La Biennale de Lyon # 16 Manifesto of Fragility & Giuseppe Penone exposé au Couvent de la Tourette
Affiche Biennale de Lyon #16 © Studio Safar
Comment aborder la biennale d’art contemporain #16 de Lyon ?
S’attacher au thème en premier lieu choisit cette année 2022 : la fragilité.
DEFINITION : Fragile (latin fragilitas, -atis) se qui se casse, se brise, s’effondre… facilement.
Sam Bardaouil et Thill Fellrath, directeurs de la Hamburg Bahnhof - Galerie nationale d’art contemporain de Berlin et commissaires français à la Biennale de Venise 2022, sous la houlette d’Isabelle Bertolotti, la directrice artistique, interrogent le concept de fragilité en demandant à des artistes de refléter dans leurs œuvres cette notion en investissant la ville de Lyon et sa région jusqu’à Genève.
Elle mène un combat activiste armé de 202 artistes de plus de 40 pays invités, émergeant et confirmés, exprimant que face à la fragilité, une des réponses peut-être celle de résister.
Les lieux : Lyon et la région jusqu’à Genève
Simplement sur la ville de Lyon 12 lieux spectaculaires dont certains vides « abandonnés » comme les Usines Fagor (29 000 m2) ou l’ancien Musée Guimet toujours à la recherche de sa future vie sont investis, en marges des musées classiques.
Vous découvrez beaucoup d’installations immersives et de vidéos cette année qui dialoguent entre fiction et réalité cherchant à construire un monde nouveau en lutte contre divers types de ségrégation.
Au MAC Lyon direction « Beyrouth et les Golden Sixties » :
Le Liban un pays qui actuellement mène son combat est à l’honneur grâce à la découverte fortuite de liens l’unissant à la ville de Lyon. A travers le destin d’une femme Louise Brunet fileuse de soie de la Drôme qui après avoir rejoint la révolution des « Canuts » (tisseurs de soie) en 1834 ayant des ennuis avec la justice s’enfuit au Liban où elle retrouve d’autres difficultés puis disparait des radars. Cette femme a donc eu différentes vies ainsi que des passages difficiles. Son destin se perd dans l’anonymat car on sait trop peu de choses sur elle, en définitive. S’appuyant sur cette biographie, les commissaires font le pari que chacun de nous peut devenir Louise Brunet, s’identifier à elle et que le combat de sa vie peut être associé à celui de victimes de la ségrégation raciale, économique sociale, sexuelle…où qui seraient nés du mauvais côté de la planète.
Ce nouveau format d’exposition s’appuie sur un « storytelling » ou périodes de temps, cultures, de techniques et styles sont conviés sur le mode discontinu du « carambolage ».
All art has been contemporary
Des artistes à découvrir !
Majoritairement des installations, vidéos, sculptures, peintures serties dans des espaces et architectures chargés d’histoire, crées justement pour cette manifestation et en résonnance avec les lieux.
VIDEO
Une vidéo de Nadine Labaki & Khaled Mouzanar (compositeur) Le Monde va à la guerre et moi, j’en reviens, 2022 retient l’attention. Nadine Labaki est née à Beyrouth en 1974. Elle vit et travaille au Liban.
EXTRAIT. vidéo de Nadine Labaki & Khaled Mouzanar Le Monde va à la guerre et moi, j’en reviens, 2022
Photo CB.
Une vidéo installation entre frites géantes et écran de Puck Verkade née à La Haye en 1987. Elle vit et travaille à Berlin. L’imaginaire pétrie par les films d’animation, pleine d’humour et de vitalité, elle joue avec l’absurdité.
Puck Verkade, Plague, 2019 © courtesy de l’artiste et de la galerie Durst Britt & Mayhew
TAPISSERIE
La tapisserie illustrant le corps féminin et l’intime avec Erin M. Riley Crimson Landslide, 2018 rappelle l’antique lien des femmes à l’univers du textile.
Erin M. RILEY Crimson Landslide, 2018 ©Erin M. Riley
PEINTURE
Giulia Andreani née en 1985 à Venise, vit et travaille à Paris.
Elle peint à l’aquarelle et à l’acrylique et prend comme sujet la mémoire et des histoires oubliées.
