Chez Perrotin premier solo show à Paris dans le Marais après New-York de Mathilde Denize : NEVER ENDING STORY. Née en 1986 à Sarcelles, Mathilde Denize sort diplômée des Beaux-Arts de Paris en 2013.
A Alfortville, peut être certains d’entre vous l’ont vu, elle exposait l’année dernière des « costumes de peinture » qui furent spécialement mis en scène dans le film « Tell me if it’s not new » réalisé à l’issue de sa résidence d’un an à la Villa Médicis à Rome.
Vue de l'exposition de Mathilde Denize Never Ending Story à la galerie Perrotin, 2023.
©DENIZE/ADAGP, Paris, 2023. Photo : Claire Dorn. Courtesy of the artist and Perrotin
Bonjour Mathilde Denize, pourriez-vous nous présenter votre exposition chez Emmanuel Perrotin à Paris dans le Marais, s’il vous plaît ?
Vue de l'exposition de Mathilde Denize Never Ending Story à la galerie Perrotin, 2023.
©DENIZE/ADAGP, Paris, 2023. PHOTO : Claire Dorn. Courtesy of the artist and Perrotin
Sa silhouette entre dans notre champ de vision et vient se placer au centre de la salle d’exposition près d’une installation avec des formes et objets assemblés inertes.
Mathide Denize : Je vais vous faire un résumé du travail, commence-t-elle par dire. Comment tout cela arrive ?
Vue de l'exposition de Mathilde Denize Never Ending Story à la galerie Perrotin, 2023. Photo : CB
Mathide Denize : C’est assez ardu de vouloir faire une peinture figurative classique sur châssis, pour moi. Au fur et à mesure que le temps a passé, je me suis rendue compte que ça ne fonctionnait pas. J’ai décroché ces toiles de leurs cadres. Et, elles sont devenues une matière première à découper avec lesquels j’ai créé ces nouvelles figures et costumes mais qui correspondent à des formes d’échecs et de repentirs.
Angel : C’est devenu finalement ces nouveaux imaginaires que vous voyez, des figures étranges entre le costume, le grotesque, l’incarné…
Un va et vient entre les toiles accrochées au mur et costumes commence à s’établir pour le spectateur. Elle reprend la parole.
Vue de l'exposition de Mathilde Denize Never Ending Story à la galerie Perrotin, 2023. Photo : CB
Mathide Denize : « Never Ending Story », le titre de l’exposition dit que le travail peut être sans cesse renouvelé, affirme-t-elle.
Si ces pièces reviennent à l’atelier, je peux être tentée de les redécouper et refaire un travail à partir de cela.
Angel : S’approcher du costume, le voir de plus près pour observer son savoir-faire et sa façon. Plonger ses yeux dans sa doublure dorée. Suivre du regard la chaine qui le suspend au plafond
Détail. Vue de l'exposition de Mathilde Denize Never Ending Story à la galerie Perrotin, 2023.
Photo : CB
Mathide Denize : J’aime cette idée, poursuit-elle, qu’à un moment donné, l’œuvre ou en tout cas la pièce proposée ne puisse pas être définitive et qu’elle ne soit pas sacrée.
J’aime cette idée que l’on puisse perpétuellement jouer avec la peinture qu’au début j’avais mise sur un piédestal, notamment la peinture figurative.
J’ai trouvé mon dialogue et mon jeu avec cette idée de perpétuel recommencement.
J’ai aussi un autre jeu avec l’objet, celui de la récupération, de l’assemblage poétique.
Détail. Vue de l'exposition de Mathilde Denize Never Ending Story à la galerie Perrotin, 2023.
Photo : CB
Mathide Denize : J’ai d’abord fait des costumes en peinture que des gens portaient pendant qu’ils faisaient des performances. Et puis avec cette exposition, je me suis dit que ce serait bien d’occuper l’espace de la galerie et de créer des sortes de personnages un peu tristes, un peu Felliniens sur les bords, comme-ci la fête était finie …
Angel : Il faut mentionner que Mathilde Denize fut un temps peintre de décors, en particulier pour le cinéma mais revenons toutefois au rapport personnel qu’elle instaure avec ses costumes-personnages.
Détail. Vue de l'exposition de Mathilde Denize Never Ending Story à la galerie Perrotin, 2023. Photo : CB
Dans l’espace de la galerie Mathilde Denize crée un microsome, où ces costumes tel des présences et ses toiles accrochées aux murs forment une harmonique aux tons pastel, des plus étranges : Surréaliste et Pop à la fois.
Les personnages (les costumes) ont un côté un peu grotesque et pour moi charmant et me donnent envie d’avoir une certaine empathie pour eux.
Mathide Denize
Vue de l'exposition de Mathilde Denize Never Ending Story à la galerie Perrotin, 2023. Photo : CB
Puis elle se tourne vers ses tableaux accrochés aux murs.
Mathide Denize : Les toiles s’appellent « Figures » précise-t-elle. C’est très anamorphique, donc on y voit beaucoup de choses en tout cas les gens y voient beaucoup de choses.
Moi je travaille sans déterminer ce que je vais faire à l’avance.
J’ai un langage couleurs. J’ai un langage de formes. J’ai une habitude qui vient quand on travaille tous les jours à l’atelier. Mais je ne sais jamais vraiment ce que je vais faire.
Et, les toiles et les « Figures » prennent vie et arrivent.
Finalement quand je les vois dans cet espace avec les découpages et la peinture et avec ces personnages sur la toile, je me dis qu’ils ne demandent qu’à sortir et sont bons pour être découpés.
En gros, c’est un peu mon langage avec la peinture et la présence.
Voilà, si ça vous va et que c’est clair, conclue avec un sourire Mathilde Denize.
Vue de l'exposition de Mathilde Denize Never Ending Story à la galerie Perrotin, 2023.
©DENIZE/ADAGP, Paris, 2023. PHOTO : Claire Dorn. Courtesy of the artist and Perrotin
Angel : Des personnages et des silhouettes aux traits fantasmagoriques.
Des silhouettes aux traits distinctifs affublées d’un pantalon bouffant, d’un haut aux manches à la mode Renaissance, une mode passée et puis revenue.
Des silhouettes faites de pièces assemblées pourtant qui n’habillent personne. La chaire est absente.
Il nous reste comme au cinéma une vision dramatique.
Il nous reste une théâtralisation des attitudes, des êtres fardés.
Nous revient en mémoire, la veste de scène d’Elvis Presley : The king ou encore la Robe de chambre du Balzac trempée dans le plâtre de Rodin.
Ces accoutrements revisités sur le mode des grotesques, de la caricature, du ridicule et du difforme toutefois demeurent élégants.
Ces armures de camouflages aux teintes pastels peintes couleurs chaires dans les tableaux et des tableaux en pièces assemblées comme ses présences en 3D de nature cubisto-décoratives nous situent dans le monde de la fiction et la culture du film d’animation qui nous renvoie aussi à la grande tradition du livre illustré.
Alors continuez de peindre et dépeindre et qu’advienne…ce que pourra Mathilde Denize !
Angel Toutpourlesfemmes