L’exposition de 16 œuvres monumentales de Nathalie Decoster à Megève pendant toute la saison hivernale est l’occasion d’un portrait de la sculptrice française.
Un éclat de rire émergeant d’une épaisse chevelure blonde toute frisée : tel a été, début décembre à Megève, mon premier contact avec Nathalie Decoster croisée au pied d’une de ses sculptures de bronze dans la luxueuse station de montagne. Bourreau de travail qui vit à 100 à l’heure, la jeune femme est un improbable mélange d’hyperactivité et de ‘zenitude ‘ acquise au fil des années par son travail de sculptures liées au temps, à la nature, à l’homme dans ses différents éléments.
Mais qui est-elle vraiment ?
Originaire du Nord et après quelques premiers pas aux ateliers des Arts Déco, Nathalie Decoster vit entre Paris, des ateliers en proche banlieue, une fonderie en Auvergne et d’innombrables pays de la planète où elle séjourne pour conférences et expositions près des 3 / 4 de son temps. A mi-chemin entre l’expérimentation des matières et les explorations chimiques, elle réalise des sculptures en bronze ; mais exploite aussi des matériaux de récupération qui trouvent avec elle une nouvelle vie (ressorts de matelas, aluminium, béton, verre, cercles de tonneaux… ).
Une vie à cheval sur les cinq continents
La notoriété de Nathalie Decoster est telle qu’elle court de Sao Paulo à Hong Kong en passant par Vienne. Ses œuvres sont soit installées ‘ad vitam eternam’ dans des jardins de consulats, des fondations, des hôtels de grand luxe, des sièges de grandes entreprises ou des squares municipaux, voir même chez quelques privés fortunés. Mais dans la plupart des temps, les œuvres circulent au cours d’expositions ponctuelles aux quatre coins de la planète.
Jusqu’à la mi avril 2016, quelques 14 œuvres jalonneront les ruelles de Megève et deux autres s’imposeront sur les sommets entre neige et granit.
Des sculptures philosophiques
Mais le grand intérêt des sculptures de Nathalie Decoster, outre l’esthétisme épuré de l’œuvre, est sa vision philosophico-spirituelle de la vie. Sa pièce la plus connue est probablement celle de cet homme qui marche à l’intérieur d’un cercle et dont l’artiste dit : « le temps passe, l’homme avance vers la sagesse ».
Si l’humour peut être présent, le message est bien présent et toujours sous-jacent : son petit homme est l’humain que nous sommes tous. Miroir de la Nature, il est inclus dans une forme géométrique (cercle, carré, cube, mobile..) et délivre des messages sur la condition humaine. L’homme est toujours partagé entre la gaieté et la tristesse, la crainte et l’espoir ; entre son épanouissement par le travail et son harmonie avec la nature ou la nécessaire acceptation des cycles naturels qui aboutissent indubitablement aux heures où la grande faucheuse fera son propre travail.
Confronté donc aux cycles de la vie et de la mort, le petit homme s’obstine à marcher dans le fil du temps. Nathalie Decoster ponctue son œuvre de codes, de signes qui n’appartiennent qu’à elle et développe des thématiques autour de la condition humaine avec l’Homme face au Temps, à la Nature ….
Quizz sur le vif entre deux avions
1 - Le principal trait de votre caractère
La spontanéité. Je suis aussi épicurienne et une grande travailleuse.
2 - Votre qualité première
La dérision, la curiosité, la tolérance, l’ouverture aux autres, la réactivité, l’écoute.
3 - Votre défaut que vous aimeriez effacer
Je cherche sans arrêt quelque chose, y compris ma voiture. C’est en permanence, alors c’est un enfer. Je paye cher d’être ‘dans ma lune’ et sur ‘ma planète’. Heureusement les personnes qui me connaissent sont bienveillantes avec moi, soulignent mes oublis et sont prévenantes.
4 - Votre moteur dans l’existence
Partager, découvrir, aimer.
5 - Les personnes et / ou artistes qui vous ont marqué pour être la femme sculpteur que vous êtes
Je ne pense pas avoir de vrai modèle ; mais de nombreuses personnes voient en mon travail des messages de la veine de Giacometti. J’aime beaucoup le travail d’un immense artiste brésilien Ernesto Neto : c’est organique, si sensuel, si mobile, si léger, si poétique et ses installations sont spectaculaires. Il avait investi il y a longtemps l’intérieur du Panthéon.
6 - Etre une femme dans un milieu artistique est-il un avantage ou un inconvénient d’après vous et qu’en a-t-il été pour vous même ?
Etant tout à fait en accord avec moi-même, je n’ai jamais eu de problème à être considérée comme différente. Je suis curieuse de mondes qui ne sont pas les miens car ils sont alors sources d’enrichissements. Certains perçoivent ma vision d’artiste comme un « autre regard » : avec une approche philosophique proche de la sagesse, cela m’a amenée à intervenir en tables rondes en université d’été du MEDEF sur ma philosophie sur le temps et une autre fois pour un cabinet d’avocat sur le rôle de médiateur.
7 - Quel est votre prochain projet ?
La réalisation d’une sculpture publique monumentale pour une ville en Chine au début 2016, une exposition monographique sur le lac de Côme à la villa Lario qui durera du printemps à octobre 2016, une autre à Malibu en 2017 et sans doute d’autres projets entre les trois, lesquels arrivent souvent par surprise : le charme de l’inconnu….
8 - Votre plus beau souvenir ?
La naissance de mon fils et mon mariage.
9 - Votre plus mauvais souvenir ?
Je n’en ai pas encore connu.
10 - Si vous deviez vous comparer à un animal, quel serait il ?
Un papillon car je reste toujours libre, indépendante et je vole de mes propres ailes.
Par Marie Laure de Vienne
Visuels de sculptures fournis par la sculptrice
nathaliedecoster.com
megeve.com
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