Je ne sais pas si toutes les croisières s’amusent mais on peut s’y amuser. Pour qui n’en a pas l’habitude la croisière classique est une expérience en soi. Entre village-club, fantasme d’amoureux et survol de villes portuaires. Un joyeux amalgame de motivations fort diverses et de situations parfois comiques. Les croisières classiques d’aujourd’hui n’ont qu’une lointaine parenté avec la grandeur de celles d’antan.
Les nouvelles croisières
Je l’avoue, je ne suis pas experte en vacances sur mer ferme mais l’idée d’habiter dans un hôtel qui flotte et d’où je peux contempler la grande bleue à ma guise de jour comme de nuit et sous des angles divers m’intéressait. Nous y voici en ce début de mois d’août.
C'est l'heure du départ - Con te partiro - Tendance voyage - les croisières - Toutpourlesfemmes
Peu attirée par les masses (j’ai choisi cette croisière « Néo-Collection » Costa de 12 jours pour ses paquebots plus petits -1200 passagers quand même et 500 membres d’équipage- et ses escales plus longues), je décide d’emblée de voir l’humour au bout de ma lorgnette et je ne serai pas déçue. A 17h30 le jour de l’embarquement, une nuée de bibendums rouges dont je fais partie sortent sur le 6ème pont à l’appel du personnel de sécurité à bord. Tout le monde sur le pont et sous les chaloupes, gilet de sauvetage rouge noué comme on peut, pour écouter en quatre langues les consignes destinées à nous éviter un effet Titanic. Au cas où. Bienvenue à bord. On peut lever l’ancre.
Malte en point de mire - Tendance voyage - les croisières - Toutpourlesfemmes
Après trois coups de corne de brume aux sons longs et graves, l’hôtel flottant bouge et dans les haut-parleurs la voix d’Andrea Bocelli chante son célèbre « con te partiro » ( partir avec toi pour les non italophones ou, plus nostalgique encore en anglais, « time to say goodbye »). Dès lors, il s’agira pour moi de ne pas me tromper d’ascenseur, ni d’étage, de situer l’avant et l’arrière du bateau pour retrouver ma cabine. Sans illusion sur mon déplorable sens de l’orientation, je sais que jusqu’à la fin du séjour je vais à coup sûr me tromper d’itinéraire plus d’une fois mais le personnel, philippin pour la plupart, est compatissant.
Pompéi regarde le Vésuve qui regarde Pompéi - Tendance voyage - les croisières - Toutpourlesfemmes
UNE VIE ET UNE VILLE FLOTTANTES
Après avoir profité du confort de ma cabine extérieure avec hublot, picoré quelques fruits présentés sur une assiette, je dois me convaincre de m’adapter aux vibrations de mon matelas lorsque le bateau est en pleine mer. Heureusement la literie est impeccable et la cabine petite mais coquette.
C’est un spectacle impressionnant et, je le confesse, un moment d’émotion, de voir s’éloigner chaque soir un port inconnu ou y entrer au petit matin, d’assister aux couchers de soleil sur la mer ; une curieuse gymnastique de l’esprit de réaliser presque chaque matin qu’on est dans un pays différent. Je commence à me repérer à bord et prends gaillardement les bons ascenseurs. Curieusement en y entrant j’ai beau dire bonjour en français ou en anglais : ça semble incongru. En tout cas peu de personnes répondent. Le soir venu, certains troquent le short pour une tenue plus habillée avant de parcourir d’un pas lent les moquettes menant aux différents bars, au casino, à l’espace musique classique ou aux boutiques rarement ouvertes et où les accessoires pailletés de Guess le disputent aux strass de Swarowski.
Rien d’affolant en somme. Manger semble être une occupation en soi et regarder, même à l’heure du goûter, les montagnes de mini-sandwiches et pâtisseries que certains arrivent à empiler avec un sens certain de l’équilibre (des assiettes si ce n’est de l’équilibre alimentaire), suscite un étonnement admiratif.
