G20 : Réformer le Système Monétaire International (SMI)

Le Système Monétaire International (SMI) désigne l'ensemble des mécanismes et des institutions qui organisent et régulent les échanges monétaires internationaux, ainsi que l'organisation des régimes de change. Le réformer est l'une des priorités de la présidence française du G20 en 2011. Cette réforme pourrait passer par un renforcement du rôle du Fonds monétaire international (FMI).




Pourquoi réformer le SMI ?

L'économie mondiale connaît des mutations profondes, notamment la montée en puissance des pays émergents. Le SMI actuel ne reflète pas ce nouvel équilibre qui se dessine. Il en résulte un certain nombre de dysfonctionnements:
- Une volatilité accrue des changes: cette volatilité crée de l'incertitude pour les ménages et les entreprises dans leurs décisions économiques, comme l'illustrent les mouvements récents de la parité euro-dollar (en juillet 2008, 1 euro valait 1,60 dollar, aujourd'hui l'euro oscille autour de 1,30 dollar) ou ceux du real brésilien qui s'est apprécié de 29 % face au dollar américain entre janvier 2009 et janvier 2011.
- Une accélération des entrées/sorties de capitaux : ces mouvements de capitaux favorisent le déclenchement de crises de liquidité ayant de violentes répercussions sur tout le tissu économique. Ce phénomène pénalise surtout les pays émergents qui ont été confrontés, entre 1990 et 2010, à 42 arrêts brutaux de flux de capitaux.
- Un risque de « guerre des monnaies » : face à cette instabilité monétaire, certains États sont tentés de mener des politiques économiques et des politiques de change non coopératives. Ces stratégies sont pénalisantes pour l'économie globale.
- Des déséquilibres macroéconomiques qui se creusent: entre 1998 et 2007, la somme des déficits et des excédents des pays du G20 est passée de 580 milliards de dollars (2,3 % du PIB du G20) à 2500 milliards de dollars (5,6 % du PIB du G20). En proportion de la richesse mondiale, les déséquilibres de balance des paiements ont donc été multipliés par deux. Le système monétaire international ne permet pas la réduction spontanée de ces déséquilibres, qui fragilisent la croissance mondiale.


Comment réformer le SMI ?

Le G20 s'est engagé en 2010 à travailler à l'édification d'un SMI plus stable et plus
résilient.

La présidence française proposera à ses partenaires de travailler sur les pistes d'action suivantes :
- Renforcer la coopération des politiques macro-économiques, à travers le Cadre pour une croissance forte, équilibrée et durable qui est l'outil de surveillance mutuelle des politiques macroéconomiques du G20. En 2011, les pays du G20 devront trouver un étalon commun de mesure des déséquilibres mondiaux, appelé « lignes directrices », afin d'identifier avec plus de précision les déséquilibres insoutenables. Chaque pays s'engagera avant la fin de l'année à adapter ses politiques économiques pour rééquilibrer la croissance mondiale et la rendre plus forte et plus solide.
- Réduire le besoin d'accumulation de réserves pour résister aux crises. Il s'agit de renforcer les outils à la disposition du FMI pouvant être actionnés au profit des pays vulnérables à une crise de liquidité. Il conviendra aussi de renforcer la cohérence et la complémentarité entre les dispositifs régionaux et internationaux de gestion des crises de liquidité.
- Favoriser des flux de capitaux stables pour financer la croissance et le développement: la présidence française du G20 proposera de donner au FMI un véritable pouvoir de surveillance dans ce domaine, que ne lui donnent pas ses statuts actuels. Cela pourra prendre la forme de règles multilatérales favorisant la liberté des mouvements de capitaux mais permettant l'intervention des États dans les phénomènes d'entrées-sorties massives de capitaux.
- Accompagner l'internationalisation des monnaies émergentes, reflet des nouveaux équilibres économiques mondiaux et du poids accru des grands pays émergents. Cela passe par un accompagnement de l'internationalisation des monnaies des grands pays émergents. Plusieurs pistes seront explorées : évolution des régimes de change, gestion plus coopérative des réserves. La présidence française engagera également une réflexion sur le rôle des droits de tirage spéciaux (DTS), instrument de réserve créé par le FMI, et sur le calendrier et les modalités d'évolution du panier de devises qui composent le DTS.




Par Nicole Salez

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