Isabel Bayon et Belen Maya jouent un rôle central dans le dispositif mis en place par Israël Galvan pour évoquer les camps de concentration et Auschwitz dans Lo réal.
Dans « Lo Real » d'Israël Galvan qui ouvrait le feu, le danseur tente de répondre à la question : « Peut-on danser sur la barbarie ? » Les danseuses, Isabel Bayon et Belen Maya, qui l'accompagnent y répondent à leur manière, dans des registres très différents, méconnaissables l'une comme l'autre. Isabel Bayon, qintessence de la grâce sévillanne, plus connue pour son baile classique, campe tout à la fois Eva Braun, Leni Rifensthal et une souris grise SS. Parfaite de légèreté, coquetterie, égoïsme, stupidité, cupidité, cruauté, elle danse sur le volcan, sans vouloir s'arrêter, sans comprendre qu'elle doit s'arrêter.
Face à elle, Belen Maya, en paysanne tsigane, est bouleversante. Elle danse fagotée dans une petite robe à fleurs avec de grosses chaussettes désassorties, un fichu sur la tête et des sabots aux pieds, avec pour accompagnement la voix de David Lagos puis un petit air tzigane, violon, saxo, qui traîne toute la légèreté et la douleur du monde. Elle se dépouille peu à peu, le fichu, les sabots, le maquillage qui dégouline , elle se désintègre littéralement et disparaît derrière un baraquement, engloutie lentement mais sûrement. Sur sa main grande ouverte, se refermant en un poing brandi, le noir se fait. Le silence et le bruit. La mort.
- Une programmation entre valeurs sûres et étoiles montantes
- Melchora Ortega et David Lagos
- El Carpintero et El Zapatero
- José Valencia
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