Sylvie Buisson est commissaire de l'exposition « Femmes artistes » qui se tient au Château de Chamerolles (Loiret), du 16 juin au 19 août 2012. L'un des sujets d'étude favoris de cette grande spécialiste de l'École de Paris et de Foujita est d'identifier l'artiste femme à travers son rapport à l'homme. Elle répond à nos questions.
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Quel a été l'élément déclencheur de cette exposition ?
Tout d'abord, rendre hommage aux suffragettes pionnières. Désespérées de n'être reçues dans leur revendication légitime, elles s'étaient jetées sous les sabots des chevaux de la garde royale à Londres, le 1er mars 1912, il y a cent ans. L'intention est de déborder le seul cadre de l'histoire de l'art pour identifier la femme, et ensuite la femme artiste au sein d'une société d'hommes, faite pour les hommes, et qui la rejeta tout d'abord, puis de retracer sa progressive émancipation, au travers de son rapport homme/femme jusqu'au début du féminisme.
Il y a aussi mon envie de poursuivre une recherche entamée il y a plus de quinze ans à l'occasion de ma première exposition dans cinq musées japonais où Jacqueline Marval, Marie Laurencin et Camille Claudel, notamment, avaient occupé six pages du plus grand hebdomadaire féminin du Japon.
- Quels sont les objectifs de cette présentation ?
Nous avons cherché à révéler les filiations, les rapprochements et aussi les différences qui s'installent à chaque période entre les maîtres et les élèves, lorsqu'il s'agit d'hommes et de femmes artistes, et aussi dans les couples d'artistes, qu'ils soient légitimes ou non.
Cette présentation a pour vocation de démontrer que les tandems ont été des moteurs essentiels de l'histoire de l'art , que la femme dut se battre et s'imposer par un talent redoublé pour se faire admettre dans les écoles et dans les salons de peinture, comme 'égale de l'homme. Et comment ceux-ci se sont souvent attribués des travaux de femmes, ou que ces dernières les leur ont offerts consciemment, volontairement par amour. Illustrer ces complicités artistiques qui ont mené aux chefs d'œ,uvres est essentiel. Parmi les couples d'artistes certains sonttrès connus :
Camille Claudel et Rodin, mais aussi Modigliani et Jeanne Hébuterne, Gontacharova et Larionov, Yves Klein et Rotraut, Niki de Saint-Phalle et Jean Tinguely pour n'en citer que très peu.
- Selon quels critères les œ,uvres exposées ont-elles été sélectionnées ?
J'avais carte blanche dans le choix des œ,uvres et des artistes. Mes critères sont donc très subjectifs, partiaux et partiels. Il s'agit de démarrer avec Adam et Ève et de terminer avec le couple Christo, s'intéressant au même arbre certes, et entre temps, de brosser l'histoire de l'humanité et de ses facettes artistiques.
Certaines grandes dames comme Élisabeth Vigée-Lebrun ou Frida Khalo, ne sont présentes qu'en photographie dans cette exposition dont la scénographie sous-tend avec ampleur et esthétique le concept global. Cette entreprise ne pouvait être menée, à l'occasion de cette exposition, qu'à dose homéopathique ! Mais chacun sait que cette méthode a des effets !
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La parité femmes-hommes est-elle respectée à travers les auteurs des œ,uvres présentées ?
J'ai fait plus fort qu'au nouveau gouvernement!
La parité a été dépassée puisqu'au côté de 53 hommes, ce sont 67 femmes qui sont présentes, dont certaines très peu connues.
- Modèles, muses, inspiratrices, créatrices...que nous montre cette exposition sur l'évolution de la place des femmes dans l'histoire de l'art, du XVIIème au XXème siècle ?
Au travers de panneaux didactiques illustrés qui ponctuent onze sections thématiques et chronologiques, les visiteurs découvriront l'aventure de la femme, et plus particulièrement les destins de femmes artistes, parmi les plus connues, les plus insolites, ou les plus intéressantes, en confrontation avec celles de leurs pères, maris, amants, chers amis ou chères amies. Un parcours d'œ,uvres, peintures, dessins, sculptures, reconstitution de l'atelier de Rosa Bonheur, sont en fait les manifestations colorées, conceptuelles, imagées, réfléchies et construites par des femmes pour interpeller la société dans son ensemble sur la potentialité du sexe féminin et plus encore sur ses multiples capacités à être, à faire, à devenir et à créer, tout à la fois mères, femmes et artistes.
- Exposition 'Femmes artistes'
passion, muses et modèles
- du 16 juin au 19 août 2012
- Grande Halle du Château de Chamerolles (Loiret)
- Château de Chamerolles 45170 Chilleurs-aux-Bois
- Le château est ouvert en juin tous les jours, sauf le mardi, de 10h à 18h sans interruption. Et du 1er juillet au 31 août, tous les jours de 10 h à 18 h sans interruption.
- Téléphone : 02 38 39 84 66
- Site web : www.chateau-chamerolles.com
- Accès :
Par la RD2152 (ex RN152) : à 30 km au nord d'Orléans et à 120 km au sud de Paris par l'A10, sortie Artenay. Par l'A19 : sortie Ecrennes (à 8 km de Chilleurs-aux-Bois). Coordonnées GPS de Chilleurs-aux-bois :
N 48.05932° (latitude) - E 2.16499°(longitude) Parking à proximité
- Tarifs :
Tarif : 6 euros (inclut la visite du château et l'accès au parc) Tarif réduit : 3 euros
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Lire également : « Femmes artistes » à Chamerolles (Loiret)
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