« Il est inutile de forcer les rythmes de notre existence. L'art de vivre consiste à apprendre comment dédier du temps à chaque chose. » Carlo Petrini, fondateur de Slow Food.
Le Slow Food ou la gastronomie à l'heure de l'écologie
Renouer avec les traditions, explorer de nouvelles cultures culinaires, mettre la main à la pâte, conserver une exigence environnementale, sont les maîtres mots du Slow food. Né en Italie à la fin des années 80 en réaction au fast food, (vous l'aviez deviné), le Slow Food nous encourage à nous réapproprier les plaisirs de la table. Manger doit redevenir un moment de partage et de découvertes.
Slow Food ou gastronomie écologique - Toutpourlesfemmes
Du pied de nez au manifeste Slow food
C'est en réaction à l'implantation d'un Mc Donald's sur la Piazza di Spagna à Rome que le chroniqueur gastronomique Carlo Petrini et ses collègues de la société gastronomique italienne Arcigola, bientôt rejoints par des artistes et des intellectuels italiens, jettent les bases du mouvement Slow Food. Le pied de nez initial fait si bien son chemin qu'en 1989, Slow Food devient une organisation internationale à but non lucratif. Son le lancement a lieu à l'Opéra comique de Paris, avec l'adoption du « Manifeste Slow Food pour le goût et la biodiversité » présenté par Carlo Petrini.
Un mouvement planétaire
Aujourd'hui, le mouvement compte plus de 80 000 membres répartis dans une cinquantaine de pays. L'Italie, avec ses 35 000 membres, reste l'épicentre du phénomène. Le siège social de Slow Food international se trouve au coeur du Piémont italien, dans la ville de Bra. Les membres sont répartis en unités locales qui organisent des activités et des manifestations : repas, dégustations, visites de fermes ou d'artisans de l'alimentation, conférences, ateliers de formation du goût...
Des bienfaits de la lenteur...
Slow Food ou gastronomie écologique - Toutpourlesfemmes
Le Slow Food se pose en dissident. Face aux valeurs véhiculées par la société post industrielle, il a pour postulat de base : notre patrimoine alimentaire et l'environnement sont mis en péril par l'industrie agro-alimentaire et la mondialisation. Pour ce mouvement, la solution aux problèmes de sous-alimentation au sud et de malnutrition au nord passe par une meilleure connaissance de la diversité des cultures alimentaires et par la réappropriation du sens du partage.
Éveiller le goût d'une nourriture de qualité, expliquer l'origine des aliments et les conditions socio-historiques de leur production, faire découvrir les producteurs d'ici et d'ailleurs, garder une place pour les aliments de nature artisanale...sont autant d'objectifs du mouvement. Pour les atteindre, il faut ralentir la cadence, soulignent ses promoteurs : prendre le temps de bien choisir ses aliments, de les connaître, de les cuisiner et de les savourer en bonne compagnie de préférence ! D'où le choix de l'escargot pour logo, symbole de la lenteur qui évoque aussi la prudence, la solennité et la modération ...
Le mouvement Slow food va de l'avant
La création de l'Université des Sciences de la Gastronomie marque une étape charnière du développement du mouvement puisque cette institution d'enseignement supérieur est désormais reconnue par le ministère de l'Éducation italien et par l'Union européenne. Ce centre de formation et de recherche a pour but de renouveler les méthodes d'agriculture, protéger la biodiversité et maintenir un lien entre gastronomie et sciences de l'agriculture. On n'y enseigne pas la cuisine, mais les aspects théoriques et pratiques de la gastronomie à travers les sciences humaines, l'économie, l'écologie, l'éco-agronomie, la politique...
De son côté, la Fondation Slow Food pour la Biodiversité organise et finance des activités qui assurent la sauvegarde de la diversité du patrimoine agro-alimentaire et des traditions culinaires du monde.
L'Arche de Noé des variétés
En Europe, depuis 1900, 75 % de la diversité des produits alimentaires a disparu. Score pire en Amérique où ces pertes s'élèvent à 93 % pour la même période. L' « Arche du goût » est une initiative du mouvement Slow food qui répertorie et protége des variétés de plantes alimentaires ou d'animaux d'élevage menacés de disparition par l'uniformisation de la production agricole industrielle. Slow Food Québec a ainsi fait inscrire à l' « Arche du goût » le melon de Montréal et la vache canadienne, tous deux menacés. Les agriculteurs et artisans qui produisent des aliments inscrits à l'Arche sont soutenus financièrement et les produits sont promus auprès des chefs et du grand public et soutenus commercialement.
Slow Food s'engage également dans des actions de solidarité en soutenant financièrement des projets tels le recouvrement de terres agricoles et l'amélioration des moyens de production dans une communauté rurale du Nicaragua, la prise en charge de la cuisine d'un hôpital amérindien au Brésil, ou encore la reconstruction d'une petite fromagerie détruite par un tremblement de terre en Italie...
La philosophie Slow Food fait des petits !
Slow Food ou gastronomie écologique - Toutpourlesfemmes
On met aussi la pédale douce hors du domaine de l'alimentation, dans l'urbanisme par exemple. Des municipalités se sont regroupées sous la bannière « Citta Slow » en Italie, et « Slow Cities » ailleurs dans le monde. Pour obtenir cette appellation, une ville doit avoir moins de 50 000 habitants et adopter des mesures qui vont dans le sens d'un urbanisme à visage humain : multiplication des zones réservées aux piétons, renforcement de la courtoisie des automobilistes envers les piétons, création de places publiques conviviales, développement de l'hospitalité des commerçants et des restaurateurs, règlements visant à limiter le bruit...
En savoir plus
Le magazine Slow, est publié quatre fois l'an en italien, en anglais, en allemand, en français, en espagnol et en japonais. Il traite de l'anthropologie et de la géographie de la nourriture.
-site: eatalytorino.it.
-Ouvert tous les jours de 10h à 22h30.
Par
Ajouter un commentaire