Collections Proche-Orientales - Musée Branly

Alors que l'exposition 'L'Orient des femmes vu par Christian Lacroix' s'installe au musée du quai Branly du 8 février au 15 mai 2011, revenons sur l'histoire des riches collections proche-orientales du musée.

Nées à l'aube du 20e siècle, les collections du Proche-Orient comportent des objets variés, reflets
des sociétés dont ils sont issus, mais surtout de riches costumes traditionnels, mémoire des populations nomades et citadines de cette région et des communautés et ethnies qui s'y côtoient. Ces collections sont les héritières des collections du musée de l'Homme, qui se sont constituées à partir de l'entre deux guerres sous l'impulsion de grandes personnalités scientifiques. L'historien et archéologue Robert du Mesnil du Buisson, le mécène Claude Schaeffer ou le directeur de l'Institut français d'archéologie et d'art musulmans de Damas Eustache de Lorey figurent parmi leurs premiers grands donateurs.

L'accroissement des collections est également dû à des missions ethnographiques effectuées sous l'impulsion de Robert Montagne. En 1931, cet ethnologue prend la direction de l'Institut français de Damas et introduit les études de terrain sur la société proche-orientale. Il y associe des collaborateurs locaux au statut d'observateurs. Parmi eux, deux militaires : Albert de Boucheman et Pierre Rondot.

Le premier se consacre à l'étude des tribus moutonnières de Syrie et du Moyen Euphrate. Il recueille auprès des Arabes Sba'a un riche ensemble d'objets de la vie quotidienne qui intègrent les collections du musée de l'Homme, dont un majestueux palanquin de fille de chef. Le second s'investit dans l'étude des minorités kurdes qui vivent sur le territoire syrien. Il s'intéresse plus particulièrement à l'habillement kurde traditionnel et collecte des costumes masculins et féminins constituant ainsi, pour le compte du musée de l'homme, une collection pionnière donnant, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, un aperçu assez complet des costumes vestimentaires kurdes.

En 1951, Claudie Fayein, médecin et ethnologue, se rend au Yémen. Au cours de ses voyages, elle collecte divers objets évoquant le quotidien du peuple yéménite dont elle fait don au musée de l'Homme.

A sa suite, Joseph Chelhod, spécialiste de l'Orient arabe, se tourne vers le Yémen et y entreprend des études ethnologiques. Parallèlement il effectue des investigations sur la vie sociale de Bédouins de Jordanie et du Néguev. Ses collectes enrichiront les collections du musée de l'Homme de nouveaux témoins de la vie rurale et nomade du Proche-Orient.

En 1974, Dominique Champault entame, après ses recherches consacrées au Maghreb, des travaux de terrain au Yémen et rejoint en 1974 l'équipe dirigée par Joseph Chelhod. Parallèlement elle assure la direction du département d'Afrique Blanche et du Levant au musée de l'Homme qui portera par la suite le nom de département d'Afrique du Nord et du Proche-Orient. Pendant vingt ans, elle parcourt ces régions, recueille des objets et constitue ainsi un ensemble de plus de six cents pièces qui intègrent les collections du musée de l'Homme. Elle parvient aussi à susciter d'importantes donations dont la remarquable collection de costumes que Jacques d'Aumale a constituée au cours de dix neuf années passées en Egypte et en Palestine.

A la fin des années 1990, des objets continuent d'intégrer les collections du musée au rythme des dons, des achats et des missions. L'ensemble de ces collections ont intégré le musée du quai Branly en 2006.

Par Nicole Salez