Les femmes et l'Europe

Des propositions pour avancer



Les propositions recueillies lors de la conférence internationale « Femmes, passerelles d'Europe » sont actuellement en cours de diffusion auprès des institutions, des responsables et personnalités européens et français concernés. Le colloque s'était tenu le 2 juillet à Sciences Po Paris. Voici le compte-rendu des propositions et des débats de cette journée organisée par la Fondation Robert Schuman et l'association « Femmes, Débat et Société », avec le soutien de la Commission européenne, et placée sous le haut patronage du président de la République, Nicolas Sarkozy.


Florence Richard, Présidente de l’association « Femmes, Débat et Société »


Avec cette diffusion, l'association « Femmes, Débat et Société » entame une étape majeure de la mission de pilotage du projet de communication qu'elle mène depuis un an avec la Fondation Robert Schuman, en collaboration avec la Commission européenne, pour sensibiliser les femmes à l'Europe et les décideurs européens à leurs attentes. Reste à voir quelles en seront les retombées.


« Femmes, passerelles d'Europe » : compte-rendu et propositions




Richard Descoings, Directeur de Sciences Po, a souligné l'importance de refonder le lien entre le peuple et les élites, processus dans lequel l'enseignement supérieur joue un rôle de formation essentiel. « On avait tout essayé pour réussir l'Europe sauf les femmes »a-t'il conclu.



Jean-Dominique Giuliani, Président de la Fondation Robert Schuman a rappelé le débat sur l'égalité entre les hommes et les femmes, sujet primordial dans les valeurs de la construction européenne, ainsi que dans les droits de l'Homme : « le premier des droits de l'homme, ce sont les droits de la femme ».

La Présidente de l'association « Femmes, Débat et Société », Florence Richard, a présenté la dynamique européenne de l'association, ses objectifs de sensibilisation des femmes à l'Europe, ses actions. Pour elle l'Europe et les femmes sont des forces motrices réciproques.



Nicolas Sarkozy, président de la République française, et José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, ont adressé adressé un message de félicitations pour la tenue de cette conférence, exprimant leur engagement dans la lutte pour la parité et contre les discriminations. Ils sont prêts à prendre en considération les conclusions et propositions issues du débat.



Devant un auditoire de plus de 250 personnes, des Européennes de premier plan : députées européennes, chefs d'entreprise, universitaires, fonctionnaires, représentantes de la société civile ont proposé des actions afin de rapprocher les femmes de l'Europe. Et ceci dans des domaines variés comme l'éducation, l'emploi, la recherche ou la politique de développement.



Cinq personnalités politiques françaises et européennes sont intervenues au cours des débats : Vaira Vike-Freiberga, ancienne présidente de Lettonie et vice-présidente du groupe de réflexion sur l'avenir de l'Union européenne, Jean-Pierre Jouyet, Secrétaire d'État chargé des Affaires européennes, Michel Barnier, Ministre de l'Agriculture et de la Pêche, Nathalie Kosciusko- Morizet, Secrétaire d'Etat chargée de l'Ecologie et Meglena Kuneva, Commissaire européenne en charge de la protection des consommateurs.







« Femmes d'Europe : quelles valeurs partageons-nous ? »

Le sondage CSA, réalisé en début d'année 2008 pour la préparation des travaux de la conférence, montre que les femmes sont plus réticentes que les hommes vis-à-vis de la construction européenne, 66% d'entre elles sont favorables à l'Europe contre 71% des hommes. Quelles sont les raisons qui expliquent la plus grande défiance des femmes vis-à-vis du projet européen ?

'Ce que les femmes attendent de l'Europe n'est pas une compétence européenne »

Pascale Joannin, directeur général de la Fondation Robert Schuman et spécialiste des questions européennes, considère que les femmes ne sont pas eurosceptiques mais dans l'attente d'actions concrètes de l'Europe dans des domaines qui ne sont pas de la compétence de l'Union européenne, mais des États, par exemple, en matière d'emploi, d'éducation ou de santé. « Les femmes veulent faire l'Europe un peu différemment de ce qu'elle est. Et on voit bien aujourd'hui (...) qu'il y a une dichotomie entre l'attente des citoyennes et la réalité. Tout simplement parce que l'attente des femmes en matière d'Europe est très particulière. Et cette attente ne peut qu'être déçue car ce qu'elles attendent de l'Europe n'est pas une compétence européenne ».



Une deuxième explication à la réticence féminine en matière européenne est, selon Véronique Paulus de Châtelet, Gouverneur de Bruxelles, « l'échec en matière de communication ». En effet, les institutions européennes communiquent mal , les États membres prennent Bruxelles pour leur bouc émissaire et les citoyens européens n'ont pas la possibilité de s'exprimer.

