À deux pas de chez nous, la Roumanie n’est pas la première destination à laquelle on pense lorsque l’on réfléchit à ses prochaines vacances. Et c’est à tort, car cet attachant pays a bien plus à offrir que les clichés galvaudés de vampires. Que ce soit pour ses superbes paysages et sa ruralité préservée (vous y croiserez peut-être encore quelques charrettes à cheval), son patrimoine historique ou bien la gentillesse de ses habitants, les raisons ne manquent pas de visiter cette enclave latine au milieu des Balkans. Et l’un de ses atouts étant un réseau ferré bien maillé et efficace, c’est en train que nous vous suggérons de le découvrir. En route pour une traversée des Carpates qui vous montrera la Roumanie sous un jour nouveau !
Couleurs d'automne depuis le train © Allison Poels
La face cachée de Bucarest, « petite Paris » du XIXe
Bucarest sera sans doute votre premier contact avec le pays (à moins que vous ne choisissiez de venir en train, ce qui est possible depuis Paris en changeant à Vienne puis à Budapest – attention, la gare du Nord de Bucarest n’a pas meilleure réputation que la nôtre. La ville, très largement détruite sous Ceausescu, n’est pas la meilleure ambassadrice du pays, d’autant que ce qu’il reste de son vieux centre historique a été maladroitement transformé en repaire de jeunes fêtards avinés, lui enlevant une partie de son charme. Pour autant, il serait dommage de faire une croix sur la capitale ou de limiter sa visite à l’immense palais du Parlement.
Bibliothèque de l'université Carol I universitaire de Bucarest © Allison Poels
Arc de triomphe de Bucarest, Roumanie © Allison Poels
Un certain nombre de somptueux bâtiments encore debout au-milieu des immeubles gris, donnent un aperçu de son faste passé : c’est le cas par exemple du Musée National d’Art, ancien Palais Royal, ou encore de la Bibliothèque de l’Université Carol I, juste en face. Après un coup d’œil à l’Arc de triomphe très parisien, la visite du musée de la municipalité vous révèlera, par sa collection de photos du XIXe, la frappante ressemblance de la Bucarest d’alors avec la capitale française. De quoi faire réaliser la proximité qui existe entre nos deux pays, si vous n’aviez pas déjà été frappés par la ressemblance de la langue roumaine avec l’italien ou par le nombre de roumains parlant le français.
Musée du village à Bucarest © Allison Poels
Autre richesse de Bucarest : si votre périple ne vous permet pas d’explorer longuement la campagne roumaine, un détour au musée du village s’impose pour se promener à ciel ouvert au milieu des maisons traditionnelles des différentes régions du pays, dans un cadre paisible au bord de l’eau. Pour couronner le tout, un diner chez Vatra vous permettra de goûter aux meilleures spécialités roumaines, impeccablement cuisinées.
Musée de la municipalité de Bucarest, Bulevardul Bratianu 2, Bucarest
Musée du village, Soseaua Kiseleff 28-30, Bucarest
Restaurant Vatra, Strada Ion Brezoianu 19, București 010131
La région de Brasov, retour aux origines saxonnes
Sur la route de Brasov, le château de Peles en Roumanie © Allison Poels
Sur la route depuis Bucarest, une pause à l’incontournable château de Peles et son voisin Pelisor vous plongera déjà dans une atmosphère toute alpine (arrêt Sinaia, si vous voulez laisser votre bagage à la consigne il faut demander à la dame qui tient les toilettes de la gare).
Centre de Brasov en Roumanie © Allison Poels
Pour pleinement profiter de cette partie des Carpates, c’est Brasov qui sera le meilleur point de chute. Cette superbe petite ville de moyenne altitude vous charmera par son style saxon, qui achèvera de vous déboussoler si vous n’aviez pas déjà trouvé très flamands certains paysages parsemés de troupeaux de moutons vus depuis le train. Les petites chambres soignées et chaleureuses de l’hôtel Bella Muzica complèteront parfaitement le tableau.
