Un massage ayurvédique ? Exotique certes... Mais isolés de tout contexte, ces massages n’ont rien à voir avec une véritable cure ayurvédique dont ils ne sont que la partie visible. Une vraie cure aboutit à prendre conscience de ce qui est bon pour nous individuellement. J’ai essayé. C’est assez convaincant. Récit.
On a testé la cure ayurvédique
La cure ayurvédique, tout un art
La médecine ayurvédique, originaire de l’Inde, accorde une grande importance à l'histoire personnelle du patient, à ses antécédents familiaux, médicaux et professionnels ainsi qu'à son vécu psychologique jugés déterminants pour son état de santé. C’est en un premier temps un art de détoxiner l’organisme avant de le régénérer et de renforcer son système immunitaire.
La cure ayurvédique - Toutpourlesfemmes - Photo L. Tran
Comment se déroule une cure ayurvédique ?
Le plus souvent ces cures se déroulent au cours d’une semaine passée dans des centres spécialisés au calme à la campagne. J’ai choisi d’y ajouter une note de confort supplémentaire en décidant de l’essayer dans le centre de thalassothérapie de Pornic, seule thalasso en France à la pratiquer dans son intégralité.
JOUR 1 : je ne regrette pas mon choix : chambre superbe avec terrasse d’où je vois la mer, couleurs douces, jolie salle de bains, univers feutré. J’entre dans une bulle de sérénité où déjà je sens que je commence à me détendre. Je n’ai pas pu suivre, avant de venir, la préparation normalement demandée aux futurs curistes, la semaine précédant le séjour : éviter de manger trop de viande, d’abuser de café ou d’alcool par exemple. L’art d’habituer doucement l’organisme à déclencher la chasse aux toxines. On m’a préparé mon programme. Je découvre avec joie qu’on a ajouté à la cure stricto sensu quelques soins traditionnels à l’eau de mer. Et ça démarre.
La cure ayurvédique - Toutpourlesfemmes - Photo N. Gihr
Me voici, en peignoir blanc et tongs, prête pour la consultation préalable dans l’espace réservé à cette cure. Letizia, la thérapeute franco-indienne a le regard franc et sérieux. Son calme et son sens de l’écoute m’inspirent confiance. Elle semble avoir tout le temps pour moi. L’interrogatoire est complet et dure une heure et aboutira à des conseils diététiques et de relaxation. Elle me prend le pouls, regarde l’état de ma langue. Sur les trois Doshas (ou profils) majeurs reconnus par la médecine ayurvédique je suis à cheval sur deux d’entre eux : Vata et Pitta. Euh, oui ? Les explications me sont données. Une heure plus tard, je ressors avec un petit carnet mentionnant en détail quels aliments sont bons pour moi, les épices à consommer sans modération pour améliorer la digestion ou servir d’antidote à certains aliments, quand je dois manger et boire plutôt tempéré ou chaud, à quelles périodes il m’est conseillé de manger des crudités ou des aliments cuits. Et de quoi seront faits mes trois repas quotidiens pendant le séjour où je mangerai au restaurant Bio La Terrasse spécialisé dans les cures Detox et Ayurvédique. Aujourd’hui quartier libre. Je vais en profiter pour aller visiter à pieds le charmant petit port de Pornic. Et m’offrir une crêpe sucre-citron. Pas l’impression que ce sera au menu ce soir…
La cure ayurvédique - Toutpourlesfemmes - Photo N. Gihr
JOUR 2 : une demi-heure avant mon petit-déjeuner, on vient m’apporter de l’eau chaude à verser sur une rondelle fraîche de citron et quelques miettes de gingembre ainsi qu’un peu de miel. Ce sera mon rituel du matin pour favoriser mon équilibre acido-basique. Puis petit-déjeuner : un jus de pamplemousse frais, une tisane à base de fenouil et de gingembre, des galettes de riz, du miel et un verre de lait d’amande tiède. Dire que c’est un délice serait exagéré mais je reste convaincue que je me fais du bien.
Et puis je vais être récompensée d’ici peu par un magnifique massage ayurvédique d’1h30 dispensé par Letizia. Ce sera un « abhyanga suivi d’un kansu ». Un véritable bain d’huile à base de sésame tiède additionnée d’une huile thérapeutique détoxifiante. Franchement si après ça ma peau se plaignait d’être sèche, il y aurait un problème. Le but est d’éliminer un maximum de toxines à travers l’action de ces huiles. En tout cas c’est enveloppant, planant, réconfortant et d’une incroyable douceur. Ca commence par la tête et ça finit par les pieds. Lovée sous des serviettes tièdes je profite pleinement de la fin de la séance d’aujourd’hui qui s’achève par un long massage des pieds à l’aide de bols en métal qui glissent sur le beurre clarifié utilisé comme baume de massage. Au sortir de la cabine, je suis sur un petit nuage au point de ne même plus penser à mes cheveux huileux. Dans un état de relaxation totale, je suis juste bonne à m’abreuver d’une tisane distribuée à volonté dans les espaces d’attente puis à passer cinq minutes dans le sauna. Et me voilà prête pour mon premier déjeuner ayurvédique sans protéines animales.