Propositions



- Cesser la communication « top down » (du haut vers le bas) et promouvoir la communication « bottom up » (du bas vers le haut) , en d'autres mots donner davantage la parole aux femmes
- Donner plus de pouvoir aux femmes (« empowerment ») ou, selon Vaira Vike-Freiberga, « il faut refuser que certaines valeurs soient uniquement masculines, comme le droit au pouvoir »
- Résoudre les nouveaux défis du début de XXIème siècle : la paupérisation des familles monoparentales majoritairement féminines et la situation des femmes immigrées
- Réaliser une harmonisation vers le haut des droits accordés aux femmes dans les 27 États membres de l'Union européenne
- Assurer la vraie parité au Parlement européen et la parité homme/femme dans le choix des têtes de liste pour les prochaines élections européennes (en France par exemple au moins 4 femmes têtes de liste dans les 8 circonscriptions électorales)







« L'Europe, un moteur pour les filles et les femmes »
(Éducation, enseignement supérieur, recherche, travail)

« L'Europe est une chance pour les femmes ». Si l'égalité homme/femme, y compris l'égalité salariale est inscrite dans les textes fondateurs de l'Union européenne, les sondages et les enquêtes de terrain certifient l'inégalité entre les sexes dans le domaine professionnel. Les femmes sont victimes de nombreuses discriminations : inégalité salariale, difficulté de la promotion (le « plafond de verre »), sous représentation des femmes dans les sciences, sous représentation des femmes en politique et dans les conseils d'Administration des entreprises.



Propositions


- Améliorer le dialogue entre les entreprises et les lieux de formation (écoles ou universités), ce qui passe notamment par une amélioration de la formation continue et des mesures d'accompagnement des carrières des femmes
- Valoriser les modèles féminins auxquels les femmes peuvent s'identifier pour s'engager dans des carrières dites « masculines » : Marie Curie est la seule femme scientifique à être identifiée dans le monde entier
- Créer des « bourses des meilleures pratiques » (« benchmarking ») et augmenter leur visibilité lorsqu'elles existent déjà , à titre d'exemple, aux Pays-Bas 50% des grandes entreprises ont signé une Charte des bonnes pratiques en faveur des femmes
- Développer la pratique du « Naming and Shaming », soit le fait de pointer du doigt un mauvais fonctionnement dans une entreprise ou une administration, ce qui permet souvent une autocorrection rapide
- « Vendre les carrières scientifiques » aux femmes en leur montrant comment elles peuvent contribuer aux résultats car c'est par leur action que les femmes sont prêtes à s'investir
- Adopter une politique de recrutement équilibrée entre les deux sexes afin de préserver la diversité, considérée comme une richesse et un gage de qualité des entreprises


« Les Européennes pour une vision humaniste de la mondialisation »

Même s'il est difficile de parler d'un modèle social européen, il est nécessaire de songer aux valeurs que l'Europe doit porter dans un monde où les pays émergents s'affirment de plus en plus. Les femmes sont attachées à la vision économique et sociale européenne qu'elles souhaitent apporter. Quelles sont les valeurs que les Européennes peuvent apporter dans la mondialisation ?


Propositions



- Promouvoir non seulement les valeurs sociales ou le droit du travail, mais aussi les droits de l'Homme, la démocratie et l'État de droit
- Développer une vision sociale de la mondialisation : « la mondialisation ne peut pas être réduite à l'économie ». Parmi les valeurs les mieux portées par les femmes, la justice constitue une valeur européenne qui évoque non seulement l'égalité mais aussi la différence.
- Garantir une certaine justice sociale dans le processus de mondialisation.
- « Faire fleurir les compétences locales » et donc promouvoir le développement durable.
- Affirmer les richesses des territoires
- Développer le microcrédit pour mieux lutter contre la pauvreté au sein de l'Union européenne et dans les pays en voie de développement
- Valoriser le rôle des femmes en tant que passerelles entre générations et facilitatrices d'interactions bénéficiant à tous


Conclusion



Les intervenantes et les participantes ont adressé un message important aux responsables politiques français et européens. Même si en Europe, l'égalité hommes/femmes est reconnue comme principe fondateur beaucoup reste à faire afin d'atteindre la parité. Dans l'immédiat trois mesures sont proposées :

- Assurer la parité au niveau des têtes de liste en France pour les prochaines élections européennes de juin 2009

- Promouvoir les carrières scientifiques auprès des femmes

- Développer et promouvoir une vision sociale de la mondialisation s'inscrivant dans le cadre du développement durable

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Lire aussi :
- L'Europe dans votre vie quotidienne
- Les institutions européennes et vos droits
- Les politiques au coeur de l'Europe
- L'Europe dans le monde
- « Tout ce que vous devez savoir sur l'Europe...»




Par Nicole Salez

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