Quel rôle pour les épouses des Présidents américains ?
En tant qu'épouse du 44ème président des Etats-Unis, Michelle Obama va devoir se forger une image entre conseillère politique et fonction de représentation. Comme toutes les femmes de Président ou First Ladies qui l'ont précédée à la Maison Blanche.
Quel genre de First Lady sera Michelle Obama ? De nombreux Américains se sont sans doute posé cette question, mardi 20 janvier, durant la cérémonie qui a fait de son mari, Barak Obama, le 44ème Président des Etats-Unis. Toutes les femmes de président qui l'ont précédée à la Maison Blanche ont eu une influence sur leurs époux, ont participé à des actions dans différents domaines et quelques fois pris des positions courageuses sur des sujets délicats.
C'est Mary Lincoln, épouse d'Abraham qui a été la première à être appelée First Lady, en 1861. Mais c'est sûrement lorsque John Kennedy a déclaré : «je suis l'homme qui accompagne Jackie Kennedy» que l'épouse du président des Etats-Unis a gagné une grande place médiatique.
Ces Américaines qui se sont retrouvé propulsées au premier rang de leur pays étaient d'abord des épouses et des mères de famille. Toutes se sont mariées assez jeunes et ont suivi la carrière de leurs époux qui furent pour la plupart militaires, gouverneurs ou sénateurs avant d'accéder à la Maison Blanche. Beaucoup d'entre elles ont d'ailleurs commencé à travailler avec eux dans l'exercice de ces fonctions. Outre le rôle d'hôtesse, elles assuraient souvent le suivi du courrier, jetaient un oeil sur les discours, etc. Du coup, avant même de participer aux campagnes électorales pour l'élection présidentielle, elles étaient souvent préparées à ce job. Jackie Kennedy fut une des seules à échapper à cet exercice car elle était enceinte.
Influence politique
Mais jusqu'où est allé leur rôle politique ? «Il n'y a pas de doute que les First Ladies ont une influence sur leurs maris, parce qu'elles sont proches d'eux, parlent avec eux tout le temps et ont leur oreille», avait affirmé Rosalynn Carter, qui apporta notamment son soutien à son mari lors des accords de Camp David ou de l'affaire des otages de l'ambassade américaine en Iran. A en croire Harry Truman, elle ne fut pas la seule. A la fin de sa vie, ce Président raconta qu'il consultait souvent son épouse, Bess, et qu'il l'avait notamment fait avant de décider d'envoyer la bombe H sur Hiroshima et Nagasaki, au Japon, à la fin de la seconde guerre mondiale. La plupart d'entre elles ont beaucoup voyagé à l'étranger, participé à des émissions de radio, publié des articles et prononcé des discours. Mais Hillary Clinton est sans doute la seule à s'être vu confier l'élaboration d'une réforme, en l'occurrence celle du système de santé qu'elle ne put d'ailleurs pas mener à bien.
Au-delà des actions dans les secteurs traditionnels de l'éducation, de la santé, de l'aide aux plus défavorisés, certaines d'entre elles se sont autorisées des prises de position sur les droits des femmes, l'avortement, la discrimination, par exemple. Ce fut notamment le cas d'Eleanor Roosevelt, de Mamie Eisenhower qui s'opposa à la présence du sénateur Joseph Mc Carthy à un dîner officiel ou de Betty Ford qui , au début des années 1980 se fit photographier avec un bébé malade du sida dans les bras.
Pour autant elles n'ont pas échappé aux fonctions traditionnellement dévolues aux femmes. Plusieurs d'entre elles de sont occupées de réaménager, décorer et préserver le patrimoine de la Maison Blanche. C'est d'Eleanor Roosevelt qui, en 1902, baptisa la résidence des Présidents Maison Blanche en même temps qu'elle créa la West wing où est installée le bureau ovale.
Vie privée
A partir de Jackie Kennedy et du chapeau rond qu'elle portait lors de la cérémonie d'investiture, leur manière de s'habiller fait l'objet de commentaires ou d'imitations. L'irruption de la télévision y contribua beaucoup et les couples présidentiels américains furent les premiers à savoir en jouer. Si la garde robe de Jackie Kennedy fut la plus admirée, le goût pour la couleur rose et les cheveux courts de Mamie Eisenhower et le bleu et les trois rangs de perles de Barbara Bush eurent leur heure de gloire. Pat Nixon a été la première à oser le pantalon à la Maison Blanche. Quant à Nancy Reagan, elle fut vertement critiquée pour s'être fait offrir ses tenues par les couturiers.
«Je n'appartiens pas au public», aurait dit Mary Lincoln dont la famille avait été décimée par la guerre de Sécession et qui n'imaginait pas que son mari allait être assassiné. Elle semblait pourtant pressentir que sa vie privée allait pâtir de son statut de First Lady. Il semble bien que pour celles qui lui ont succédé la vie à la Maison Blanche n'a pas été synonyme de bonheur.
Sans parler de Jackie Kennedy, qui a vu son mari assassiné à côté d'elle ou de Hillary Clinton qui a dû subir pendant des mois l'enquête sur les frasques de son mari avec Monica Lewinsky, plusieurs d'entre elles ont connu des périodes de dépression.
Car elles étaient aussi au premier rang des soubresauts de la planète (deux guerres mondiales, Corée, Vietnam, 11 Septembre 2001, notamment) et de ceux de la vie américaine (guerre de Sécession, défaites aux campagnes électorales, Watergate, etc.) Autant d'épisodes
qu'il est certainement difficile d'affronter dans la sérénité, lorsqu'on est au côté de celui qui est en première ligne.
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