Je dis M... aux femmes qui sont dépassées par leur horloge biologique.
Depuis trois ans nous avons institué, Alexandra et moi, un rituel devenu immuable : le déjeuner trimestriel. C’est l’occasion pour nous de nous raconter nos actus, rire de la vie des uns et envier celle des autres. C’est ce déjeuner qu’Alexandra a choisi pour me prendre à parti, comme une cliente mécontente prenant à parti une caissière de Monoprix pour une erreur d’étiquetage dans le rayon lingerie :
« Tu comprends après trois ans de vie commune avec mon mec, j’estime qu’il est temps qu’il accepte que nous ayons un enfant, je vais avoir 36 ans merde ! Les hommes vous êtes vraiment des égoïstes ! ».
Outre le fait que pour ma part je n’ai jamais eu l’intention de faire un enfant à Alexandra et que je serais même très heureux de l’inviter pendant ce déjeuner afin de montrer toute l’étendue de ma générosité, je comprends surtout qu’elle se sent dépassée par son horloge biologique. L’implacable mécanisme de cette horloge rappelle à chaque instant aux femmes trentenaires que l’heure des dernières chances se rapproche un peu plus. Il est vrai qu’aucun homme ne pourra jamais ressentir au fond de ses entrailles cette sensation unique de porter la vie. Nous ne réalisons sans aucun doute pas à quel point avoir un enfant permet à une femme de se sentir pleinement femme. Mais en quoi les hommes sont-ils plus égoïstes que les femmes quand ils temporisent ce désir, voir le rejettent ? Sommes-nous tous des Johnny Halliday en puissance capables d'avoir 100 femmes en 1 vie et assurer notre descendance à 50-60 ans, voir au crépuscule de notre destinée ? Ne vivrions-nous pas assez l’urgence d’avoir un enfant, sur une planète dont les lendemains ne chanteront peut-être plus, et ce trop au profit d’une vie sexuelle d’adolescent et une carrière professionnelle plus que présente? Ne mesurons-nous pas nous aussi l’immense bonheur que peut apporter un enfant ?
Au nom de cette urgence féminine, dont l’égoïsme est finalement aussi condamnable, la femme est prête à mettre le plaisir sexuel au frigo. Fini les jours où le quotidien s’inventait à la sortie du lit, fini les nuits à faire l’amour passionnément pour le seul plaisir de sentir les corps s’enlacer, et se perdre l’un dans l’autre. Vivre pour vivre sans rien attendre en retour est le luxe des jeunes amants. Le plaisir cède la place au résultat, l’acte à la finalité. L’homme devient l’outil qui doit permettre à la femme de répondre à une aspiration qui devient de plus en plus urgente au fur à mesure que l’heure de la ménopause risque de sonner. La réponse masculine face à l’urgence de l’enjeu ne peut être que positive s'il ne veut pas être perçu comme un égoïste qui a peur de l’engagement. De là à l’interpréter comme un manque d’amour envers leur partenaire, il n’y a qu’un pas facile à franchir. Si, après avoir cédé, la magie a fait son œuvre, et que l’enfant désiré rythme les jours et surtout les nuits des parents, la jeune mère deviendra enfin cette femme pleinement femme….A moins qu’elle ne devienne aussi de celles qui ont le sentiment d’avoir sacrifié leur féminité sur l’autel de la maternité, et qui croient déceler dans le regard de leur mari un désir anéanti par l’amour paternel. Ce jour-là elle ira, peut-être, plonger corps et âme dans un adultère libérateur.
Alors oui je dis merde aux femmes qui se laissent dépasser par leur horloge biologique au risque d’éteindre la flamme de l’amour et du désir avec le souffle de leur désespoir…
Par DIMITRI
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