Après le succès de son spectacle Mon Premier lac des cygnes au théâtre Mogador, c’est cette fois au non moins célèbre Casse-Noisette que s’attaque Karl Paquette, ancien danseur étoile de l’Opéra de Paris, avec une version de ce ballet adaptée aux enfants qui sera présentée au théâtre du Châtelet du 19 au 30 avril. Un ballet qui compte particulièrement pour lui (c’est dans ce rôle qu’il a été nommé danseur étoile), et un objectif affirmé :
Rendre la danse classique accessible à tous, facile, sans prétention.
Karl Paquette
Il était une fois Casse-Noisette : un conte de Noël et d’alléchantes pâtisseries
Au programme : un conte de Noël et d’alléchantes pâtisseries. L’histoire est celle de Clara, une petite fille qui, après s’être vu offrir un petit soldat casse-noisette le soir de Noël, se retrouve propulsée comme par magie dans le monde des jouets…et des friandises. Une féérie qui enchante petits et grands depuis 1892. Même si le ballet fut maintes fois remanié, parfois pensé comme un beau divertissement tous publics, avec par exemple la version de Balanchine, majoritairement dansée aux Etats-Unis, et parfois au contraire tiré vers ses côtés les plus sombres. C’est le cas de la chorégraphie de Noureev, habituellement dansée à Paris, qui privilégie une lecture plus psychologique du conte.
Maquette du décor © Théâtre du Châtelet
Ici, à l’inverse, le parti pris est celui de la simplification de l’histoire, dans laquelle les personnages sont clairement distincts, sans par exemple que les personnages de Clara et de la fée dragée ne soient confondus comme c’est parfois le cas, et sans subtilités trop difficiles à expliquer. Et comme dans Mon premier lac des cygnes, une voix-off aidera à clarifier la narration.
Un spectacle conçu pour plaire aux enfants
Karl Paquette nous explique en quoi :
« Ça commence dès le titre. Lorsqu’on dit à un enfant qu’il va voir Casse-Noisette, à l’Opéra, le soir, ça représente un poids, il faut bien s’habiller, et s’il pose une question pendant la représentation on lui dira de se taire, alors qu’il aura peut-être du mal à comprendre la subtilité de l’histoire. C’était fondamental d’épurer tout ça. Ici on est au théâtre du Châtelet, à un horaire qui permet d’avoir leur attention maximale (la plupart des représentations sont à quinze heures). Psychologiquement, rien qu’avec ce titre, Il était une fois Casse-Noisette, ils savent que ce ballet va leur parler. »
Les décors par Nolwenn Cleret © Théâtre du Châtelet
Attention les yeux, le spectacle se veut très visuel et c’est le thème de la pâtisserie qui a été choisi pour la deuxième partie, avec des décors qui devraient mettre l’eau à la bouche.
Faut-il pour autant réduire ce Casse-Noisette à un spectacle pour enfants ?
Pas pour Karl Paquette : « C’est un spectacle familial : les enfants vont rigoler et découvrir la danse classique, les adultes vont découvrir quelque chose de nouveau car on ne voulait pas tomber dans une redite de ce qui existait, tout le monde s’y retrouvera. »
Il faut dire que le danseur étoile et ses équipes ont tenu à conserver un haut niveau d’exigence concernant aussi bien le recrutement des danseurs que la qualité générale du spectacle. Un beau défi, car il ne s’agit pas initialement d’une compagnie constituée dans la durée, mais d’artistes venus de divers horizons et réunis pour l’occasion - les passionnés reconnaitront quelques noms repérés dès leur scolarité à l’école de danse de l’Opéra de Paris.
Karl Paquette nous précise leurs profils : « Beaucoup ont été dans des compagnies et recherchent plus d’indépendance. Nous leur donnons un cours quotidien et ils profitent de notre maturité et notre expérience artistique. »
Comme on ne change pas une équipe qui gagne, on retrouve aux manettes Clément Hervieu-Léger pour la narration, Xavier Ronze pour les costumes, et c’est cette fois encore Fabrice Bourgeois qui signe la chorégraphie, « dans laquelle il a mis tout son humour du quotidien », confie Karl Paquette.
Les costumes par Xavier Ronze © Théâtre du Châtelet
Au-delà des enfants, Il était une fois casse-noisette peut donc également être l’occasion pour le plus grand nombre de découvrir ou redécouvrir la danse classique, sans être intimidés par les présupposés qui entourent encore parfois (à tort, nous ne manquons pas une occasion de vous le dire) l’Opéra de Paris, et également grâce à une politique tarifaire accessible :
Les grands-parents pourront inviter toute la famille
Karl Paquette
Il était une fois Casse-Noisette : l’exigence de la danse classique rendue facile d’accès
Un spectacle facile d’accès donc mais de qualité pour donner le goût du ballet à un nouvel auditoire. Car pour Karl Paquette la danse classique est loin d’être dépassée, ne serait-ce que parce qu’elle n’est pas figée :
« Je suis convaincu que la danse classique est en perpétuelle évolution, et l’enseignement que j’ai eu il y a trente-cinq ou quarante ans n’est pas le même qu’aujourd’hui ».
Karl Paquette
Pour arriver au résultat voulu avec un nombre relativement restreint de danseurs, vingt-quatre en tout, l’équipe ne ménage pas ses efforts. Si peu de musique a été coupée, la partition initiale étant moins longue que celle du lac des cygnes, le résultat est dense, ce qui demande un investissement supplémentaire aux artistes sur scène.
« Pour nous danseurs c’est difficile car c’est condensé, et on fait plus de choses avec moins de danseurs ! », confirme-t-il.
Le jeu en vaut la chandelle cependant, car le format, déjà connu à l’English National Ballet depuis 2012 avec « My first ballet », manquait en France. Et les réactions des enfants pendant Mon premier lac des cygnes, spectacle qui précédait Il était une fois casse-noisette, avaient de quoi combler les attentes, comme le raconte Karl Paquette :
Au début ils sont dans une attente modérée, puis au bout d’un moment il n’y a plus aucun bruit, ils sont hypnotisés
Nul doute qu’avec un thème autour de la pâtisserie, la magie devrait opérer également pour Il était une fois Casse-Noisette.
Un résultat gratifiant pour toute l’équipe :
Quand ils ressortent et nous disent que c’était magique, ça donne de l’énergie pour longtemps.
Un enthousiasme communicatif, qui donne envie de courir au Châtelet pour y retomber en enfance !
Allison Poels Toutpourlesfemmes