de la ville, toute en modernité, se laisse découvrir autour de la Potsdammer Platz, où l’immense tour de la Deutsche Bahn côtoie le Sony Center, complexe monumental de verre et d’acier organisé autour d’une agréable place : un style que l’on ne trouve nulle part ailleurs.
Mais une grande partie du charme de la ville réside dans ses espaces verts, qu’il s’agisse des berges de la Spree ou du parc Monbijou, très fréquenté si le temps est agréable. Il pleut ? Alors rendez-vous sur l’île des Musées où vous aurez l’embarras du choix entre collections archéologiques et égyptiennes, peintres allemands, impressionnistes français ou encore antiquités proche-orientales.
Mémorial du mur de Berlin, Bernauer Str. 111, Berlin
De Berlin à Varsovie
En train entre Berlin et Varsovie, Pologne © Allison Poels
Bonne nouvelle pour les pressés, depuis Berlin il est possible de rejoindre Varsovie en six heures par un train direct (réservable également par la Deutsche Bahn, la compagnie ferroviaire allemande). Sinon, une halte s’impose à Poznań : moins connue que Cracovie, elle possède néanmoins un très joli petit centre et quelques superbes édifices. Les férus d’histoire de l’art y apprécieront également l’omniprésence du style Jugendstil.
Sur le chemin, les paysages varient, entre forêts d’épineux, champs bordés de haies, éoliennes parfois. La plupart du temps il y a un contrôle des polices aux frontières à bord (quand on vous dit que le train permet de mieux se rendre compte des réalités géographiques !). Le temps s’écoule lentement, et quelques scènes de la vie quotidienne se laissent parfois saisir par les fenêtres.
La gare centrale de Varsovie ne présente pas d’intérêt particulier, mais elle est située non loin du monumental Palais de la Culture et des Sciences, commandé par Staline, dont l’architecture a un côté communiste atténué par son immense tour qui s’élève telle un clocher.
Palais de la Culture et des Sciences, plac Defilad 1, Varsovie
Varsovie, ville poignante
Varsovie est une ville fascinante, qui peut s’aborder autour de différentes thématiques en fonction de vos affinités.
Musée d'histoire des Juifs Polonais à Varsovie © Allison Poels
Le triste poids de l’histoire reste omniprésent et pourra être pleinement appréhendé au Musée d’Histoire des Juifs Polonais, qui occupe la partie Nord de l’ancien ghetto. Son entrée, évocation biblique, est un passage ouvert telle une gorge couleur sable ouvrant en deux le bâtiment. L’immense exposition manque un peu de fil conducteur, mais permet une traversée visuelle de l’histoire de Varsovie, dans une scénographie très immersive. La partie sur la seconde guerre mondiale est extrêmement émouvante et ne laissera personne indifférent.
Toujours dans les années sombres, la place Krasinsky, toute de béton, offre un contraste saisissant avec le reste de la ville. Au centre de la place, le monument représentant l’insurrection de Varsovie contre les nazis réussit à être très éloquent.
Une ruelle de la vieille ville à Varsovie © Allison Poels
Sur une touche plus légère, en cas de mal du pays ne manquez pas de faire un tour sur la large place Charles de Gaulle où trône, en plus de sa statue, un insolite palmier, allusion à Jérusalem. Puis direction la vieille ville : entièrement détruite pendant la seconde guerre mondiale, elle a été reconstruite à l’identique, et le résultat, ensemble de maisons colorées, est très réussi. C’est très touristique bien sûr, mais pas au point de passer à côté.
Le Christ Martyre devant l'église à Varsovie © Allison Poels
Varsovie, c’est aussi son université, fondée en 1818, très bel édifice aux allées fleuries, qui donne envie de se replonger dans ses années étudiantes. Dans le même style monumental, la voie royale porte bien son nom : bordée de majestueux bâtiments de style empire, elle n’a rien à envier aux plus belles perspectives. Une petite anecdote qui plaira aux français : c’est dans l’un des palais de Varsovie que Napoléon aurait rencontré Marie Walewska… Juste en face de l’université, l’église Sainte-Croix est à ne pas manquer. Devant l’entrée, la statue du Christ portant la croix, censée représenter le martyre de la ville, est poignante. A l’intérieur, vous repérerez le pilier où serait enterré le cœur de Chopin.
Un mur du Conservatoire de Varsovie © Allison Poels
Si vous êtes amateur de musique justement, courrez au musée Chopin, situé près de la voie royale dans le joli palais Ostrogski, à côté du conservatoire d’où s’échappent à toute heure des notes de musique. Les écrans interactifs ne fonctionnent pas toujours, mais de nombreuses pièces manuscrites sont exposées (y compris le « passeport » de Chopin, format A3, décidément moins pratique que nos passeports actuels !) et feront le bonheur des férus du compositeur.
Musée d’histoire des Juifs Polonais, Mordechaja Anielewicza 6, Varsovie
Université de Varsovie, Krakowskie Przedmieście 26/28, Varsovie
Musée Frédéric Chopin, Pałac Gnińskich, Okólnik 1, Varsovie
Invitation à poursuivre le voyage
Ce ne sont là que quelques facettes d’une ville qui a su retrouver toute sa vivacité malgré une histoire très lourde, et qui mérite d’être découverte à l’issue de ce périple ferroviaire. Pas encore envie de rentrer ? Il ne tient qu’à vous de poursuivre jusqu’à Vilnius, une autre très jolie ville injustement méconnue, dont nous vous conseillons très vivement la visite !
Allison Poels Toutpourlesfemmes