Dans les airs, sous l'eau au milieu des coraux, sur les sentiers de montagne au cœ,ur de la forêt primaire, « Faut pas rêver » et Patricia Loison invitent, le vendredi 13 août 2010 à 20h35, à une découverte multicolore de l'autre côté de la terre, la Nouvelle Calédonie.
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Appelée familièrement « le caillou », la Nouvelle-Calédonie est en fait une pierre précieuse ! Un festival de sensations et de couleurs : le bleu turquoise du plus grand lagon du monde, le vert d'une végétation luxuriante, le rouge des mines de nickel, le noir des roussettes que l'on guette à la tombée de la nuit...
Après le premier choc visuel, vient le temps des rencontres. Au cœ,ur de la « brousse » comme dans les îles Loyautés, personne ne pénètre dans les tribus kanakes sans faire la coutume : une offrande et un premier échange comme passeport indispensable pour comprendre la vie sur cette île du bout du monde où l'on déportait encore les bagnards au début du 20e siècle.
Un œ,il sur le caillou
Depuis plusieurs années, la province sud de la Calédonie a décidé d'intensifier la surveillance de son territoire face aux pollutions et abus en tout genre.
La province s'est dotée d'un hélicoptère .A son bord : Martial Dosdane. Il n'est ni gendarme, ni homme de loi, Martial est photographe. Dans son objectif, il traque tout ce qui fait du tort à la nature et effectue des missions pour la province. Pollution, installation illégale de squat, reboisement de sites miniers, les photos de Martial servent avant tout de témoignages mais aussi de preuves. Martial est aussi un artiste. A chaque vol, la Calédonie lui offre un visage différent. « En 15 ans de photos aériennes je n'ai jamais été blasé ». Entre lagon, forêt noyée et même les impressionnants sites miniers, la Calédonie offre une multitude de paysages et de photos réussies.
Pêcheuses de Crabe
Dans le Pacifique sud, les pêches côtières constituent depuis toujours une activité de subsistance. En Nouvelle-Calédonie, le crabe de palétuvier, surnommé le «gardien de la mangrove» est l'une des principales ressources des tribus côtières.
C'est dans la mangrove que ces crustacés trouvent refuge. La grande majorité des pêcheurs est composée de femmes. Armées d'un bâton avec un crochet, elles se déplacent à pied au milieu des racines de palétuviers pour essayer de les extraire des trous où ils se trouvent à marée basse. Cette activité, très éprouvante physiquement, est leur principale source de revenus.
Nous avons partagé la vie des pêcheuses de la tribu d'Oundjo, à 300km au nord de Nouméa. Du moins c'était le projet de départ. Car parfois, lorsque l'on tourne un reportage, les choses ne se passent pas comme prévu....
Passion Bagne
Pendant des années, les Calédoniens ont voulu rayer le bagne de leur histoire et de leur mémoire. Archives détruites, bâtiments rasés, pierres utilisées pour remblayer les baies de Nouméa, tout était bon pour effacer cette « tache ».
Pourtant les choses commencent à changer. Désormais, l'histoire du bagne est enseignée dans les écoles et les descendants des bagnards n'hésitent plus à revendiquer cette filiation. Une évolution des mentalités due en partie à des hommes comme Alain Fort. Arrivé en 1972, sans rien connaître du bagne, il s'est passionné pour cette histoire indissociable de celle de la Nouvelle-Calédonie.
Le Juge de Brousse
Pendant 3000 ans, les Kanaks vivent seuls sur leur terre, élaborant la coutume, un ensemble de règles non écrites qui régissent la société.
Avec la colonisation par la France en 1853, tout change. Elle impose un système de valeurs, où les Kanaks, citoyens de seconde zone, ne jouissent d'aucun droit civil. Leurs conflits se règlent entre eux, sans ce que cela intéresse la République.
Il faut attendre les accords de Nouméa en 1998 pour que soit reconnue officiellement l'identité kanak, leur droit à être régi par la coutume pour tout ce qui relève du droit civil.
