De Canaletto (1697-1768) à Guardi (1712-1793), l'exposition qui se tient au Musée Jacquemart-André du 14 septembre 2012 au 14 janvier 2013 nous propose de (re)découvrir le genre artistique de la 'veduta' ou peinture de panoramas urbains mettant en scène la Sérénissime. C'est la première de ce genre en France.
Dédiée aux plus grands peintres de veduta, à commencer par Canaletto et Guardi, cette exposition est la première de ce genre en France. Les mémoires des voyageurs et les textes des écrivains français témoignent, tout au long du XVIIIe siècle, d'une très grande admiration pour Canaletto, tandis que la renommée de Guardi triomphe dans la seconde moitié du XIXe siècle, lorsqu'on le compare aux impressionnistes.
L'intérêt international pour cette peinture de panoramas urbains appelée veduta est si vif depuis deux siècles que le Musée Jacquemart-André a voulu rendre hommage à ces deux artistes. Plus d'une cinquantaine de chefs-d'œ,uvre ont été soigneusement sélectionnés par la Dottoressa Bozena Anna Kowalczyk , commissaire générale de l'exposition et spécialiste reconnue, pour illustrer l'histoire de ce genre artistique à la lumière des connaissances scientifiques les plus récentes.
La peinture vénitienne des veduta est un phénomène artistique et culturel qui continue aujourd'hui encore de fasciner et de surprendre. Les grands maîtres vénitiens, de Luca Carlevarijs à Canaletto et Francesco Guardi, ont œ,uvré, tout au long du XVIIIe siècle, pour satisfaire la demande incessante de prestigieux commanditaires européens qui souhaitaient emporter, comme souvenirs, des représentations des monuments et des fêtes de la Sérénissime. Comme peu d'artistes italiens à cette époque, les védutistes présentés au Musée Jacquemart-André ont su s'approprier la culture du siècle des Lumières et utiliser les découvertes scientifiques les plus récentes et les instruments optiques les plus sophistiqués. Mais chacun d'eux a préservé son originalité artistique, en donnant une vision personnelle des mêmes lieux de Venise, d'une beauté universelle. Chefs-d'œ,uvre de l'art européen du XVIIIe siècle, ces vues de Venise, d'une créativité aussi moderne que poétique, sont de précieuses représentations d'une ville unique au monde.
L'exposition s'ouvre sur une présentation des grands maîtres vénitiens parmi lesquels Canaletto a fait ses débuts comme védutiste. En mettant en exergue ses liens avec les illustres précurseurs du genre, l'exposition montre que Canaletto s'inscrit dans une tradition picturale qui s'est développée tout au long du XVIIIe siècle.
C'est avec Gaspar van Wittel (1652/3-1736), qui découvre Venise à la fin du XVIIe siècle, que naît le genre de la veduta. Sa contribution est essentielle et son enseignement technique, associant l'usage de la camera obscura et la réalisation méthodique de dessins préparatoires, a eu une grande influence sur les autres védutistes. Luca Carlevarijs (1663-1730) a ainsi poursuivi cette approche scientifique, en l'enrichissant de sa passion pour la représentation des figures.
SALLE 1 : les origines de la veduta et la jeunesse de Canaletto
Les tableaux de jeunesse de Canaletto (1697-1768) illustrent quant à eux le sens de la perspective, le style et le goût pour les figures qui distinguent déjà l'artiste au début de sa carrière. Avec sa virtuosité, Canaletto donne un souffle nouveau à la veduta, qui connaît grâce à lui un épanouissement sans précédent. Tout en travaillant, comme ses aînés, l'art de la composition et de la perspective, le jeune Canaletto accorde une place particulière à la lumière et aux effets atmosphériques, comme en témoigne l'Entrée au Grand Canal, avec Santa Maria della Salute, vers l'ouest (Musée des Beaux-arts de Grenoble).
