C’est au bar des nouveaux Bains Douches que j’ai croisé à nouveau Emilie, une jeune femme blonde aux yeux bleus azur, et au tempérament froid comme l’Atlantique un soir d’hiver. Je lui offre un verre de champagne avec l’espoir de faire fondre ce caractère glacé, et je laisse s’installer la douceur printanière d’un jeu de séduction. C’est dans ce jeu saisonnier qu’elle me glisse entre deux phrases l’idée qu’elle ne couche jamais le premier soir, particulièrement si l’homme lui plaît vraiment et qu’elle envisage une relation sérieuse. Outre le fait qu’elle m’ait dit ça les yeux dans les yeux, décuplant ainsi une attirance qui n’avait plus besoin de l’être, je me dis que c’est une idée étrange partagée par beaucoup de femmes et dont je ne saisis pas toujours la réelle finalité…Je comprendrais évidemment si cette démarche consistait justement, à jouer avec les émotions, faire monter le désir du futur amant voir éveiller son ardeur jusqu’à l’apothéose d’une nuit blanche qui ferait languir le Marquis de Sade…A moins qu’elle ne se finisse dans l’explosion précoce d’une fougue mal maîtrisée…Mais ce songe d’une nuit d’été n’est que trop rarement la réelle finalité d’une gente féminine parfois en mal d’imagination.
Temporiser l’acte sexuel avec l’homme pour lequel on pourrait avoir des sentiments peut être aussi dénué de sens que prendre une assurance décès quand on est célibataire et sans famille. Ca rassure quand on y souscrit mais se révèle totalement inutile à l’instant même où l’événement se produit. Les femmes pensent-elles réellement pouvoir prendre une garantie, aussi fragile soit-elle, sur le sentiment amoureux masculin en faisant languir le désir de l’être convoité? Pensent-elles que l’abstinence sera le terreau fertile dans lequel germera l’amour et le respect des hommes envers la femme ? Certains hommes ne seraient-ils pas enclins à en accepter les règles plus par ardeur érotique que par une quelconque soumission sentimentale ? En exigeant du temps, elles évinceront sans doute ceux qui seront les moins patients, mais seraient-ils aussi les moins aimants ? L’amour ne s’inviterait-il jamais au pied du lit de la tentation du premier soir ?
Je pense personnellement que la prudence est une vertu cardinale mais qu’elle n’est pas la meilleure alliée de l’amour. Elle exige de la réflexion pour éviter l’erreur là ou la flamme d’un amour naissant voit le jour dans la fragilité même de l’instant présent. Refuser, au nom de la prudence, le déroulement de cet instant, c’est risquer d’étouffer un cœur qui a besoin de battre au gré des événements tels qu’ils se présentent avec leurs torrents d’incertitudes, de risques, de mises en abîme…bref de vie. Et si le sentiment amoureux muri dans la sagesse imposée par un quotidien partagé, nul doute que sa solidité réside dans la folie de sa genèse. En se méfiant de tout élan physique qu’elles qualifient de « prématuré », ces « prudentes » risquent bien plus de trouver au lendemain de leurs ébats un futur meilleur ami - de confiance cela va de soit - qu’un amoureux transit prêt à déployer ses ailes pour le meilleur et pour le pire. Elles ne pourront alors se nourrir que de leurs regrets d’avoir laissé s’envoler ces hommes au nom de leur vertu, ou de leur fierté, et devront se consoler dans les bras de leurs nouveaux meilleurs amis prudemment acquis.
Alors oui je dis m… aux femmes qui temporisent le premier soir avec l’espoir de s’offrir un cœur ardent et paient l’addition d’une équation ou l’amour ne se déclinera pas à l’infini.
Par DIMITRI
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