Tous à bord, c'est l'heure du goûter - Tendance voyage - les croisières - Toutpourlesfemmes
Au fil des jours on remarque les passagers les plus festifs qu’on retrouve, de jour, autour de la petite piscine surpeuplée, au théâtre après dîner, aux activités de danse, voire à la boîte de nuit plus tard, et les contemplatifs. Ceux-là s’attardent longuement sur les ponts extérieurs jusqu’au dernier rayon du soleil couchant, s’installent au petit salon bibliothèque ou se retrouvent aux heures creuses dans un fauteuil confortable devant la mer, leur livre de vacances sur les genoux. Le Spa bien aménagé accueille quelques happy few hédonistes qui ne rechignent pas à la dépense en tout cas pour les soins esthétiques et de massage.
Bienvenue au Spa et au Salon de coiffure - Tendance voyage - les croisières - Toutpourlesfemmes
J’opte pour faire la plupart des excursions guidées même s’il est tout à fait possible de visiter seul et sur ces Néo-croisières, les escales sont plus longues que la moyenne. En règle générale, les excursions exigent que l’on soit descendu du bateau vers 8h30 pour grimper dans un bus dûment numéroté où nous attend un guide portant le même numéro. « Eh ben, même dans le bus « ils » réservent leur place » bougonne ce monsieur un peu contrarié, de bon matin, de devoir se mettre au fond du véhicule. « T’as vu la guide ? J’espère qu’elle est plus intéressante qu’elle n’est accueillante » claironne un second passager. Pas d’erreur : les râleurs français sont bien là. Mais, comme le souligne Gustavo Garcia, responsable des relations avec les passagers, les Français sont aussi ceux qui demandent le plus de sorties culturelles. Ouf, l’honneur est sauf.
FAUT-IL SUIVRE LES GUIDES ?
Première escale : la Sardaigne et sa somptueuse côte d’émeraude ainsi baptisée par le prince Karim Agan Khan IV qui avait lourdement investi ses capitaux le long des 55 km de cette côte dans les années 1960, signant ainsi le démarrage du tourisme sarde. Les capitaux de cette côte bénie des dieux sont désormais très majoritairement issus du Qatar. Reconnaissons que ces richissimes amoureux et quasi-propriétaires de la côte sarde l’ont préservée, qu’ils ont assaini les marécages et construit les routes jadis inexistantes et fourni du travail à un certain nombre de locaux.
Le long de ces plages couleur marine et turquoise (pardon : émeraude c’est quand même plus riche) se cachent fort discrètement quelques étonnants petits villages. Je m’approche de Porto Cervo, non loin du port d’Olbia, où je me faufile entre trois Rolls et deux Ferrari, une rouge et une noire. Ca vaut le coup d’œil : me voici dans un mini-port de plaisance où la mer berce avec précaution quelques uns des plus beaux yachts du monde. La placette centrale de ce village, créé de toutes pièces, abrite en plein air le café Ferrari dont les tables sont entrecoupées par quelques vitrines étalant des bijoux de luxe. Traversant la place, je tourne à droite le long de la boutique Erès et longe les vitrines de Chopard à côté de Bulgari puis de Dior.
Porto Cervo ou le Disney des Milliardaires - Tendance voyage - les croisières - Toutpourlesfemmes
Au-dessus du port un ensemble de longs bâtiments blancs semble désert. Sans doute son propriétaire, le président Poutine, a-t-il jeté l’ancre ailleurs. Je regarde la vitrine d’un magasin de fourrures très prisées en Italie et suis certaine que le propriétaire rêve de connaître le même sort que le précédent. Il avait un magasin de meubles et de décoration. Après avoir vendu en une seule journée pour 30 millions de lires de matériel (juste avant l’avènement de l’euro) il a tout simplement fermé boutique avant de la revendre aussitôt.
Bon reprenons la mer. Les jours prochains ce sera Capri qui semble, elle aussi faire collection de toutes les griffes de luxe du monde et qui offre un panorama à vous couper le souffle, puis Malte, ses remparts magnifiques et ses jardins en hauteur, l’Ile d’Elbe et sa maison des Moulins, refuge de Napoléon avant son retour… et juste avant Waterloo.
