Séverine Bourguignon : une artiste plasticienne « passeuse » de messages

Artiste plasticienne française, Séverine Bourguignon se retrouve dans l'actualité culturelle pour avoir accepté, le 17 avril 2012, qu'une de ses œ,uvres soit brûlée devant un musée italien, par solidarité avec son directeur. L'occasion de s'intéresser à cette femme talentueuse, au profil aussi atypique qu'attachant.

Lorsqu'Antonio Manfredi, le directeur du musée d'art contemporain de Casoria, près de Naples, a appelé Séverine Bourguignon pour lui demander si elle acceptait d'être la première artiste dont il brûlerait une oeuvre —, en signe de protestation contre la politique culturelle de l'Etat italien —, la jeune femme n'a pas hésité longtemps avant de donner son accord.

'Promenade' de Séverine Bourguignon


« Je pense que les artistes ont le devoir d'être des messagers, des passeurs », explique cette jeune femme de 38 ans, mère de trois enfants.

Autodidacte, Séverine Bourguignon a débuté sa vie professionnelle dans l'export puis dans l'industrie du disque, avant de laisser exploser sa fibre artistique en 2004, la fameuse « nécessité vitale » de s'exprimer de Kandinsky, justifie-t-elle.

Et lorsqu'elle évoque ses créations —, installations plastiques, vidéos, peintures, sculptures —, son visage s'illumine et sa voix se fait gourmande, avec un faux air de Juliette Binoche. Elle raconte comment elle a eu l'idée d'utiliser les pelotes de rejection des chouettes, pour en retirer les petits os de batraciens et autres mulots ingurgités, et les utiliser comme sculptures. Il fallait y penser... et le résultat est surprenant.
« Il n'y a pas de sculptures mieux façonnées que les os », fait-elle valoir.

Vanités - Sculpture de Séverine Bourguignon composée d'os de batraciens


Passeuse, Séverine l'a été aussi sur le thème des violences conjugales.
« J'entendais chaque année l'annonce du nombre de femmes tuées du fait de violences conjugales. 192 en 2008. Mais cela restait un chiffre, c'est tout », explique-t-elle.

Séverine Bourguignon devant des poupées de l'installation 'Dolores'


Aussi a-t-elle crée « Dolores » une installation de 100 m2, sorte d'alignements de totems rouges et blancs sur lesquels ont été accrochées 192 poupées mutilées. Exposée dans le hall de la mairie du XVIIIe arrondissement de Paris en 2009, elle a permis aux visiteurs de prendre conscience de cette triste réalité. D'abord, ils y déambulaient, amusés, puis en voyant que les poupées étaient toutes « blessées», ils découvraient le message. L'expo fut également présentée l'an dernier dans la ville de Sénart (sud de l'Ile-de-France).

Installation 'Dolores' de Séverine Bourguignon en 2011 à Sénart


Qui a-t-il dans les cartons de Séverine ? D'autres projets, tous différents, mais toujours engagés. Une installation vidéo « braguette » promet de dénoncer « avec humour » ce qu'il n'est pas toujours amusant de subir, annonce-t-elle.

Une autre, plastique cette fois, « Double journée », s'attellera à pointer « la répartition des tâches ménagères ».

Enfin, elle a accepté une mission, ingrate : peindre une fresque de 2,50 m sur 5 m sur un mur de son quartier, la Goutte d'or à Paris, pour tenter d'enrayer la fâcheuse habitude qu'ont les individus d'y déposer leurs ordures ou... de s'en servir comme urinoir.

Une messagère, incontestablement...

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Par Michèle Folian
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