L'expo Niki de Saint Phalle, à voir absolument

L'exposition sur Niki de Saint-Phalle est emballante. Elle l'est de deux points de vue. L'œuvre montrée couvre l'ensemble de sa carrière de manière exhaustive ; la scénographie est parfaite.

Chaque salle a une destination et une explication. Et les grandes salles permettent une circulation agréable malgré la foule qui se bouscule. Beaucoup d'enfants suivent la progression de cette femme frêle, joyeuse et dévastée de l'intérieur. Toute son œuvre est l'expression de cette dualité. Le résultat est poignant et hilarant.

La rebelle a tiré des cartouches de peinture sur tous les pans de la société patriarcale. Ces performances sont le vrai commencement de son œuvre.
Le résultat de ces séances de tir n'est pas nécessairement le plus intéressant du strict point de vue artistique. Mais cela pose les débats.

Une fois pour toutes, Niki de Saint-Phalle est en marge, en marge de tout courant artistique ou de tout courant de pensée. Elle met en scène son imaginaire, lui donnant vie, que ce soit dans l'infiniment grand ou l'infiniment petit.

 Cheval et la Mariée, 1963, composé de tissu, jouets, objets divers, grillage (Sprengel Museum, Hanovre) © BPK

Au hasard des salles, « L'accouchement » blanc et ses curés posés sur la manche de la parturiente, ricanant de l'enfantement dans la douleur, et les chevaux et taureaux de combat sortant au galop de son ventre ; ses mariées longues et pâles, ses femmes opulentes et colorées, ses têtes de mort à paillettes.

« La promenade dominicale » qui met en scène un couple à la Dubout, une grosse dame, tout en couleur qui donne le bras à un petit monsieur, au chapeau gris, qui tient en laisse une énorme tarentule.Y-a-t-il manière plus cinglante de montrer la médiocrité du quotidien ? Ou encore la femme à tête de mort, bigoudis sur la tête, face à sa coiffeuse. Tout est dit sur le regard que Niki de Saint-Phalle porte sur la place des femmes dans la société. Elles sont filles, mères, épouses avant d'être femmes, avant d'être libres.

Il est étonnant de voir tous ces gens pris dans le moule de l'éducation et de la bienséance se bousculer pour voir les œuvres d'une femme qui leur tirait symboliquement dessus.

Cette exposition est une grande bouffée d'oxygène. Et une leçon de vie. Le malheur et le désespoir peuvent être dépassés pour laisser courir ses phantasmes. Et regarder une œuvre de Niki de Saint-Phalle, c'est comme regarder au travers d'un prisme joyeux et ironique pour effectuer la diffraction de ses douleurs.

  • Par Marie-Catherine Chevrier

  • Grand Palais – Galeries nationales
  • Jusqu'au 2 février 2015
  • - Ouverture : tous les jours sauf le mar¬di de 10h à 22h. Fermeture à 20h les dimanches et lundis 
  • - Tarifs : 13 €, 9 € TR (16-25 ans, de¬mandeurs d’emploi, famille nom¬breuse). Gratuit pour les moins de 16 ans, bénéficiaires du RSA et du minimum vieillesse. 
  • - Accès : métro ligne 1 et 13 « Champs-Elysées-Clemenceau » ou ligne 9 « Franklin D.Roosevelt ». 

- Informations et réservations : www.grandpalais.fr

 

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