A l'Hôtel des Arts de Toulon
Comme les peintres, la Méditerranée a inspiré les architectes modernes. Onze oeuvres phares nées des rêves des plus grands, présentées dans l'expo Domus Mae Nostrum. A voir à l'Hôtel des Arts à Toulon.
Lorsqu'en 1999, l'ancienne préfecture de Toulon devient l'Hôtel des Arts, centre d'art du conseil général du Var, le département vient de traverser une période noire de son histoire. Transformer ce lieu de pouvoir en centre d'art est alors un geste politique fort en faveur d'une politique culturelle engagée. Un rempart contre l'obscurantisme. Ses objectifs : porter un regard artistique sur les questions urbaines en Méditerranée et sensibiliser à l'art des XXe et XXI e siècles.
L'exposition
Domus Mare Nostrum
s'inscrit dans cette démarche. Elle présente, de manière à la fois fouillée et didactique, une réflexion sur les rapports complexes entre les architectes modernes du XXe siècle et la Méditerranée, des années 1930 à aujourd'hui.
La thèse de Jean-Lucien Bonillo, commissaire de l'exposition, est que les grandes périodes économiques et sociales du XXe siècle sont traversées par trois mythologies propres à l'architecture en Méditerranée :
- le purisme (l'idée d'un beau éternel et universel, héritée du monde classique)
- l'archaïsme (référence à la Grèce antique, au cosmos, au sacré, à la nature)
- et le réalisme d'inspiration régionaliste et populaire.
L'exposition a sélectionné onze œ,uvres phares caractéristiques de chaque sujet, situées principalement sur les rives de la Méditerranée nord occidentale. (1)
« L'architecture est un jeu savant, correct et magnifique des volumes sous la lumière », déclarait Le Corbusier, à la fois chef de file du mouvement moderne et porte-parole des architectes du sud. Ensemble ils établissent une parenté entre l'architecture vernaculaire des îles et pourtours de la Méditerranée et l'architecture moderne internationale : volumes simples, enduit blanc, toit-terrasse, organisation fonctionnelle de l'espace, à la mesure de l'homme.
De Le Corbusier à Alvaro Siza
« L'exposition propose plusieurs portes d'entrée », fait remarquer Ricardo Vazquez, directeur de l'Hôtel des Arts. Très documentée avec plans, maquettes, dessins, toiles, photos, elle ne décevra pas les professionnels qui y trouveront des documents rares. Mais elle est aussi très accessible au grand public et aux enfants. Dans chaque salle, à la manière du cabanon de Le Corbusier à Roquebrune, des sortes de cabanes permettent de découvrir en images les maisons souvent mythiques, nées du rêve des plus grands architectes de l'époque, généralement situées dans des cadres sublissimes. On y découvre aussi des réalisations anonymes et plus modestes.
Parmi les plus remarquables : la villa Sert à Ibiza par Joseph Lluis Sert, chef de file du mouvement moderne catalan, qui défend une architecture moderne solaire typiquement méditerranéenne.
Dans le film de Jean-Luc Godard Le Mépris (1963), Brigitte Bardot traîne son ennui allongée nue sur la terrasse d'une villa rouge pompéien avec un polar de poche posé sur les fesses en guise de string. Le film est tourné dans la mythique villa Malaparte construite à Capri pour le romancier italien par Adalberto Libera. Chaque fenêtre de la maison est un tableau sur la mer.
Fernand Pouillon et Roland Simounet vont revisiter le modèle de la casbah. Alvaro Siza, fondateur de l'école de Porto, a repris des traditions populaires dans sa villa Campers à Majorque.
L'Hôtel des Arts propose différents événements culturels liés à l'exposition, conférences, performances de dessin et audiovisuels, concerts, journées de jeux. Des activités de sensibilisation à l'art : parcours de découverte pour adultes, familles et scolaires, groupes, ateliers de création enfants et adultes.
www.hdatoulon.fr
(1) Le Corbusier et Pierre Jeanneret, Josep Llouis Sert, Adalberto Libera et Curzio Malaparte, Luigi Cosenza et Bernard Rodofsky, Fernand Pouillon, Roland Simounet, Hans Hartung, Jorn Utzon, Suzana et Dimitris Antonakakis, Elias Torres et Jose Antonio Martinez Lapena, Alvaro Siza.
Par
Ajouter un commentaire