SALLES 2, 3 et 4 : Canaletto et Guardi, deux regards sur Venise
Guardi (1712-1793) commence à peindre au moment où Canaletto connaît déjà un grand succès. Si Canaletto accorde, tout au long de sa carrière, une place toujours plus importante au travail de la perspective et à la précision quasi scientifique de la transcription du réel, Guardi va renouer avec le goût des effets atmosphériques que cultivait Canaletto à ses débuts (Canaletto, La Place Saint-Marc, vers l'est, huile sur toile, Madrid, Musée Thyssen-Bornemisza). Chacun à leur manière, Canaletto et Guardi représentent l'expression la plus aboutie de l'art de la veduta. C'est pourquoi l'exposition propose de mettre en regard les œ,uvres majeures de ces deux maîtres, pour montrer les liens profonds qui les unissent, mais aussi ce qui les distingue.
Chacune de ces trois salles, 2, 3 et 4, confronte les œ,uvres des deux artistes, thème par thème : la Place Saint-Marc, le Grand Canal, les campi ou les canaux vénitiens. La confrontation de leurs tableaux et dessins montre une forte filiation, mais aussi de réelles différences, et cherche à pénétrer l'essence de leur interprétation personnelle. Dans les salles 3 et 4, sont associés à ce face à face deux autres grands védutistes, Michele Marieschi (1710-1743) et Bernardo Bellotto (1722- 1780), neveu et disciple de Canaletto, qui jouent un rôle majeur dans la diffusion et le développement de la veduta. Chacun de ces artistes a une identité forte et propose une image différente et renouvelée de Venise. Si la Sérénissime est toujours le thème de leurs représentations, elle donne lieu à d'infinies variations et déclinaisons, et devient pour eux un objet poétique, support de leur créativité.
Sensible à la maîtrise de la perspective de Canaletto et à son sens de la mise en scène, Francesco Guardi s'est, à de nombreuses reprises, inspiré des compositions de son célèbre prédécesseur. Mais il sait également y apporter de subtiles inflexions : à la recherche d'une lumière naturelle et au grand soin apporté aux détails chez Canaletto répondent sa fantaisie et sa sensibilité. Considérés comme les plus grands védutistes, Canaletto et Guardi incarnent aussi les deux grandes tendances de l'art de la veduta : d'un côté la minutie scrupuleuse et scientifique de Canaletto, de l'autre la recherche de l'émotion.
SALLE 5 : le triomphe de Guardi
Cette salle rassemble quelques-unes des œ,uvres les plus emblématiques de Francesco Guardi. Dans ces œ,uvres, l'artiste donne toute sa mesure à travers des ciels chargés de nuages ou dorés par le soleil couchant. La touche se fait plus vive, l'architecture est plus esquissée entre le ciel et l'eau. La façade élégante des ambassades voisine avec une Venise plus pittoresque où le linge sèche aux fenêtres (cf. Guardi, Le Canal de Cannaregio, avec le Palazzo Surian-Bellotto, l'ambassade de France, huile sur toile, New York, The Frick Collection). L'approche savante, inspirée des Lumières, qui caractérisait la peinture de Canaletto cède le pas, chez Guardi, à la recherche de l'émotion et de l'impression.
SALLE 6 : les charmes de la lagune
Élément essentiel de l'imaginaire vénitien, la lagune a inspiré tous les védutistes, mais c'est Canaletto et Guardi qui ont su en donner les images les plus poétiques. Dans ses vues de la lagune, Canaletto conçoit de délicates compositions, où l'immensité des cieux se mêle à celle de l'eau, pour créer de subtils paysages.
S'inspirant des dessins de Canaletto, Francesco Guardi fait lui aussi de la lagune l'un de ses thèmes de prédilection, pour créer une série de tableaux qui comptent parmi les plus beaux de sa jeunesse. À l'instar de Canaletto, il s'agit moins pour lui de décrire Venise que de mettre à l'honneur de vastes ciels dominant les eaux mouvantes de la lagune. L'artiste joue alors sur les effets atmosphériques pour souligner l'importance de la lumière, avec des vues tantôt claires et colorées (cf. Guardi, Le Canal de la Guidecca et le Zattere, huile sur toile, Madrid, Collection Carmen Thyssen-Bornemisza), tantôt sombres et brumeuses.
SALLE 7 : splendeur des fêtes et des cérémonies à Venise
Dans l'esprit des riches voyageurs européens qui furent les principaux commanditaires des védutistes, l'image de Venise est indissociable des festivités qui l'animent. Les fêtes religieuses ou l'arrivée d'ambassadeurs prestigieux sont autant d'occasions de mettre en scène les fastes qui firent la célébrité de la Sérénissime (cf. Canaletto, Régate sur le Grand Canal, huile sur toile, Burham, The Bowes Museum).
