Issue d'une famille loyaliste et protestante, rien ne prédestinait Marie-Claude à devenir la femme du héros du renouveau kanak, Jean-Marie Tjibaou.
Marie-Claude Tjibaou est une autorité incontestée en Nouvelle Calédonie. Et pourtant, rien ne la prédisposait à devenir la femme d'un chef indépendantiste. Elle appartient à une véritable dynastie politique néo-calédonienne, de tradition gaulliste, loyaliste et protestante. Son père, Doui Matayo Wetta (1917-1980), fut ainsi membre fondateur le 10 février 1947 de l'Association des indigènes calédoniens et loyaltiens français (AICLF), l'un des deux partis créés après l'abolition du code de l'indigénat cette année-là pour représenter les Kanaks, avec l'Union des indigènes calédoniens amis de la liberté dans l'ordre de Rock Pidjot. Sportive de haut niveau, elle brille d'or et d'argent pour le lancer de poids aux Jeux du Pacifique Sud, de 1966 à 1971. ,Elle suit une formation de cinq mois à l'Institut national du sport et de l'éducation physique en 1971. Elle rencontre Jean-Marie Tjibaou et ils se marient en 1972. Ils auront six enfants.
Recrutée au Service Jeunesse et Sports de 1974 à 1976, elle participe activement à l'organisation du festival Mélanésia 2000, sous la direction de son époux. Son père participe également. Doui Matayo Wetta assure notamment la traduction des « Symboles de l'histoire kanake », pièce écrite par Jean-Marie Tjibaou et Georges Dobbelaere, et dans laquelle Marie-Claude Tjibaou joue le rôle de « la femme de la lignée maternelle ». Jusqu'à la mort de son mari, elle s'investit tout particulièrement dans des projets de développement de la région Nord, présidée par son époux.
Après l'assassinat de Jean-Marie Tjibaou le 4 mai 1989 à Ouvéa, elle acquiert une véritable autorité morale auprès des indépendantistes et de la population kanake en général. Elle continue son action associative en faveur des Mélanésiens, notamment sur le plan culturel : elle participe ainsi à la création en 1990 de l'Agence de développement de la culture kanak (ADCK), prévue par les accords de Matignon, et en prend la présidence du conseil d'administration, devenant l'un des principaux artisans de la réalisation du Centre culturel Tjibaou. Elle est très active pour faire connaître et reconnaître l'art mélanésien.
Mais son militantisme ne s'arrête pas là. Elle est également présente dans le domaine social, avec notamment l'association « Violences sexuelles » qu'elle fonde en 1992 ou en tant que vice-présidente de l'association pour la protection contre les abus d'alcool (APAA). Ce militantisme lui vaut d'être membre du Conseil économique et social de la Nouvelle-Calédonie jusqu'en 1999, puis au CES national où elle est nommée en tant que membre du Groupe des représentants de l'outre-mer en septembre 1999. Depuis 2004, elle siège au CES national au sein du groupe des personnalités qualifiées dans le domaine économique, social, scientifique et culturel.
Aujourd'hui elle milite pour dépasser la « logique des blocs » traditionnels, indépendantistes contre loyalistes.
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