Des juridictions coutumières sont alors mises en place avec un juge métropolitain, entouré d'assesseurs kanaks. Daniel Rodriguez est l'un de ces juges. Arrivé il y a dix ans en Nouvelle Calédonie, sans la moindre préparation au droit coutumier, il s'est passionné pour ce peuple, sa culture, son histoire. Surnommé le « juge de brousse », il refuse de voir dans ce droit une sorte de folklore et tente de corriger l'image que se font les Kanaks de la justice pénale.
Le Chapitô
Le « Chapitô » est une salle de spectacle itinérante. Kris et Anne-Sophie Arzul ont créé une association qui a pour but d'aller au-devant des populations dans les provinces de Nouvelle- Calédonie et décentraliser les spectacles.
Les seules salles qui existent sont à Nouméa, ailleurs, c'est le désert culturel...
En 2009, première année de tournées, ils se sont déplacés dans une vingtaine de communes et ils ont accueilli sous leur chapiteau plus de 25 000 spectateurs.
Cette année encore, partout où ils passent, ils font salle comble. Le spectacle est gratuit, subventionné en totalité par le gouvernement et les communes locales.
La troupe est composée d'artistes et de techniciens, de kanaks et de caldoches mélangés. Avec leur spectacle « Cabaret », ils proposent aux spectateurs déroutés une soirée festive et humoristique, avec strass et paillettes à gogo.
Les bénitiers rouleurs
Vous avez déjà mangé du bénitier? Les néo-calédoniens en raffolent. Un peu trop malheureusement car la population de ces gros coquillages décline.
La tribu de Hyabé, dans le nord-est de l'ile, a décidé de prendre son lagon en main et de le repeupler en bénitiers rouleurs, une espèce locale appelée comme cela car elle se déplace en roulant au gré des vagues.
Jean-Pierre Séraphin, un habitant de Poum, a trouvé une technique originale de reproduction. Avec la tribu, ils ont travaillé ensemble pour amener les bénitiers dans le lagon de la tribu. Une belle histoire d'entraide entre voisins, caldoches et kanaks, pour sauver leur bien commun : les bénitiers rouleurs.
Stockman
Ghislain Santacroce est stockman, c'est le terme employé en Nouvelle Calédonie pour désigner les éleveurs de chevaux. A 58 ans, le chapeau toujours vissé sur la tête, il pratique l'élevage extensif de plus de 1000 bovins à la manière des cow-boys du far West. Contraint dans les années 1980 d'abandonner l'exploitation qu'il dirigeait dans l'Est de l'île, ce Corse d'origine au caractère bien trempé s'est installé, il y a 25 ans, sur la côte ouest de la Grande-Terre, inhospitalière et qualifiée de désert. Il a planté le drapeau français sur sa propriété, fier du travail accompli.
Ghislain Santacroce adapte ses méthodes de travail et modernise son exploitation. Il souhaite laisser à ses enfants une entreprise rentable et qui respecte l'environnement. Mais les temps changent et la pression immobilière menace un art de vivre au plus proche de la nature.
Mariages japonais
La Nouvelle- Calédonie est une destination de prédilection pour la célébration des mariages japonais. Des mariages « à l'européenne », en robe blanche, avec cérémonie religieuse, bénédiction et champagne à la clé. Mais ces unions n'ont aucune valeur juridique : ce sont des mises en scènes savamment orchestrées par deux agences de mariages basées à Nouméa et qui se partagent le marché.
Les couples, le plus souvent déjà mariés officiellement au Japon, viennent réaliser ici leur rêve de mariage romantique. L'engouement des Japonais pour la Nouvelle- Calédonie a pour origine le livre « L'île la plus proche du paradis » de Katsura Morimura, un best-seller au Japon paru dans les années 60 et adapté au cinéma avec succès dans les années 80.
L'île la plus proche du paradis était située dans le roman à Ouvéa, une des îles Loyauté au large de la Grande Terre. Depuis, cette île est toujours une destination très prisée pour les « faux » mariages.
- Présentation : Patricia Loison
- Rédaction en chef : William Garit
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- Réalisation : Damien Vercaemer
- reportages de Fanny Pernoud et Olivier Bonnet, Arnaud Blin et de Patrick Boileau, Corinne Glowacki et Philippe Bigot, Antonin Broutard.
Voir le blog de Patricia Loison : http://fautpasrever.france3.fr
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