Techniques de la Miniature Indienne

Retour sur les différentes étapes pour réaliser des miniatures indiennes.



Dans un atelier de peintre, plusieurs fonctions peuvent cohabiter : calligraphe, dessinateur, coloriste ou relieur. Avant d'être consacré peintre, l'apprenti doit d'abord copier les modèles classiques à l'aide de calques (exécutés sur de minces peaux de chèvre ou de gazelle) ou de poncifs.


Les modèles sont utilisés jusqu'à ce qu'ils puissent être reproduits de mémoire. Sur le fond blanc uni, une première esquisse en rouge met en place les éléments principaux puis les masses colorées sont appliquées et un contour définitif plus foncé achève le travail.

Les fins détails (traits des visages, bijoux) sont peints en dernier lieu. Le peintre indien travaille assis par terre, la feuille fixée sur une planchette , son matériel se compose d'un assortiment de pinceaux en poils de chèvre ou d'écureuil et de valves de coquillages pour contenir les couleurs. Un pinceau composé d'un poil unique peut servir à tracer les lignes imperceptibles de la chevelure et des yeux.

Le papier, en fibres végétales (bambou, jute, chanvre) ou de chiffons de coton, de lin, parfois de soie (Deccan), peut être teinté avec des décoctions de safran, de henné ou de feuilles d'indigotier. Pour les rendre résistantes, les feuilles sont encollées d'amidon, de gomme ou de glucose et, après séchage, lustrées avec une pierre dure pour que le pinceau glisse facilement.


L'infinie variété des pigments est d'origine naturelle. Le noir par exemple se fabrique avec du carbone (noir de fumée) ou est d'origine métallo-gallique (sel métallique et tannin). Le jaune et l'orange s'obtiennent à partir de safran, de minium, de soufre ou d'écorce de henné, mais le jaune orpiment, typiquement indien, provient de concrétion d'urine de vache nourrie de feuilles de manguier et se trouve à l'état pur dans le sol. Les pigments d'origine minérale sont le vert de malachite, le rare bleu de lapis-lazuli, ou l'azurite, qui est un carbonate de cuivre. Toute la gamme des ocres et des bruns, du rouge au marron, provient des terres, tandis que le rouge laque est extrait de la cochenille.

La miniature achevée, posée sur une plaque de marbre, subit un ultime polissage au verso, ce qui confère à ses couleurs cet éclat quasi émaillé.

Les marges (hashiya), constituent un élément non négligeable des miniatures mogholes : filets de couleurs, lavis ou guirlande dorée bordent la miniature, puis une marge, sablée d'or ou d'argent ou de papier marbré ou encore décorée au pochoir, encadre la page peinte.

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Par Laure Menanteau
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