Sabine Danière, créatrice de siestes

C'est en observant son environnement que Sabine Danière a eue l'idée de Zenia, un centre dédié à la sieste. Alors assistante de direction chez Ogilvy puis dans la finance chez Merrill Lynch, elle avait remarqué ce besoin. Nombre de cadres sous pression étaient amenés à se cacher pour effectuer une indispensable pause .

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Sabine Danière, créatrice de Zenia
Comment est né le projet ?
-Le projet est né dans un premier temps de mon propre besoin de salariée parfois exténuée. J'ai souvent rêvé de trouver un endroit pour me ressourcer lorsque les pressions professionnelles et personnelles étaient trop lourdes. Assistante de direction dans une salle des marchés bruyante, pour récupérer mes forces pendant une courte pause, je n'avais que trois options possibles : le minuscule local des machines à café, les toilettes ou bien aller faire des UV dans l'institut d'à-côté où la contrainte du dénudement obligatoire associé au bruit de la machine étaient clairement un frein à toute escapade. Impossible de trouver un endroit pour siester tranquillement, ne serait-ce que 15 minutes.
L'idée a grandi dans mon esprit et s'est faite de plus en plus précise en écoutant mes collègues de travail se plaindre de l'inexistence d'une salle de repos dans leur entreprise. La cerise sur le gâteau étant pour finir la triste histoire d'une femme diabétique qui allait siester dans sa voiture à l'heure du déjeuner.

-Qu'avez-vous imaginé alors ?
-Il fallait agir et vite ! J'ai donc imaginé un lieu dédié à la sieste et à la détente en journée. C'est scientifiquement prouvé : la fatigue et le stress que nous accumulons chaque jour ont des conséquences désastreuses sur notre santé. Zenia® a donc été crée pour remédier à la frénésie de nos vies citadines modernes.

-Quel est le concept du lieu ?
Le Buddha, dans la salle d'attente
Nous avons souhaité installer ce concept dans le noyau des entreprises. Là où les salariés stressés sont quelquefois en perdition sur un trottoir avec un verre de café dans une main et une cigarette dans l'autre dans le rythme infernal du « métro-boulot-dodo ». Située en plein quartier d'affaires dans le 9e arrondissement, à quelques pas des grands magasins du boulevard Haussmann, l'implantation géographique est bien entendu stratégique. Le concept de Zenia® est clairement là pour donner la possibilité aux salariés ou à toute personne en proie avec le stress et la fatigue de dire « STOP ! Je fais une pause pour repartir plus fort. »

-Ce sont de lourdes habitudes à changer
-En effet, les pauses des salariés d'entreprise ne sont pas aujourd'hui correctement exploitées et très souvent elles se terminent par un petit tour sur internet, auprès d'une collègue ou bien dehors, dans la rue. Pour la petite anecdote, il m'est arrivé de vanter les mérites de la pause bien-être Zenia® à des salariés qui étaient en pause cigarette sur le trottoir, devant leur lieu de travail, ils m'ont pourtant affirmé à l'instant où je leur parlais qu'ils n'avaient pas le temps pour faire de pause. En fait, c'est une question de choix personnel et de changement d'habitude dans sa vie au quotidien.

-Pourquoi avoir misé sur la sieste et vous adresser plus spécialement aux salariés ?
-Les études scientifiques sont formelles, un somme de 15 à 30 minutes suffit pour ragaillardir un employé épuisé, augmenter ses facultés de concentration et de mémoire, et lui éviter des erreurs parfois très lourdes. Les troubles du sommeil auraient de nombreuses conséquences au quotidien : accidents de la route ou du travail, absentéisme et difficultés scolaires. Le gouvernement français se penche très sérieusement sur un programme d'actions sur le sommeil et le ministre Xavier Bertrand a annoncé l'expérimentation de la sieste de quinze minutes au travail, avec des entreprises volontaires. « La question ne doit pas être tabou », a commenté le ministre.

-Qui sont vos clients ?
-J'ai beaucoup de comités d'entreprises qui s'en servent pour récompenser les salariés après de grosses opérations ou au contraire pour se « dédouaner » de leur faire faire des heures excessives. Sinon, j'ai des habitués particuliers qui travaillent dans le quartier. Cela va de la vendeuse de grand magasin au directeur de banque !


-Comment se déroule concrètement une « sieste » chez vous ?
-Notre entrée privative se fait par le 63 rue de Taitbout (Paris 9e). Nous orientons la personne dès son arrivée vers le salon privatif de son choix où nous lui expliquons en quelques minutes comment sa séance de relaxation va se passer. Nous l'installons bien confortablement dans un fauteuil électronique massant ou sur un lit de massages. Nous équipons chacun de nos client(e) d'un casque, d'une télécommande et d'un chronomètre vibrant qui va lui permettre de sortir « en douceur » de son état de relaxation intense. Car, après 20 minutes de bien-être, notre client(e) devra reprendre le chemin de son bureau.

Vos cabines ont chacune une décoration très personnalisée, pourquoi sont-elles toutes différentes ?
Je tenais vraiment à rendre les espaces dépaysant pour emmener les clients dans un monde d'évasion réussi et multiplier leur choix pour les adapter selon leur humeur du moment et leur personnalité.

Faire de Zenia® un lieu d'évasion semblait, dès la naissance du projet, comme une évidence et il me semblait indispensable de créer des ambiances différentes pour chaque salon. De plus, la grande superficie des locaux (280 m2) s'y prêtait. Les thèmes ont été choisis en fonction de mes goûts personnels et j'ai choisi des objets différents pour chaque pièce.



-A terme quels sont vos projets pour Zenia ? Comment aimeriez-vous faire évoluer le concept ?
-A terme, j'aimerais faire évoluer Zenia® vers un concept de privatisation de nos locaux pour les entreprises environnantes. Disons à raison de quelques heures par semaine en fonction du budget de l'entreprise. Je pense que cette courte pause bien-être qui serait offerte aux salariés pourrait vraiment être une source de motivation et rendrait l'entreprise plus humaine, plus à l'écoute de la santé de son personnel. Les fonds investis seraient bien faibles par rapport à ce que cela apporterait à l'entreprise. Mais je souhaite toutefois garder les heures de déjeuner libres pour permettre au « tout public » de profiter des locaux de Zenia®.

Par Anne Thoumieux