Antonio Moya, fil rouge de la deuxième mi-temps

Antonio Moya est un grand guitariste, enfant de Nîmes et fils adoptif du clan des Pinini, famille de Pedro Bacán. A écouter à partir du 17 18 janvier 2012 au théâtre de Nîmes

Antonio Moya entre en scène le mardi 17 janvier aux côtés du cantaor Jose de la Tomasa. Ce Nîmois, qui a grandi du côté de La Placette, qui est reparti dans le pays de ses origines, une guitare sous le bras, est devenu une figure incontournable du flamenco gitan actuel. A peine débarqué en Andalousie, Pedro Bacán l'adopte, l'intègre au clan des Pinini et l'emmène faire le tour du monde avec le clan.

Depuis sa prime jeunesse, Antonio vit à Utrera. Avec la disparition de Pedro Bacán, il devient le dépositaire du toque gitan de l'axe Lebrija-Utreja qui rassemble les clans des Pinini et des Perrate. Il fait œ,uvre d'ethno-musicologue en enregistrant les vieux chanteurs, souvent amateurs, qui détiennent des formes primitives de cantes, en voie de disparition.

Le mercredi 18, il assiste Corinne Savy pour sa conférence « La performance flamenca selon Pedro Bacán ». Mari Peña, chanteuse et femme d'Antonio, complétera le trio. Le vendredi, il file à l'Odéon pour accompagner Eva Luisa dans le spectacle « Acuérdate ». Le Gitan d'Utrera redeviend l'espace d'un soir le Nîmois qui joue pour une Nîmoise.

Inés Bacán

Le samedi, il replongera dans la fournaise du cante gitano pour un concert acoustique avec Inés Bacán. Depuis la mort de son frère Pedro, Antonio Moya a soutenu sans faille celle qui ne sait pas feindre. Son chant n'est pas canalisé, pas domestiqué. Elle chante ses douleurs sans détour, elle invective le ciel telle une démone sortie des enfers. Elle n'édulcore pas le sentiment, elle le livre sans précaution. La guitare d'Antonio Moya la soutient, l'élève, la retient, la tempère ou la jette encore plus loin dans ce don de soi.

Un moment unique où la sophistication n'est pas de mise. Un moment fort de ce festival.

Lire aussi Festival Flamenco 2012

Par Marie Ningres