Le cancer n’est plus une fatalité

L'Institut National du Cancer lance une grande campagne qui prend trois formes. Tout d'abord, il lance un nouveau site « Cancers, il y a des moyens pour agir ». Puis il reprend et prolonge la campagne de 2007 « Nous sommes 2 millions de héros ordinaires ». Cette campagne est faite sous deux formes : des spots télévisés pendant tout le mois de juin et une exposition de quarante portraits, « ces héros ordinaires », au parc de la Villette.

Ne plus parler du CANCER mais DES CANCERS

La priorité aujourd'hui est de changer le regard de l'autre sur le cancéreux. Un changement de terminologie s'impose , on ne parle plus du cancer mais des cancers. Malgré tout, selon un sondage effectué par INCA/Ipsos Santé, pour 92,3 % des Français, le cancer est la maladie la plus grave , à l'évocation du cancer, trois mots viennent à l'esprit : maladie, mort, douleur. Il est caractéristique de constater que le mot « cancer » est utilisé en métaphore des maux les plus redoutables. Pour deux tiers des sondés : « On préfère ne pas y penser » et pour un tiers : « Moins on en entend parler, mieux on se porte. » Cette politique de l'autruche est un frein à la prévention et au dépistage. Pour dépasser ces préjugés, l'INC passe à l'action. Il veut faire d'un mal abstrait une maladie identifiée. Il est important de donner des moyens de compréhension aux patients, ainsi qu'à leurs proches, à leur entourage. Le site de l'Institut National pour le Cancer www.e-cancer.fr a créé une branche « Cancers, il y a des moyens pour agir » qui a cette fonction. Ce site a une vocation informative et pédagogique.

Marcel

On y apprend que le nombre de cancers est en augmentation de 3 % par an, ce qu'il faut relativiser avec l'allongement de la durée de la vie. 30 % des cancers sont évitables, grâce à un dépistage précoce. On connaît les facteurs de risques, le tabac, l'alcool, une nutrition inadaptée, le manque d'exercice physique. On connaît aussi les familles à risques. Le cancer du sein de mère en fille n'est pas une fatalité si la fille fait très tôt des mammographies. Une bonne nouvelle, la mortalité est en baisse. Entre 1980 et 2005, le risque de mortalité par cancer a diminué de 24 %. Selon des chiffres parus dans Libération, le taux de survie avec les traitements est de 55 %. Ces chiffres varient en fonction des cancers. Il y a 85 % de chance de survie pour un cancer du sein et 8 % pour un cancer du foie. Car les progrès accomplis ces dernières années sont réels : la recherche avance, les traitements s'améliorent et il y a aujourd'hui des cancers que l'on guérit.

Un site qui répond précisément aux questions

Cet espace « Cancers, il y a des moyens pour agir » est un outil de vulgarisation qui tente de répondre aux questions qui sont le plus fréquemment posées. La navigation est aisée. La page d'accueil propose quatre volets : « Prévenir », « Détecter tôt », « Soigner » et « Chercher ». Chaque volet s'ouvre sur une série de personnages qui se font l'écho de questions sur les cancers, telles qu'elles se posent dans la vie quotidienne. A chaque question correspond une réponse brève et directe. L'internaute qui souhaite en savoir plus peut cliquer sur « aller plus loin » et ainsi avoir accès à un chapitre développant des contenus plus précis.
Il est possible de naviguer à l'intérieur du site par le moyen plus classique qu'est le menu déroulant. Le site comprend aussi des animations pédagogiques pour comprendre en images.

Jean-Marc

Prévenir

Ce premier volet se subdivise en quatre chapitres : « l'importance de la prévention », « les conseils pour réduire les risques de cancers », « le rôle de certains agents infectieux », « la part de l'environnement dans la survenue de cancers ».
Ce dernier chapitre fait le point sur l'état des connaissances sur le lien cancers/environnement, dont la part de responsabilité reste toujours difficile à évaluer. La majorité des cancers liés à l'environnement provient de l'exposition à des substances cancérigènes dans le cadre professionnel, la part de ces cancers professionnels étant évaluée entre 4 et 8,5 % de l'ensemble des cancers en France, et concerne majoritairement les hommes.

Détecter tôt

Ce deuxième volet se subdivise en cinq chapitres : « l'intérêt du diagnostic précoce », « qu'est-ce que c'est que le dépistage ? », « les cancers qui se dépistent », « les examens de dépistage », « quelques conseils ».
Ce dernier chapitre donne trois conseils : « Se connaître », « Etre attentif aux signaux d'alerte » et « Suivre les recommandations de dépistage ».

Soigner

Ce troisième volet se subdivise en cinq chapitres : « Le diagnostic », « La décision de traitement », « Les différents traitements », « Les soins de support », « L'exigence de qualité ».
Les « soins de support » est un chapitre fondamental. Car soigner un cancer, ce n'est pas seulement s'attaquer à la tumeur, c'est soigner une personne dans une approche globale, intégrant la prise en charge des conséquences du cancer et de ses traitements (douleur, problèmes psychologiques, troubles alimentaires, etc.).
« L'exigence de qualité », c'est un dispositif d'annonce, des réunions de concertation pluridisciplinaire, programme personnalisé de soins. Ces mesures sont autant de garanties d'une bonne prise en charge des patients qui sont en droit de les réclamer dans leur établissement de santé.

Chercher

Le quatrième et dernier comporte cinq chapitres : « Le b.a.-ba de la recherche », mettant l'accent sur les interactions entre recherche fondamentale et recherche clinique , « Chercher pour mieux comprendre ». Dans ce chapitre, on y trouve la description de nouvelles disciplines en plein développement : la génomique, l'épigénomique, la protéomique. Le troisième chapitre, « Chercher pour mieux prévenir », donne quelques clés d'interprétation des études qui font souvent l'objet de reprises extrêmement simplificatrices sur les prétendus liens entre cancer et tel ou tel aliment ou phénomène. « Chercher pour mieux détecter les cancers » et « Chercher pour mieux soigner » sont les deux derniers chapitres.

A vocation pédagogique, ce site permet sinon de maîtriser la maladie, du moins de mieux la comprendre. Il peut être utilisé par le patient comme par son entourage de façon simple et quasiment ludique. Une version DVD sera bientôt disponible pour tous ceux qui n'ont pas Internet.



Parallèlement à ce lancement, dans le parc de la Villette, sont accrochés les portraits de « 40 héros ordinaires ». Ces héros ont été victimes de cancers et sont en rémission. Le lieu n'a pas été choisi au hasard. Le parc de la Villette est un lieu de rencontre et de brassage. Cette campagne permet donc de toucher des gens très divers et ordinaires. Chacun peut se reconnaître dans les portraits et se dire : « Cela pourrait être moi », « Cela n'arrive pas qu'aux autres ». Ces personnages sortent de leur cadre le temps d'une campagne télévisée. Ils racontent simplement leur maladie et leur vie avec, pendant et après. Mais ces héros sont-ils des héros ordinaires ? Un héros fait un choix qui l'amène au statut de héros. Le cancéreux n'a pas le choix, si ce n'est celui de vivre ou mourir. Le cancéreux serait plutôt un anonyme extraordinaire, devenant acteur malgré lui de sa propre vie.

Par Marie Catherine Chevrier