Cancer du Sein - Freins au Dépistage

Alors que détectés tôt, 9 cancers du sein sur 10 sont guéris, seule 1 femme sur 2, dans la tranche d'âge 50-74 ans, participe au dépistage organisé du cancer du sein et réalise une mammographie dans ce cadre. Des études ont permis de faire émerger 14 freins au dépistage et 14 arguments pour convaincre, à l'occasion de Octobre rose 2010 : 'Mobilisez les femmes que vous aimez', la sixième campagne de mobilisation au dépistage organisé du cancer du sein.

Faut-il le rappeler ? Le cancer du sein est un cancer de bon pronostic avec un taux de survie relative à 5 ans de
85 %

*Survie des patients atteints de cancer en France, étude des registres du réseau Francim, Springer‑Verlag France 2007.
. Lorsqu'il est détecté à un stade précoce, le cancer du sein peut être guéri dans plus de
9 cas sur 10

*Survie attendue des patients atteints de cancer en France : état des lieux. INCa, collection rapports et synthèses, avril 2010.
. D'où l'importance de dépister tôt ce cancer


Afin d'identifier les freins au dépistage, l'Institut National du Cancer (INCa) s'est appuyé sur des études existantes[1] et a mené, par ailleurs, une étude qualitative auprès de femmes réticentes vis-à-vis du dépistage du cancer du sein. Ce travail a permis de faire émerger 14 freins et 14 arguments pour convaincre.

Quatorze freins au dépistage identifiés

L'existence du dépistage organisé du cancer du sein est largement connue du grand public
(98 % des 25 ans et plus, 99 % des femmes de 50 à 74 ans). C'est aussi le dépistage pour
lequel les femmes identifient le mieux l'examen : 87 % des femmes de 50 à 74 ans évoquent
la mammographie5. Pourtant, malgré cette notoriété, il existe des freins au dépistage mis en
exergue dans plusieurs études6 et liés principalement :
- aux représentations et connaissances sur le cancer et son dépistage,
- à des facteurs socioéconomiques,
- aux questions du suivi médical et de l'accès aux soins.

Quatorze freins au dépistage ont ainsi été identifiés

1) Je manque de temps.
« Avec mon métier et mes enfants, je cours partout, je n'ai pas le temps de prendre soin de
moi et de m'occuper de ma santé. J'ai vraiment trop de choses à gérer ».

2) J'ai peur de savoir / du résultat.
« L'idée du cancer me fait peur. Je n'ai pas du tout envie de penser aux pires choses qui
pourraient m'arriver ».

3) Faire une mammographie, c'est désagréable.

4) Je mène une vie saine, je ne me sens pas concernée.
« Je mange équilibré, je fais du sport régulièrement et je ne fume pas. Je fais déjà tout ce
qu'il faut pour prévenir le cancer, j'ai peu de raisons d'être touchée ».

5) Je ne ressens pas les symptômes.
« Je suis en pleine forme. Je n'ai pas de boule, ni de grosseur, donc tout va bien ».

6) Je n'ai pas les moyens.
« Je n'ai pas les moyens d'avancer l'argent. Il va falloir attendre longtemps pour être
remboursée ».

7) J'habite trop loin des cabinets de radiologie
« Je vis à la campagne et les cabinets de radiologie se trouvent à des kilomètres de chez moi ».

8) Je ne suis plus concernée à mon âge.
« J'ai plus de 70 ans. Je ne me sens plus concernée. Il me semble que ce cancer frappe
surtout les femmes plus jeunes ! ».

9) Je suis déjà suivie par mon gynécologue, pourquoi entrer dans une démarche organisée ?
« Je n'aime pas les dispositifs de masse. J'ai davantage conf iance en l'avis de mon
gynécologue et en celui de mon radiologue ».

10) Je n'y ai pas droit / je pense que ça n'est pas pour moi.
« Je ne fais pas partie des femmes qui sont invitées à participer au dépistage ».

11) Je ne peux rien faire contre le cancer
« On ne peut pas faire grand‑chose contre le cancer. Je préfère encore ne pas savoir ».

12) Je l'ai déjà fait, mais je n'ai pas pensé à le refaire depuis.
« J'ai déjà passé l'examen, il y a quelques années et j'avais été rassurée ».

13) J'ai d'autres priorités.
« J'ai déjà beaucoup de soucis dans la vie. C'est vrai qu'en ce moment, je m'occupe d'autres
choses que de ma santé ».

14) Je ne crois pas en la prévention.
« Je n'en peux plus de tous les messages préventifs auxquels je suis exposée. Et j'ai des doutes
sur leur réelle utilité ».

Une fois recensés les principaux freins identifiés dans les études disponibles, une méthodologie
spécifique a été mise en place afin de concevoir un système argumentatif susceptible de lever
les réticences chez les femmes ne participant pas au dépistage organisé.

Quatorze arguments pour lever les réticences

L'Institut Ipsos a conçu une méthodologie qualitative

*Étude INCa/Ipsos santé « Test des argumentaires —, dépistage du cancer du sein » menée en avril 2010.
(réunions de groupe, entretiens
individuels...) permettant de construire pour chaque frein des arguments spécifiques, percutants
et accessibles à tous.

Ces 14 argumentaires ont ensuite été présentés à des groupes mères/filles afin de tester
également la possibilité pour les proches des femmes concernées par le dépistage de s'emparer
de ces arguments pour convaincre.

Il ressort de ces différents entretiens que :

- le cancer du sein reste une maladie angoissante, qui suscite la peur mais également une
certaine mise à distance (pas de prise de conscience du risque individuel) ,
- il existe une forte corrélation entre le dépistage et la pathologie avérée : faire un dépistage,
c'est déjà avoir un cancer ,
- le niveau de connaissance sur la démarche de dépistage organisé reste à parfaire (pour
certaines femmes, par exemple, le dépistage organisé est réalisé par les centres d'examen
de l'Assurance Maladie) ,
- les notions de dépistage individuel et dépistage organisé ne correspondent pas à la
sémantique utilisée par les femmes, qui parlent plus volontiers de mammographie ,
- la dimension organisée « de groupe », « de masse » tend à déprécier l'image que les femmes
ont de l'offre de dépistage.

Par Nicole Salez