La répétition des Amants de Séville se déroule dans un désordre apparent. Mais tout se met en ordre de marche pour ce spectacle écrit pour eux.
Dans une salle un peu préau d'école, un peu réfectoire, une foule d'adolescents au comportement étrange. Souvent tête baissée, ils fuient le regard et le contact. Ils arpentent la pièce avec des gestes mécaniques. Certains sont accrochés à ce qui semblent être les éducateurs. D'autres vont d'un mur à l'autre, le touchent et font demi-tour. D'autres encore répètent en boucle des mots ou des phrases qui n'ont de sens que pour eux. C'est un peu effrayant. Et inévitablement on se retrouve dans la position du voyeur, extérieur, distancié, non investi. Et puis, peu à peu, les choses se mettent en place, sans explication rationnelle.
Il faut toute la patience et le calme de Tristan Petitgirard, le metteur en scène « des Amants de Séville », pour ordonnancer ce désordre apparent. Est-ce aussi l'aide de la divine musique de Mozart ? Mais le quatuor autour de Leporello et les chœ,urs sont calés en quelques minutes. Et les voix s'élèvent aériennes et angéliques pour les unes, basses profondes pour les autres.
Les enfants se sont redressés, ont intégré leur rôle. La responsable du chœ,ur leur donne des indications complexes sur des entrées cour et des sorties jardin, sur des groupes avec ou sans masque, accessoire théorique, car manquant pour l'instant. Mais chacun sait s'il est dans le groupe masqué ou dans l'autre. Cela semble obscur pour la visiteuse que je suis. Mais c'est limpide pour ces enfants.
Et de voyeur, le statut change. Je me surprends à les soutenir silencieusement dans leurs efforts. J'ai peur que l'un trébuche, que l'autre oublie les paroles. Je vois s'effacer les tics et les obsessions avec cette musique qu'ils interprètent magistralement.
Je sors de là, sonnée, mais convaincue que ces « Amants de Séville » seront un spectacle total, où rien ne sera fait à moitié. L'impression générale est que ces enfants donnent tout toujours, car ils ne savent pas s'économiser, se protéger. Ils ne peuvent donc qu'être un moteur pour ceux qui travaillent avec eux. Et le résultat est au rendez-vous.
- Les Amants de Séville
- Lorie La Armenia, la Carmen des «Amants de Séville»
- http://www.festivalfuturcompose.org
- www.lemonfort.fr
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