Laisser tomber l’anesthésie pour laisser faire la force de l’esprit ? Beaucoup de personnes pourraient être sceptiques face à cette proposition, pourtant en France, l’idée commence à faire du chemin. En effet, alors que beaucoup de femmes considéraient la péridurale comme le seul moyen de surmonter un accouchement, elles sont de plus en plus nombreuses à choisir une alternative plus douce, comme l’hypnose.
« En obstétrique, cette méthode peut être utilisée dans toutes les situations : préparation à la naissance, gestion de la douleur pendant l’accouchement, et même après pour la récupération », précise Pauline Mugnier, sage-femme libérale et enseignante à l’Institut d’hypnose de Paris. « La plupart des patientes ignorent que ça existe dans ce domaine, mais une fois que je leur propose, elles ne refusent quasiment jamais de tenter l’expérience ; ça ne peut être que positif.»
C’est au cours des séances de préparation que Pauline initie les futures mamans. Grâce à une induction - opération mentale- elle leur apprend à rentrer en hypnose et à en maîtriser l’utilisation afin qu’elles puissent devenir autonomes. En procédant à une dissociation du corps et de l’esprit, les femmes parviennent alors à se projeter dans un ailleurs plus agréable et à transformer les informations négatives et douloureuses en émotions positives.
Efficace sur 90% des patientes
« J’ai été assez surprise de voir comme ça se fait spontanément et naturellement », témoigne Martine Brun, 38 ans qui a tenté l’expérience pour sa première grossesse. « En seulement quelques minutes, on apprend à maîtriser notre souffle et nos pensées en imaginant la flamme d’une bougie ou un endroit calme. » Et du calme, la jeune maman en a eu besoin lors de son accouchement. Après un travail de 48 h, les médecins décident de déclencher la mise au monde, ce qui amplifie la douleur. « Je ne voulais pas de péridurale car j’ai des problèmes de dos et je redoutais vraiment la piqûre. L’hypnose a donc été très utile pour moi. Ça m’a permis de tenir suffisamment longtemps en régulant mon souffle et en me concentrant sur autre chose que la douleur », précise Martine, pour qui la rapidité de récupération est un autre avantage non négligeable.
« On évite tous les désagréments des effets secondaires de l’anesthésie, c’est vraiment agréable. Je sais déjà que je m’en servirai pour mes prochains bébés et je conseille à chacune d’essayer. C’est un outil complémentaire très positif. »
Selon Pauline, la sage-femme, plus de 90% de ses patientes parviennent à utiliser l’hypnose avec succès au cours de l’accouchement. « Son efficacité peut être comparable à celle de la péridurale. Tout est une question de volonté et de concentration », précise la spécialiste. Et en cas de difficulté, pas de panique, un joker est même mis en place avec le papa qui grâce à des mots-clés et des suggestions répétés en amont, peut aider sa femme.
Pour développer l’utilisation de cette méthode, à laquelle elle s’est elle-même formée il y a onze ans, Pauline Mugnier est à l’origine de la formation Hypnose et Obstétrique dispensée à l’Institut d’hypnose de Paris, depuis 2012. « Chaque année, on a de plus en plus d’inscrites. Avant, on nous considérait comme des charlatans mais aujourd’hui, la méthode a fait ses preuves et l’idée d’une médecine naturelle est très à la mode. » Même si la sophrologie ou l’acupuncture sont également sollicitées en obstétrique, la sage-femme rappelle que seule l’hypnose a des réels effets sur la douleur. De quoi envisager cette technique comme une sérieuse source de confort alternative.
Kristen POELS
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