Giulia Andreani, La promessa sposa, 2021
Courtesy Galerie Max Hetzler Berlin, Paris, Londres © Charles Duprat
SCULPTURE
Kim Simonsson né en 1974 à Helsinki vit et travaille à Fiskars en Finlande. Wandering Mossgirl 2022 est ce petit personnage vert issu des contes de fées scandinaves, de la culture du manga et des jeux vidéo qui chemine. Il est comme un être enfantin mis à l’épreuve au cœur de l’environnement. Véritable fil rouge ira-t-il encore plus loin ? D’où vient-il ?
Kim Simonsson, Skiing Mossgirl, 2021 © Jefunne Gimpel
INSTALLATION
Hans Op de Beeck né en 1969 à Turnhout en Belgique vit et travaille à Bruxelles. Inspiré par le peintre Vermeer et David Lynch le cinéaste, il compose des chorégraphies oniriques qui se déroulent dans le temps son sujet, temps de la danse, de la vidéo où celui qui tourne avec le carrousel.
Hans Op de Beeck, Danse Macabre, 2021 © Studio Hans Op de Beeck
Dana Awartani née en 1987 à Djeddah en Arabie Saoudite y vit et travaille. Elle s’inspire de la culture arabe traditionnelle et reformule une réplique de la Grande Mosquée d’Alep qui a subi de graves dommages causés par les conflits au Moyen-Orient.
Dana Awartani Standing by the Ruins of Aleppo 2021 Courtesy of Canvas and Diriyah Biennale Foundation
Conjointement, pourquoi pas ne pas faire un pas de côté pour se rendre en dehors de Lyon dans la campagne environnante pour aller visiter le Couvent de la Tourette ?
Giuseppe Penone exposé au Couvent de la Tourette
Le bâtiment a été construit dans les années 50 par l’architecte le Corbusier.
Les frères dominicains y accueillent une nouvelle exposition d’œuvres inspirées par le lieu. Marc Chauveau en est le commissaire. Au cœur de cette construction moderniste en béton et aux murs de verre conçus par Xenakis la distance entre le dedans et la campagne s’annule pour engouffrer la lumière comme la nuit. François Morellet en 2009 a inauguré ce dialogue entre art contemporain et spiritualité, d’autres artistes dont Anish Kapoor en 2015 où Lee Ufan 2017 feront vivre successivement ce couvent.
Giuseppe Penone y séjourne en 2012 puis revient en 2022 pour y déposer le fruit de la méditation que l’endroit lui inspire.
Le Bois sacré du couvent de La Tourette – Lumières / Fenêtres, 2022
Toile préparée, pastel à l’huile et à la cire. Photo. Jonathan Letoublon. © Giuseppe Penone
Il s’imprègne du lieu et en garde littéralement la trace en réalisant Le Bois Sacré - Les frottages, 2022 soit des empreintes qu’il a réalisées à même les colonnes de béton brutes de décoffrage de le Corbusier et reprenant les nuanciers de l’architecte pour les transférer en couleur sur des toiles.
Pour Penone le couvent est comme un grand arbre. Il sauve une planche à partir d’un arbre coupé non loin, pour allusivement introduire dans le réfectoire l’ordre spirituel issu du rituel chrétien de la Sainte-Cène A Occhi chiusi, 2010.
Au mur : A occhi chiusi [Les yeux fermés], 2010
Marbre blanc de Carrare, acrylique, microspores de verre, épines d’acacia sur toile
Sur les tables : Avvolgere la terra [Envelopper la terre], 2014
Aluminium, plâtre, terre cuite.
Photo: Jonathan Letoublon © Giuseppe Penone
Il dépose dans l’église, une poutre en bois Alberi in torsione sinistra, 1998, qui renforce l’élan de la base au sommet.
Une installation éphémère intégrée dans ce microcosme fondé sur le « modulor » = « module » + « nombre d’or ».
Albero in torsione sinistra [Arbre en torsion a gauche], 1988
Bois de mélèze. Photo : Jonathan Letoublon © Giuseppe Penone
Entre grand spectacle résistance, réflexion et recueillement Lyon, sa région et de nombreux artistes à découvrir n’attendent plus que vous muni d’un bon plan.
Angel Toutpourlesfemmes