Théâtre Le Monfort
L'association Le Futur composé rassemble des associations qui s'occupent de jeunes autistes autour d'activités artistiques afin de présenter un festival tous les deux ans. Cette année Les Amants de Séville, au théâtre Le Monfort.
Comment faire pour célébrer une bonne cause sans que cela soit gnangnan et convenu. C'est cette gageure que se coltine l'association « Le Futur composé » depuis douze ans maintenant avec un succès grandissant. Il faut dire que cette association a créé un festival qui, tous les deux ans, propose des spectacles qui mêlent indistinctement professionnels et jeunes autistes. Cette année, l'association propose douze jours d'animations, spectacles et expositions.
Le cœ,ur de la manifestation est un objet non-identifié qui s'apparenterait à l'opéra-bouffe, mêlant opéra, théâtre, danse, flamenco et tauromachie pour « Les amants de Séville », sous-titré « Les noces de sang de Carmen et Don Juan ».
Gilles Roland-Manuel, président du Futur Composé et psychiatre, a conçu et écrit ce texte en mêlant deux grands mythes sévillans, Carmen et Don Juan . On peut en ajouter un troisième en la personne de Figaro, le barbier de Séville impertinent et frondeur.
Gilles Roland-Manuel a écrit ce texte en pensant à chaque enfant ou adolescent autiste, à leurs accompagnateurs. Il les connaît tous personnellement. Il a un rôle pour chacun en prenant en considération l'étendue de leur handicap.
Quatre-vingts personnes partagent la scène, comédiens, musiciens, danseurs et chanteurs professionnels, enfants et ado handicapés et leurs accompagnateurs. Le spectacle se met en place sous la houlette du metteur en scène Tristan Petitgirard. Il lui revient de relever le défi de cette entreprise titanesque.
Ces « Amants de Séville » ont un décor unique. Une place de la capitale andalouse est transformée en arène, puisque Escamillo est le toreador de Mérimée et Don Juan, le bourreau des cœ,urs de Da Ponte et Mozart, est le matador de ces « Amants de Séville ».
Toreador est une forme vieillie de matador, employée par Mérimée. Tous deux sont des hommes de toro. Au premier acte, la Féria de Séville déroule ses fastes, quinze jours après la Semaine Sainte et ses défilés de pasos
*brancards portés à dos d'hommes sur lesquels reposent Vierges et Christs
et de pénitents engagoulés au son des tambours et des clarines, entrecoupés de saetas
*Chant typique de la Semaine sainte
.
Ces mêmes pénitents défilent en ouverture du premier acte. Cette féria est une fête populaire où se danse la sevillana et qui est accompagnée d'un cycle de corridas. Comme rien n'est laissé au hasard, Vincent Blondeau, ancien novillero, donne des cours de toreo de salon aux acteurs. Le décor est planté. Carmen, maîtresse de Escamillo, ce toreador haut en couleur, plein de superbe et de suffisance, peut rencontrer Don Juan, le volage au destin tragique. Coup de foudre ravageur qui incendie tout sur son passage.
Carmen est en route pour accomplir son destin de feu et de sang. Don Juan se rapproche de la statue du Commandeur qui est confondue avec le toro, personnage ambivalent de ces « Amants de Séville ». Il est à la fois victime, puisque promis à la mort, et «corne armée» de la justice immanente.
Au deuxième acte « Amours et duel », la rivalité entre les deux hommes éclate sans retenue. Escamillo provoque en duel Don Juan qui le tue. Carmen tente de se battre contre le séducteur et finalement succombe et défaille dans ses bras. Dans ce même acte deux, on suit la destinée de Chérubin, rôle tenu par une jeune autiste, Patricia Attal. Fragile et délicat, Chérubin, troublé par la gent féminine, incarne l'adolescence perplexe et démunie des jeunes autistes. Incorporé de force dans l'armée, il s'effondre au cours d'exercices militaires. C'est Figaro qui le sauvera in extremis en lui chantant le fameux air « Figaro-ci, Figaro-là ».
Le troisième acte ou « Noces de sang » voit imploser le banquet de mariage, celui des deux amants. Le taureau/commandeur règle son compte à Don Juan en lui sectionnant l'artère fémorale. Puis il s'en prend à Carmen qui paye sa liberté au prix de sa vie. Les pénitents de la Semaine Sainte viennent fermer l'espace comme ils l'avaient ouvert. Retour vers la loi et l'ordre.
Le rideau tombe sur cette belle métaphore de la vie. Des espaces de liberté restent possibles, il faut les envahir, sans se poser la question de la normalité, question toute relative, surtout après avoir vu cette pièce et la performance de ses acteurs professionnels et autistes mélangés.
Cinq représentations sont prévues au theâtre Le Monfort, du 19 au 24 juin.
Les 22 et 23 Juin de 17h à 20h et le dimanche 24 juin à partir de 13h00 se tiendra une fête andalouse, animation gratuite, dans les jardins du théâtre Monfort. Départ de la procession sur l'esplanade du Parc Georges Brassens à 17H et à 13h le dimanche.
Lire aussi :
- Lorie La Armenia, la Carmen des «Amants de Séville»
- Une répétition des «Amants de Séville»
- Réservations : 25€ (tarif plein) - 16€ (tarif réduit) au Monfort et à la Fnac
- http://www.festivalfuturcompose.org
- www.lemonfort.fr
-106 rue Brancion 75015 Paris
- 01 56 08 33 88
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