Les enfants terribles de la mode, Marithé et François Girbaud vont revenir. Liquidée fin 2013, leur société avait également dû se séparer de toutes ses boutiques. D’ici cet hiver l’inimitable marque de streetwear qui avait révolutionné le jean dès les années 1970, va refaire surface. Mais sans boutiques. Rencontre avec l’iconique Marithé.
Marithé Bachellerie - Photo Evelyne Dreyfus
Dans un espace de vente quelques portants côté hommes, quelques portants côté femmes. Et des addicts de la célèbre griffe que l’on croyait définitivement disparue, tous portant du « Marithé » tout naturellement. Ils tâtent le tissu, regardent la coupe. Oui, définitivement c’est bien du Girbaud ! Certains essaient les jeans derrière des paravants et repartent avec deux ou trois jeans comme s’ils n’étaient pas encore tout à fait convaincus qu’ils retrouvent leurs classiques.
Ces jeans (4 modèles pour femmes et 4 pour hommes) chics et impeccablement coupés, portent à l’évidence la patte Girbaud. Ils sont les premiers modèles du renouveau de la marque. Les visiteurs, prévenus par téléphone ou SMS (certains venaient de Bordeaux) semblaient aux anges, saluant avec effusion d’anciens collaborateurs de la marque. Car c’est avec eux que Marithé Bachellerie a recréé une société. Et pour ses clients, habillés mordicus en Girbaud et rien d’autre, que l’aventure recommence. Autrement. C’est à peine s’ils se rendent compte qu’arrive, le cou entouré d’une large écharpe rouge, la créatrice elle-même. D’un regard circulaire et satisfait, elle semble heureuse d’être avec eux. On ne les a pas oubliés, elle et François, bien loin de là. Ces premiers jeans authentiquement Girbaud, créés par François Girbaud depuis les Etats-Unis où il vit, vont être suivis d’ici la fin de l’année, explique Marithé, d’une ligne en maille puis d’une autre en stretch. Des lignes courtes renouvelées tous les deux ou trois mois et dessinée par les deux créateurs.
Comment est née l’idée de ce retour ?
« Tant de nos clients, explique Marithé, nous y ont encouragés. Et puis, François et moi avons pu constater, à nos dépens, ce qu’il fallait à tout prix éviter. Finies les lourdeurs administratives, financières. Je suis devant une page blanche et ce qui nous est arrivé est peut-être un mal pour un bien. Nous allons pouvoir inaugurer une nouvelle forme de vente et revenir à la qualité des coupes et des tissus ».
De fait, il n’y aura plus de boutiques. La création sera permanente, sans look saisonnier. Elle sera vendue seulement lors de ventes événementielles, sur invitation, dans différentes villes de France. Une dizaine d’anciens collaborateurs ont contribué avec Marithé Bachellerie et François Girbaud à repartir sur de nouvelles bases. Plusieurs des sous-traitants historiques en Europe les ont rejoints. Et, last but not least, les deux fondateurs sont toujours propriétaires de la marque. Les vêtements porteront donc encore le logo Marithé+François Girbaud.
« Ultérieurement explique Marithé, nous vendrons certainement sur Internet mais uniquement pour les pièces les plus classiques que notre clientèle connait déjà bien. Pour le reste, il faut un contact physique, nos vêtements doivent être essayés ».
Par Evelyne Dreyfus
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