Anne Roumanoff n’a pas son pareil pour décrire les petites choses de notre quotidien racontées sinon décryptées par monsieur et madame tout-le-monde. Un spectacle rafraichissant, drôle, rythmé qui vante l’amour pour survivre. C’est de l’humour ? Pas seulement.
Sur la scène cosy de l’Alhambra, de grands cœurs rouges stylisés donnent le ton : on va s’aimer !
Après une entrée simple, sans tambour ni trompette, ce petit bout de femme de presque 50 ans (dans un mois) en escarpins à talons hauts, tailleur pantalon noir et haut fluide rouge, (magnifaïque dirait Cristina Cordula) enchaine les sketchs dont le fil rouge est l’amour. L’humoriste parle d’elle, joue avec les mots à la façon de Raymond Devos, évoque ses rapports de mère avec ses filles et ceux de fille avec sa mère. S’aimer soi, c’est pas facile, mais « à mon âge, je sais bien que le bonheur est en moi mais reste à savoir où ! » .
Tout y passe, la politique, la crise, les nouvelles technologies, les émissions de télé larmoyantes, le sexe, … ses personnages parfaitement dessinés et justement caricaturés font mouche : la mère de famille débordée par la fête anniversaire des enfants, la bonne dame qui aimerait bien mettre un peu de piment dans ses relations sexuelles avec son mari Jean-Claude en se la jouant 50 nuances de Grey ou en surfant sur internet, la coach bien-être à l’accent québécois qui vous libère de vos toxines, l’ado pénible en prise avec la conseillère d’orientation, la crise grecque vue par la bouchère (est-ce que mes économies sont parties à Mikonos ?), les cafés parisiens vus par une touriste américaine ou une frontiste du midi tombée amoureuse d’un tunisien …
Anne Roumanoff sait jouer avec le public qu’elle fait monter sur scène à deux reprises ou chanter un cantique à la gloire de saint Pôle Emploi, agios (amen). Si le but est de faire rire, cela n’empêche pas l’humoriste de faire passer quelques messages sur la liberté d’expression, les attentats, la tolérance et le refus des extrêmes. Si quelques répliques sonnent un peu vulgaires, le tout est intelligent et réfléchi.
Le temps défile sans qu’on s’en rende compte. Le spectacle se termine sur une fable politique bien troussée. L’artiste s’en va sur un merci comme elle est venue, sans quémander des applaudissements, simplement. http://www.anneroumanoff.com/
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