Psycho : les relations Mère-Fils

Les relations des mères avec leurs fils ont toujours fait couler beaucoup d’encre, et de larmes parfois ! Que ce soit dans le syndrome de la mère italienne, qui garde son grand fiston le plus longtemps à la casa, ou dans celui de la mère juive pour qui « tant qu’il aime sa mère ! », le monde peut s’écrouler. Nombreuses mères s’y reconnaîtront un temps soit peu. Mais comment expliquer, comment décortiquer ce sentiment si puissant, exaltant, parfois destructeur ?

Relations Mère-Fils : Décryptage

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La littérature regorge de textes sublimes ou effrayants sur cet amour inconditionnel, passionnel parfois, qui lie un fils à sa mère : « Le livre de ma mère » d’Albert Cohen, « Génitrix » de François Mauriac, « Vipère au poing » d' Hervé Bazin, pour ne citer que quelques classiques. Si l’on remonte aux textes fondateurs de notre culture, on pensera aussi à la relation magnifique qui unit Jésus à Marie, sa mère, jusqu’après sa mort.

Suite à un atelier chez la psychologue Anastasia Garcet consacré à ce thème, nous avons retenu quelques thématiques récurrentes :

UNE FIDELITE A TOUTE EPREUVE

La grande majorité des hommes ressemblent à ce que leur mère a attendu d’eux plus ou moins consciemment. C’est à dire qu’ils vont tenter de satisfaire les fantasmes masculins de celle-ci : être autoritaire comme le grand-père maternel, être doux comme l’amant rêvé, être volubile comme le frère disparu, etc. Il y a une fidélité dans la relation mère-fils immense qui surpasse celle mère-fille. La fille va beaucoup plus batailler avec sa mère ; au moment de l’adolescence, ça chauffe avec raison dans la relation mère-fils car elle joue son identité. Le fils doit lui se différencier par rapport à la sexualité mais pas par rapport à l’identité. La relation mère-fil est fusionnelle sans être complice. Le point de vue de sa mère est sacré lorsque celle-ci n’est pas envahissante ni séductrice. C’est normalement la seule femme dont il n’a pas peur d’être en fusion. Beaucoup d’hommes ont été blessés par leur mère car sa parole est toute puissante. Un petit garçon va deviner ce que sa mère attend. Quand ils sont plusieurs frères, ils vont devoir fouiller encore plus et trouver chacun leur part.  Qui séduit le plus maman ? Qui lui fait le plus plaisir ? Quand il y a trop de rivalité, l’un d’eux peut choisir de ne pas plaire à maman.

C’est un cadeau d’entendre de sa mère « non je suis occupée, j’ai ma vie ».

Cela remet le lien mère-fils dans une liberté de multiplier leurs attachements. Si je perds le lien unique, je n’ai plus rien dans ma vie. Ce qui est bon pour un enfant c’est de pouvoir s’attacher à une multiplicité de liens, sinon lorsque sa mère disparaît, c’est son univers entier qui s’écroule. Rappelons-nous du couturier de génie Alexander McQueen, cadet d’une fratrie de six, habité d’une admiration sans faille pour sa mère, et qui choisit de se suicider la veille de son enterrement. Tout enfant qui perd sa mère va garder une immense culpabilité. Il va essayer de réparer cette « faute » toute sa vie.

UN FILS PREFERE ?

Dans l’histoire de Caen et Abel, la mère préfère l’un de ses fils, et c’est celui-là qui prend la place du mari. L’autre est beaucoup plus libre. Le fils préféré peut éprouver une culpabilité inconsciente. Celui qui est moins préféré, va faire des choix plus personnels.

Dans une dispute entre frères, au lieu de protéger le cadet, il faut cadrer celui qui lui tape dessus. Celui qui est protégé va augmenter la rivalité. C’est le père, le masculin, qui doit prendre ce rôle de recadrage.

« C’est une erreur magistrale d’avoir laissé l’éducation des fils livrée aux femmes. », explique A. Garcet.

Le fils va être mieux dans sa peau s'il considère son père comme costaud. L’archétype du père, c’est d’être fort. Le garçon doit avoir un idéal, un cadre. Et même s'il n’a plus de père, il peut se choisir un autre référent masculin (grand-père, prof de judo, etc.). La mère ne doit pas être protectrice contre l’autorité du père. Les fils se battent pour leur mère donc si elle prête de l’attention à ces joutes, cela augmente leur envie de montrer qui est le plus fort. Les fils ont besoin de décharger cette violence intrinsèque dans des activités sportives par exemple. Un garçon a besoin d’être valorisé pour ce qu’il fait. Et de façon réaliste.

SEDUCTION

Certaines mères qui ont peu d’estime d’elles-mêmes vont séduire un fils. C’est à dire jouir du pouvoir qu’elles ont sur lui. Plus une femme est impressionnante extérieurement (belle, sportive, intelligente), plus elle va rendre captifs ses fils  de son propre amour. Ses fils comprennent que si ils quittent ce regard pour leur mère, elle s’écroule. Ils sont coincés dans leur rôle. Ils vont vivre leur relation inconsciemment. Quand le fils commence à dire « Maman, tu est moche », etc. c’est qu’on a gagné ! Le plus grand risque pour son fils c’est de porter l’idéal masculin de sa mère : il doit devenir LUI.

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Par Aurore t'KINT

Infos pratiques

Mère et fils : beaucoup, passionnément, à la folie. Nicole Czchewoski. Collection Autrement
Romans :
Plus jamais sans elle, Mikaël Ollivier, Editions du Seuil
Le Testament de Marie, Colm Toibin, Editions Robert Laffont

http://www.babelio.com

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