Collaboration est l'histoire de la rencontre de Richard Strauss et Stéfan Zweig et de leur travail qui aboutira à un opéra La Femme silencieuse, racontée par l'auteur britannique Ronald Harwood.
Deux monstres sacrés occupent la scène du théâtre de la Madeleine, l'un est Allemand, véritable idole depuis le triomphe du « Chevalier à la rose », c'est Richard Strauss, incarné par Michel Aumont. Didier Sandre prête sa voix à l'autre, l'Autrichien Stefan Zweig, poète, historien, philosophe, journaliste, romancier. L'un croit au triomphe de la musique et ne vit que par et pour elle, l'autre à une Europe humaniste et intellectuelle. Il a oublié qu'il était juif , les années 1930 et l'accession d'Hitler au pouvoir, viennent sèchement le lui rappeler.
Paradoxalement, la rencontre des deux stars coïncide avec cette prise de pouvoir. Ronald Harwood, auteur britannique, imagine leur rencontre et leur « Collaboration » qui trouveront leur aboutissement dans un opéra bouffe « La femme silencieuse », « Femme silencieuse » brutalement retirée de l'affiche après une représentation, Strauss ayant refusé que Zweig disparaisse de la publicité.
Michel Aumont campe un Richard Strauss, sûr de son génie et de sa capacité à faire plier les éléments autour de lui par la seule force de sa musique. Un tantinet cabot, à force de chantage, il croit obtenir des avantages, mais contre la barbarie nazi, c'est évidemment lui qui perd et qui s'y perd. Sa belle-fille juive est sauve, mais la famille de celle-ci disparaît dans les camps. Michel Aumont est parfait dans ce rôle truculent d'homme buté et hermétique à l'innommable, qui ne meurt que de ne pas pouvoir composer. Il est magistralement soutenu par Christiane Cohendy qui incarne Pauline de Ahna, l'épouse du Maître. Elle tient la maison d'une main de fer et n'hésite pas à parler haut et fort aux factotums nazis qu'on envoie à Strauss pour négocier.
Didier Sandre est un Stefan Zweig, élégant, timide et torturé, dépassé par la montée des périls. Sa judaïté lui revient dans la figure comme un boomerang. Héritier du siècle des lumières, il croit en la sagesse des hommes et à l'Europe. Il choisira l'exil, puis le suicide au Brésil, ne voyant aucune issue et aucune fin au conflit qui ensanglante le monde. Il est soutenu par la touchante Lotte, jouée
par Stéphanie Pasquet, qui le suivra dans l'exil et la mort.
Grâce à un travail très fin de lumières, l'ombre envahit la scène pour devenir un crépuscule annonciateur de mort et de destruction. La pièce est segmentée en tableaux, séparés par des intermèdes musicaux, straussiens bien entendu, particulièrement réussis.
Zweig et Strauss, c'est un peu l'alliance de la carpe et du lapin. Et pourtant, une vraie relation s'établit entre eux. Ils s'admirent mutuellement avec une force telle que les clivages et les divergences sont mis sous le boisseau et une œ,uvre sortira de cette « Collaboration ». A voir au théâtre de La Madeleine.
-Une pièce de Ronald Harwood
-Texte français de Dominique Hollier
-Mise en scène de Georges Werler
-Théâtre de la Madeleine
-19 rue de Surène 75008 Paris
-Réservations au 01 42 65 07 09 et sur le site du théâtre
-Texte français de Dominique Hollier
-Mise en scène de Georges Werler
-Théâtre de la Madeleine
-19 rue de Surène 75008 Paris
-Réservations au 01 42 65 07 09 et sur le site du théâtre
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