La cure ayurvédique - Toutpourlesfemmes - Photo K. Golic
Pour le déjeuner ce sera un petit verre d’un liquide aux couleurs douteuses et plein d’épices servi comme un apéritif. Pas mauvais. Puis, l’ensemble de mon repas est apporté sur un plateau : extraction de betterave rouge à boire pour commencer. Puis, et à manger dans cet ordre : semoule aux raisins secs, mesclun de salade, aubergines sauce curry, mash de pommes de terres et chou-fleur aux herbes. Et pour finir comme chaque midi et chaque soir une tisane cardamome, cumin, fenouil. Ce soir nous sommes juste deux femmes au restaurant la Terrasse, tous les autres clients de l’établissement s’étant réservés pour la soirée fruits de mers au restaurant gastronomique. Ce qui m’épate c’est que même les serveurs sont en mesure de m’expliquer les bienfaits de ces aliments et les raisons qui font qu’on doit les manger dans un ordre précis.
Les repas des jours suivants seront analogues, avec des variantes en termes de légumes et de céréales. Je vais assister, en ce qui me concerne, à une véritable déprogrammation de ma façon habituelle de manger et, psychologiquement, je trouve cela astucieux parce qu’on évite de comparer ce qui n’est pas comparable. Je me mets à prendre conscience de la qualité nutritionnelle et digestive de ce que je mange. Je trouve les mets plutôt bons. Aucune sensation de faim avec ce régime mais dire que c’est gastronomique serait exagéré. Les massages, eux, vont différer d’un jour à l’autre mais c’est toujours le même bonheur pendant une heure trente.
Dehors il fait doux et gris, la mer est aussi calme qu’un lac. Et de toute façon je me dis que la thalasso à ceci de bien : s’il fait beau, il suffit de pousser la porte pour être devant la mer. S’il pleut ou s’il fait froid, on s’occupe de vous à l’intérieur et, par la fenêtre, on peut en toute quiétude voir le rythme des marées.
Chaque soir on me confie un gratte-langue en bois que je dois utiliser le matin pour débarrasser ma langue d’éventuels dépôts. Avant de me coucher je prends deux comprimés faits d’un complexe de plantes destinées à faciliter la digestion et le transit. La bonne santé des intestins semble un élément central de cette médecine exotique.
Au fur et à mesure, et parce que je suis dans un établissement de thalassothérapie, je vais aussi avoir droit à un enveloppement d’argile de Moutiers, à une douche à affusion d’eau de mer chaude et au lit hydromassant. Rappelez-moi déjà, c’est quoi le stress ? A vrai dire je me sens même un peu molle. Letizia m’a dit ok pour un petit expresso par jour (une vieille habitude) et sur la terrasse, avec l’air marin, je le bois mais, dirait-on, avec moins d’envie que de coutume.
Un petit extra
Il y a deux autres spécialités dans ce centre de thalasso qui m’intriguent et que je vais essayer en plus : l’Oligoscan et le Physioscan, des examens non invasifs qui sont néanmoins pratiqués par un médecin. Le premier, grâce à un sonde placée sur la main, me permet de savoir en quels oligo-éléments ou minéraux je suis carencée et ce que je devrais manger pour en avoir davantage dans mon organisme. Le deuxième est un très curieux appareil qui scanne absolument chaque partie de notre organisme et permet de visualiser les points faibles, les blocages. Ce n’est pas un diagnostic mais une alerte sur les points faibles. Le Physioscan fonctionne sur le principe des résonnances cellulaires, toutes nos cellules ayant une longueur d’onde bien précise qui communique avec les ondes des autres cellules. A travers un casque, le médecin effectue ensuite une « réinformation » des cellules qui apparaissent faibles pour remettre la longueur d’onde de leur fonctionnement optimum à niveau. On ne sent rien, on entend jusque quelques petits bips plus ou moins longs. Mais c’est assez bluffant, sans interrogatoire préalable, de voir la machine détecter les organes où vous-même savez avoir des faiblesses.
Fin de cure
Ma cure s’achève. Ce que j’en retire ? J’ai trouvé curieux d’entrer dans ce temps qui s’étire, où on marche plus lentement, où je ne faisais pas que regarder distraitement ce qui se passait dehors ou dedans mais à vraiment le voir. Etonnant de penser à mes sensations auxquelles habituellement je ne fais pas attention, de m’apercevoir que je n’avais pas vraiment réalisé que j’avais des zones de tension. Je me suis sentie, tout au long du séjour comme hors de danger, à l’abri de toute agressivité. J’ai accepté l’idée de l’aliment vu comme un médicament. La digestion, à l’évidence se fait plus facilement. Je me soins moins gonflée. Et après ? De retour chez moi je n’ai pas bouleversé ma façon de vivre. Mais j’ai adopté le principe de trois jours par semaine sans protéines animales qui m’a été recommandé, je saupoudre de nombreux plats de curcuma (comment ai-je pu m’en passer jusqu’ici !), je bois mon jus de citron tiède au gingembre au réveil et je me dis que quelques jours de ce type de cure par an, c’est un vrai cadeau à s’offrir. La formule « prends soin de toi » prend ici tout son sens.
Une cure de 6 jours Ojas-Ayurveda (il en existe aussi une de 4 jours) est commercialisée à 1100 € les 6 jours et à 732 les 4 jours sans l’hébergement.
Plus de renseignements : thalassopornic.com
Evelyne Dreyfus
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