Une rue de Brasov en Roumanie © Allison Poels
Rayonner autour de Brasov offre d’innombrables possibilités. Au Sud, si la forteresse de Rasnov est pour le moment fermée pour rénovation, le célèbre et trop fréquenté château de Bran vaut néanmoins la visite, non pour la regrettable mise en scène autour de Dracula mais plutôt pour découvrir à travers de la vie de la reine Marie tout un pan de l’histoire de la Roumanie.
Pour s’y rendre, des bus partent toutes les heures de l’Autogara 2, que l’on rejoint depuis le centre par la ligne 16 (se renseigner à l’office du tourisme où sous un abord froid la responsable vous indiquera avec application tous les itinéraires possibles).
A l’opposé, le village de Prejmer cache une superbe église fortifiée encore relativement à l’écart des sentiers battus (accessible en bus également, mais si vous êtes en voiture vous pouvez passer au village de Harman au retour, où se trouve un autre édifice du même style).
Vous en voulez encore ? Alors le train permet de faire l’aller-retour dans la journée à Sighisoara, dont le séduisant vieux centre perché sur un promontoire tient dans un mouchoir de poche.
Hôtel Bella Muzica, Piața Sfatului 19, Brașov 500026
Centrul de Informare Turistică, Strada Prundului 1, Brașov 500123
Vers la frontière hongroise, dynamisme et Art Nouveau
Opéra de Cluj-Napoca en Roumanie © Allison Poels
En continuant vers le Nord, votre périple vous montrera une toute autre facette de la Roumanie, moins touristique, moins spectaculaire peut-être, mais d’autant plus authentique. Faire une halte à Cluj-Napoca, c’est découvrir le cœur vibrant des Carpates. Centre universitaire, deuxième plus grande agglomération du pays, vous y retrouverez toute la chaleur des roumains, un peu plus réservés à Bucarest comme dans toutes les capitales.
Cluj-Napoca, c’est avant tout son université Babes-Bolyai, roumano-hongroise, à l’image de la région où les habitants des deux pays cohabitent depuis toujours, héritage de leurs histoires croisées. Vous y rencontrerez de nombreux étudiants, aussi serviables que leurs ainés et qui se plieront parfois en quatre pour vous aider.
Sur le plan culturel, les façades orangée et rose de l’opéra et du palais de justice sont immanquables, en face de l’immense cathédrale orthodoxe, qui avec la cathédrale de la Piata Unirii font partie des nombreux lieux de culte valant le détour à Cluj (attention cependant, les horaires de la plupart des églises et musées sont inexacts sur Google maps !).
Si votre périple vous emmène jusqu’en Hongrie (ce que l’on vous recommande fortement, c’est si facile par la ligne Bucarest-Budapest), ne manquez pas de passer une nuit à Oradea. Cette agréable petite ville frontalière se démarque avant tout par son centre, véritable temple de l’Art Nouveau, malheureusement un peu décrépi.
Pourquoi justement ne pas dormir à l’hôtel Astoria, dont la façade rose aux tourelles décorées est typique du style Sécession ?
Son restaurant n’est pas des plus chaleureux, mais les papanasi, ces gros beignets à la crème et à la confiture que vous trouverez partout en Roumanie, y sont excellents.
Si une longue promenade dans les rues du centre ou au bord de l’eau vous a ouvert l’appétit (pas de feux rouges pour les voitures ici mais, comme dans le reste de la Roumanie, les voitures s’arrêteront dès qu’elles vous verront attendre sur le bord de la route), c’est en poussant la petite porte en contrebas de la rue du restaurant Capitoleum que vous trouverez votre bonheur avec de bons plats roboratifs dans un décor traditionnel assez réussi. Un dernier goût de Roumanie avant de poursuivre votre périple…
Astoria Grand Hotel, Strada Teatrului 1-2, Oradea 410020
Restaurant Capitolium, Strada Avram Iancu 8, Oradea 410494
Itinéraire proposé
Voyager en train en Roumanie : Itinéraire
Allison Poels Toutpourlesfemmes