Lorsque Capri s'endort - Tendance voyage - les croisières - Toutpourlesfemmes
L’excursion que j’aurais vraiment pu éviter est celle promettant une matinée entière de farniente, pourtant joliment intitulée « Relax aux bains de l’empereur » annoncés comme les « prestigieux bains de Tibère ». J’ignore quel empereur de pacotille aurait aimé échouer là mais moyennant 69 € (avec une boisson incluse) je me serais bien passée de 4 heures sur un bord de mini plage survendue de 3 mètres de cailloux avec 6 rangées de chaises longues devant les rochers, asphyxiées comme moi par le manque d’espace, et dont il est impossible de s’échapper avant que la chaloupe veuille bien venir vous repêcher sur ordre d’un accompagnateur local quatre heures plus tard.
Capri Fashion au fil des rues - Tendance voyage - les croisières - Toutpourlesfemmes
Vers un autre soleil, demain - Tendance voyage - les croisières - Toutpourlesfemmes
COMIQUE DE SITUATION
A bord on rencontre toutes sortes de situations joyeuses : le couple de passagers russes en retard pour le départ de Sardaigne et qui oublie carrément de remonter à l’escale sicilienne, le passager qui demande s’il faut emporter son maillot de bain pour visiter l’aquarium de Gênes, le fiancé qui supplie l’équipage de le surclasser pour qu’il puisse faire sa demande en mariage dans une cabine avec balcon ou la passagère qui refuse les sirènes d’avertissement les jours de brouillard.
Chaque soir, sur le lit préparé de la cabine figure un quotidien de quatre pages indiquant le programme du lendemain. Et demain précisément les passagers qui le souhaitent pourront se faire tirer le portrait avec le capitaine. Une pensée émue et compatissante pour ce capitaine s’il doit, chaque semaine, se plier à cet éprouvant exercice mais bon, ensuite tous ou presque vont l’acheter cette photo à la boutique du pont 6 où elle sera exposée.
E la nave va - Tendance voyage - les croisières - Toutpourlesfemmes
Moi, j’attends la soirée du capitaine dont les amateurs de croisière m’ont toujours parlé. Ce sera un cocktail finalement, auquel j’ai l’honneur d’être conviée. Lequel sera bouclé en 15 mn chrono après une photo, à acheter ultérieurement, de chaque convive invité. Enfin, arrive le capitaine. Sous les applaudissements du personnel et, épuisé peut-être par les navrantes poses photo de la veille, il récite son discours préfabriqué lu en 4 langues. Dans la joie et la bonne humeur apparentes, il porte un toast à l’équipage, et aux aimables passagers et pffuit il s’en va. Nous aussi. Cela dit c’est peut-être plus rassurant, somme toute, de savoir qu’il retourne bel et bien gouverner ce Resort flottant. Il ne me reste qu’à monter au self pour dîner (j’ai renoncé vite fait au brouhaha de la grande salle de restaurant) puis passer un moment au théâtre où un ventriloque plutôt doué divertit son public.
Quitter le port à la tombée de la nuit, de quoi devenir romantique... - Tendance voyage - les croisières - Toutpourlesfemmes
Me revoici de retour sur terre ferme. Dans ma tête se mélangent un peu tous les lieux entrevus. La plupart des passagers ayant fait une croisière en referont d’autres. C’est statistiquement prouvé. Plusieurs d’entre eux, à bord, m’ont donné les mêmes raisons : c’est l’hôtel qui se déplace pour nous et nous n’avons aucun souci de bagage et surtout, disaient-ils, la croisière leur permet d’avoir un aperçu de tous les endroits où ils aimeraient revenir plus longtemps. Mais aucun d’eux, en plusieurs années de croisières n’était jamais revenu visiter plus longuement un de ces lieux.
A croire que les croisières rendent vraiment addictifs.
En pratique :
La Neo-collection Costa croisières s’adressent de façon privilégiée à des couples ; on y rencontre moins de familles avec enfants. Les paquebots utilisés sont de dimensions plus réduites (capacité d’environ 1500 passagers maximum) mais aussi plus anciens que les grandes unités de la compagnie et la part belle est faite aux escales, bien sélectionnées et d’une durée plus longue que le moyenne.
Toutes les informations sur http://www.costacroisieres.fr
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