Découvrez l'exposition "Qui a peur des femmes photographes" au Musée de l’Orangerie (1839-1919) et au Musée d’Orsay (1918-1945) jusqu'au 24 janvier 2016. Attention, les femmes prennent le contrôle de l'objectif !
75 femmes photographes connues et inconnues vous montrent comment la photographie est devenue une voie d’émancipation et de subversion. A la croisée des arts et de l’industrie, cette technique s’inscrivant en marge des correspondances et des journaux intimes, fut le dernier avatar des « ouvrages de dame » après la peinture, la musique, la couture. La commercialisation d’appareils photographiques de petit format fleurit et certaines iront avec lui, jusqu’au front.
Née en 1839, la technique de la photographie en Europe et aux Etats Unis à partir de 1840 donne naissance à des réseaux de photographes professionnels et amateurs, des Sociétés, Clubs et Cercles de Photographie dont les femmes font partie. Ulrich Pohlmann, conservateur en chef de la collection de photographies du Stadtmuseum, Munich, Thomas Galifot, conservateur au musée d’Orsay et Marie Robert, conservatrice au musée d’Orsay nous racontent une partie de l'histoire.
Gardiennes de la mémoire familiale
Lady Frances Jocelyn (1820‐1880) Intérieur, 1865 Epreuve sur papier albuminé, 13,02 x 17,3 cm Washington National Gallery of Art, R.K. Mellon Family Foundation
© Courtesy of Washington National Gallery of Art
Julia Margaret Cameron puis Gertrude Käsebier fixent à travers des mises en scènes théâtrales ou bien sur le vif, la vie de famille et créent des portraits iconiques .
Julia Margaret Cameron (1815‐1879) Mrs Herbert Duckworth, 12 avril 1867 Epreuve sur papier albuminé à partir d’un négatif sur verre au collodion Paris, BnF, Estampes et photographies
© Paris, Bibliothèque nationale de France
Elfriede Stegemeyer (1908-1988) Self Portrait, 1933 Tirage argentique Los Angeles County Museum of Art (LACMA), Los Angeles
© Digital Image Museum Associates/LACMA/Art Resource NY/Scala, Florence
Professionnelles, artistes…
Margaret Bourke-White (1904-1971) Self-portrait with camera, (Autoportrait à la camera) Tirage argentique, 34.9 x 22.7 cm Los Angeles County Museum of Art (LACMA), Los Angeles
© Digital Image Museum Associates/LACMA/Art Resource NY/Scala, Florence
L’éventail des sujets qu’elles traitent augmentera, à commencer par celui du nu, réservé aux hommes.
Ruth Bernhard (1905-2006) Embryo, 1934, tirage 1955-1960 Tirage argentique, 19,05 x 16,51 cm sans cadre Keith de Lellis Gallery, New York Reproduced with permission of the Ruth Bernhard Archive, Princeton University Art Museum. © Trustees Princeton University © Photo courtesy of the Keith de Lellis Gallery, New York
Le XIXème siècle interdit aux femmes de faire du nu photographique. Le corps féminin imberbe, immobile, est seul autorisé, par la bienséance… Il doit être classique. Ce bastion de la beauté, elles vont l’adopter et le faire leur. Quand au nu masculin, sans alibi sportif, alors entièrement tabou, elles vont s’y attaquer et le marquer du sceau de leurs regards croisés.
Elles font évoluer leur technique pour arriver au plus près de ce qu’elles veulent montrer.
Laure Albin Guillot, Florence Henri, Germaine Krull, Ergy Landau ou Dora Maar exposent de leur vivant, dans des galeries d’avant-garde ou même travaillent dans des revues de charme dans les années 1930.
« Suffragettes » et reporters
Plus elles sont actives, plus elles trouvent des débouchés pour diffuser leur travaux. Elles travaillent dans la mode, la publicité, la presse illustrée. Cette activité professionnelle leur donne une nouvelle autonomie.
Durant la première moitié du XXème siècle, une minorité d’elles s’imposent et se mettent à vivre en concurrence avec les hommes. Elles sont des professionnelles, des artistes. Journalistes, écrivaines, chercheuses, elles se servent de la photographie et des films, pour prendre des notes.
Durant la seconde guerre mondiale, elles sont des dizaines, dans tous les pays du monde à faire du photojournalisme, pensons à Lee Miller.
« L’idéologie progressiste de la New Woman anglo-saxonne, signe, dès avant la fin de la Grande Guerre, l’abolition des frontières entre les territoires masculins et féminins du photographiable : praticiennes d’atelier mais aussi pionnières du documentaire et du photojournalisme partent à l’assaut de la rue, de l’ailleurs, des chantiers industriels et du front de guerre, deviennent à travers leurs images des actrices de la vie publique et politique. »
Ella Maillart (1903-1997) Descente du col de Djengart à la frontière de la Chine. Kirghisie Tirage argentique, 26 x 39 cm Lausanne, Musée de l’Elysée
© Musée de l'Elysée, Lausanne /Fonds Ella Maillart
Dorothea Lange (1895-1965) Human Erosion in California (Migrant mother) Tirage argentique, 50 x 40 cm Munchner Stadtmuseum, Munich Allemagne
© Münchner Stadtmuseum, Sammlung Fotografie © Dorothea Lange Collection, Oakland Museum, Oakland, USA
Une exposition passionnante jusqu’au 24 janvier 2016.
INFOS PRATIQUES
Musée de l’Orangerie : tous les jours sauf le mardi de 9h à 18h / Musée d’Orsay : tous les jours, sauf le lundi, de 9h30 à 18h, le jeudi jusqu’à 21h45
Accès : Musée de l’Orangerie : Place de la Concorde, Jardin des Tuileries (côté Seine) 75001 PARIS / Musée d’Orsay : 1 rue de la Légion d’Honneur 75007 PARIS
Tarifs : Billet jumelé deux musées : 14€ / Musée de l’Orangerie seul : 9€ ou 6,5€ / Musée d’Orsay seul : 11€ ou 8,5€
Par Caroline BENZARIA
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