Tout Pour Les Femmes a visité l'exposition d'Anselm Kiefer au Centre Pompidou à Paris. Vous pouvez découvrir cette exposition hors du commun jusqu'au 16 avril 2016.
Anselm Kiefer au Centre Pompidou à Paris
Actuellement dans le grand hall d’accueil du Centre Pompidou une installation monumentale d’Anselm Kiefer en forme de « maison tour » matérialise un univers fait de plomb, d’eau et de milliers de photographies biographiques prises par lui. La rétrospective de cet artiste né en mars 1945 dans une Allemagne détruite, présente une œuvre sans équivalent qui interroge le passé, l’Histoire de la Seconde Guerre mondiale et la mémoire.
Portrait 3 Anselm Kiefer © Anselm Kiefer / Photo : Renate Graf - Exposition Anselm Kiefer au Centre Pompidou à Paris
Réthorique de la guerre : Endosser le passé pour comprendre la folie
Heroisches Sinnbild I [Symbole héroïque I], 1969-1970 Huile et fusain sur toile 260,5 x 150 cm Collection Würth, Künzelsau Photo: © Jörg von Bruchhausen, Berlin - Exposition Anselm Kiefer au Centre Pompidou à Paris
Les origines de cette image nous ramènent au temps où étudiant à la Staatliche Akademie der bildenden Künste de Karlsruhe, Anselm Kiefer se rend en Italie, en Suisse et en France, l’année 1969. Il se photographie, habillé d’un pantalon bouffant et de bottes militaires serrées aux mollets, faisant de la main droite le salut hitlérien alors qu’en Allemagne, le geste est illégal. Dans ce tableau, Kiefer effectue le salut nazi. Dans le panneau du haut, il se représente travesti avec une chemise de nuit de femme.
Endosser le passé pour comprendre la folie.
Affirmer la nécessité de se confronter au passé pour trouver le chemin de la sagesse
En 1980, Anselm Kiefer et Georg Baselitz représentent l’Allemagne à la Biennale de Venise: ils abordent le sujet de leur histoire nationale. Kiefer peint sur un paysage de forêt les portraits d’intellectuels de son pays aux côtés de « héros » du nazisme, figurant les liens culturels complexes d’une nation.
L'assemblage: « Une accumulation de possibles »
Ouroboros, (détail) , 2014 Verre, métal, plomb, feuilles séchées et plastique 132 x 90 x 60 cm Collection particulière Photo : © Georges Poncet - Exposition Anselm Kiefer au Centre Pompidou à Paris
Heinrich Heine: « Là où l’on brûle des livres, on finira par brûler des hommes.»
Für Paul Celan : Aschenblume [Pour Paul Celan : Fleur de cendre] 2006 Huile, émulsion acrylique, shellac et livres brûlés sur toile 330 x 760 x 40 cm Collection particulière Photo : © Charles Duprat - Exposition Anselm Kiefer au Centre Pompidou à Paris
Paul Celan , au lendemain de la guerre, se livre à une réinvention de la langue allemande ; en désaccord avec l’interdit d’Adorno –« Écrire un poème après Auschwitz est barbare, car toute culture consécutive à Auschwitz n’est qu’un tas d’ordures »
Osiris et Lilith pour parler de l’histoire contemporaine
Osiris und Isis [Osiris et Isis],1985-1987 Huile, acrylique, émulsion, argile, porcelaine, plomb, fil de cuivre et circuit imprimé sur toile 379,7 x 561,3 x 24,1 cm San Francisco Museum of Modern Art, purchase through a gift of Jean Stein by exchange, the Mrs. Paul L. Wattis Fund, and the Doris and Donald Fisher Fund © Anselm Kiefer / Photo : Ben Blackwell - Exposition Anselm Kiefer au Centre Pompidou à Paris
Le corps d’Osiris, un mythe issu de la première civilisation égyptienne, est en fragments avec Kiefer. Représenté avec des morceaux de lavabos blancs, dont quatorze, numérotés qui correspondent aux nombres de la légende. Ils sont fixés au bout de longs fils ou tresses de cuivres. Ces fils convergent vers un rectangle juché au sommet de cette construction pyramidale, matérialisé par un circuit imprimé électronique.
La nécessité d'un lent décryptage s'impose.
Le guide-artiste qui tente de dénouer des fils de l'histoire invite le spectateur à faire un voyage intellectuel dans une mémoire collective.
Lilith, 1987-1990 Huile, émulsion, shellac, fusain cendres sur toile, argile, cheveux, bandes de plomb et pavot sur toile 380 x 560 cm Collection particulière, famille Grothe Photo : © Atelier Anselm Kiefer - Exposition Anselm Kiefer au Centre Pompidou à Paris
« Une mèche de cheveux noirs. Symbole de l’action démoniaque de Lilith, première compagne d’Adam dans la mythologie juive. Après s’être libérée de ce dernier, elle devient une femme puissante et dominatrice qui, dans sa volonté de vengeance, habitée par la jalousie, dévore même les nouveau-nés. Femme démoniaque agissant la nuit, elle est surnommée en astrologie la « Lune noire » et est rattachée à la planète Saturne. »
En 1992, Kiefer quitte l’Allemagne pour s’installer dans le sud de la France à Barjac, dans le Gard.
Die Orden der Nacht [Les Ordres de la nuit], 1996 Acrylique, émulsion et shellac sur toile 356 x 463 cm Seattle Art Museum Photo : © Atelier Anselm Kiefer - Exposition Anselm Kiefer au Centre Pompidou à Paris
Après 1995, l’autoportrait réapparaît dans son œuvre. Il se dépeint, allongé dans la posture du mort dite shavasana dans le Hatha Yoga.
Ses travaux récents achèvent le parcours de l’exposition et évoquent Madame de Staël qui publiait un ouvrage De l’Allemagne, en 1813...
L’œuvre d’Anselm Kiefer est une herméneutique. Servante de l’histoire, elle est marquée sur le plan formel par la puissance de sa matérialité et un sens de la monumentalité inégalé qui force le regard et questionne.
A SAVOIR:
Une rétrospective complémentaire consacrée aux livres d’Anselm Kiefer se tient à la BnF/galerie 2. Du 20 octobre 2015-7 février 2016
Anselm Kiefer a conçu en 2007, 50 ans après G. Braque, « traversée des frontières », un décor contemporain, au Musée du Louvre.
Informations pratiques « Anselm Kiefer » au Centre Pompidou du 16 décembre 2015 au 18 avril 2016. www.centrepompidou.fr 01 44 78 12 33
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