Pour Canaletto et Guardi, ces cérémonies sont aussi des sujets privilégiés qui leur offrent l'opportunité de représenter, au cœ,ur d'une foule nombreuse et bigarrée, des monuments ou éléments d'architectures d'une grande force décorative. Sur les places, dans les églises ou sur les canaux, Canaletto et Guardi ont ainsi su immortaliser l'enchantement et l'élégance incomparables du XVIIIe siècle vénitien.
SALLE 8 : les caprices, une Venise imaginaire
La vision précise et minutieuse des lieux emblématiques de la Venise du XVIIIe siècle est caractéristique de l'art de la veduta, mais les artistes se consacrent également à la réalisation de poétiques caprices, qui sont autant de vues imaginaires de la ville (cf. Guardi, Caprice vénitien avec un portique, gouache sur carte, Paris, Musée Jacquemart-André, Institut de France).
Sous leurs pinceaux, Venise se métamorphose. Apparaissent des places et des rues au décor spectaculaire et fantaisiste, mais aussi de grands paysages où une végétation luxuriante se mêle aux ruines (cf. Canaletto, Caprice avec architectures en ruine, huile sur toile, Collection privée, Suisse). Ces compositions aux architectures réinventées dessinent un autre visage de la veduta, aussi fantasque que séduisant (Bellotto, Caprice avec un arc de triomphe sur le bord de la lagune, huile sur toile, Asolo, Museo Civico).
Trop peu connue, cette part importante de la production des védutistes leur permet de laisser libre cours à une verve romanesque et créative. Giovanni Panini est précurseur dans le genre du caprice. Le Musée Jacquemart-André en possède un exemple remarquable dans le Salon de Musique.
Musé,e Jacquemart-André, - Exposition... par culturespaces
- 'Canaletto —, Guardi. Les deux maîtres de Venise'
- Musée Jacquemart-André - 158, bd Haussmann 75008 Paris
- du 14 septembre 2012 au 14 janvier 2013
- ouvert tous les jours de 10h à 18h. Nocturnes tous les lundis et samedis jusqu'à 21h.
- Le café Jacquemart-André ouvert de 11h45 à 17h30 et le dimanche de 11h à 15h.
- Librairie-boutique culturelle ouverte selon les horaires du musée, y compris le dimanche.
- Plein tarif : 11 € / Tarif réduit : 9,5 € (étudiants, enfants de 7 à 17 ans, demandeurs d'emploi) Gratuit pour les moins de 7 ans et invalides
- Accès :
Le musée se situe à 400 m de la place Charles de Gaulle-Étoile. Métro : lignes 9 et 13 (Saint-Augustin, Miromesnil ou Saint- Philippe du Roule) RER : RER A (Charles de Gaulle-Étoile)/
Bus : 22, 28, 43, 52, 54, 80, 83, 84, 93
www.musee-jacquemart-andre.com
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- 'Canaletto —, Guardi. Les deux maîtres de Venise', au Musée Jacquemart-André
- Musée Jacquemart-André - 158, bd Haussmann 75008 Paris
- du 14 septembre 2012 au 14 janvier 2013
- ouvert tous les jours de 10h à 18h. Nocturnes tous les lundis et samedis jusqu'à 21h.
- Le café Jacquemart-André ouvert de 11h45 à 17h30 et le dimanche de 11h à 15h.
- Librairie-boutique culturelle ouverte selon les horaires du musée, y compris le dimanche.
- Plein tarif : 11 € / Tarif réduit : 9,5 € (étudiants, enfants de 7 à 17 ans, demandeurs d'emploi) Gratuit pour les moins de 7 ans et invalides
- Accès :
Le musée se situe à 400 m de la place Charles de Gaulle-Étoile. Métro : lignes 9 et 13 (Saint-Augustin, Miromesnil ou Saint- Philippe du Roule) RER : RER A (Charles de Gaulle-Étoile)/
Bus : 22, 28, 43, 52, 54, 80, 83, 84, 93
www.musee-jacquemart-andre.com
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- 'Canaletto —, Guardi. Les deux maîtres de Venise', au Musée Jacquemart-André
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