Au Grand-Palais une rétrospective consacrée à Niki de Saint-Phalle (1930-2002) dresse le portrait d’une femme artiste du XXe siècle, l’une des rares à avoir reçu de son vivant la consécration. Celle qui joua un rôle de témoin engagé dans l’histoire dira souriante et dédiée corps et âme à la scène de l’art : « « J’ai décidé d’être très tôt une héroïne. Qui serais-je ? George Sand ? Jeanne d’Arc ? Napoléon en jupon ? »
« Prêt, visez, feu ! » Au Grand-Palais, Niki de Saint-Phalle femme artiste engagée et militante dévoile quelques vérités étroitement liées à ses préoccupations intimes. Catherine Marie-Agnès Fal de Saint Phalle est née à Neuilly-sur-Seine et a grandi avec ses parents à New-York. Elle est envoyée à l’école religieuse du Sacré-Cœur.
A 10 ans, son charme virginal est capturé par l’objectif des photographes qui font de son corps un objet de mannequinage. Revêtue par l’élégance légère et heureuse, elle devient mannequin. Ce sera son premier métier. Des images d’elle paraissent dans Vogue, Harpers’s Bazaar et en couverture de Life Magazine. Sa vie durant, elle ne se départit jamais de cette aura iconique de la beauté liée aux images de papier glacé liées à l’univers de la mode quand, devenue une artiste, elle est photographiée ou interviewée par la caméra.
Elle a deux enfants avec son premier mari, Harry Mathews mais doit lui confier leur garde, à la suite d’une très grave dépression survenue à son retour en France, en 1952. Internée à Nice, un médecin diagnostique une schizophrénie.
L’art s’impose, dès lors, comme sa barque de salut. Elle épouse, en secondes noces, Jean Tinguely. Ensemble, ils créent et conjointement elle développe son œuvre d’artiste où la folie, la force d’expression et l’humour se conjuguent.
Elle établit un pont entre les Ecoles française (les Nouveaux Réalistes) et américaine (Pollock, le Pop art) qui sévissent après la seconde guerre mondiale. Le corps de la femme est son sujet de prédilection. Ce corps féminin l’obsède et la fascine. De la déesse à la mère, en passant par la fille, c’est la femme dans tous ses états qu’elle figure. Elle invente des mariées inquiétantes puis ses célèbres nanas, démesurées, caricaturales. Des nanas qu’elle confectionne en laine, et tissus, puis en résine ou en plâtre peint,aux formes préhistoriques, blanches et noires, décorées de motifs géométriques ou floraux en all over.
Des corps-architecture, tel Hon (1961), une sculpture monumentale présentée au Moderna Museet à Stockholm dans lequel les visiteurs entrent, par le sexe,. Elle compare Hon à une cathédrale. Elle invente des parcours entre des baigneuses, danseuses, joueuses qui se tiennent en apesanteur qui amplifient tout en malmenant l’image de la féminité qu’elle incarne à l’image... Elle édite ses « poupées » en plastique gonflable. Niki filme et est filmée en artiste passionnée, interviewée, vue, effectuant des tirs sur des poches de peinture qui giclent sur la toile…et produit des tableaux.
Son discours féministe, révolté, rappelle, le combat mené, voir remporté et ses énoncés frondeurs et taquins: « Moi, je m’appelle Niki de Saint Phalle » l’imposent et l’exposent de manière quasi publicitaire et spectaculaire au cœur du monde audio visuel.
Dans, le Jardin des Tarots, un espace en Toscane, dans la nature uni à ses sculptures, lui est commandé. Elle le conçoit et le co-finance, de 1978 à 1988. Elle va au bout de sa vision et finit par emménager dans le ventre de l’Impératrice !
Sur le mode chrono-thématique, le pouvoir créatif de la femme s’exhibe sans tabous. Dans son livre publié en 1994, Mon secret, elle écrit qu’elle a été abusée par son père à plusieurs reprises, à 11 ans. En 1993, elle retourne vivre en Amérique, l’autre partie d’elle-même avec la France.
Du 17 septembre 2014 au 2 février 2015, au Grand Palais, à Paris.
Par Caroline Benzaria
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