Pour les amateurs de hip hop, il y avait un événement artistique à ne pas manquer fin novembre, c'était le Festival Kalypso. Retour sur un succès retentissant d'un art en pleine ascension.
Autour de la danse hip hop, le festival Kalypso a offert un large éventail de prestations artistiques innovantes et de rendez-vous professionnels fédérateurs du 16 au 30 Novembre 2013 à Créteil, au Blanc-Mesnil et à Sceaux, villes partenaires de l'événement.
Ce projet d'envergure titanesque porte la griffe de Mourad Merzouki qui conjugue les fonctions de chorégraphe, directeur du CCN de Créteil, organisateur, médiateur, acteur engagé de la culture hip hop en France et à l'étranger.
Pour les connaisseurs comme pour les néophytes, amateurs, passionnés, professionnels, de générations ou de cultures différentes, Kalypso a répondu à toutes les attentes, toutes les curiosités, toutes les interrogations sur la diversité de cet art généreux, capable avant tout d'ouverture et de partage.
Respirer à plein poumons
Pousser les portes de ce festival, c'est comme respirer à pleins poumons l'air iodé d'une mer démontée par le vent ! Le spectateur en prend plein la vue, écarquille les yeux d'étonnement, souffre devant les corps désarticulés des danseurs, retient son souffle à chaque acrobatie, applaudit à n'en plus sentir ses mains et termine en dansant avec son voisin, invité par les danseurs saluant un public euphorique et séduit.
Dans un tourbillon d'énergie vantant la fraicheur et la créativité de la jeunesse mais laissant aussi la place à l'expérience et à la réflexion des pionniers du hip hop, ceux de la première génération, Kalypso n'a oublié personne !
Rassembler les pères et les enfants de la culture hip hop et inviter le public à la rencontre artistique professionnelle est une belle initiative qui met en avant l'idée de communion entre les deux mondes. On aurait dit une gigantesque fête entre amis, un rassemblement tacite de personnes souhaitant faire connaissance avec son voisin et s'ouvrir à un univers qu'il ne connaît pas forcément.
Accompagner les jeunes
Mais au-delà du côté allègre, ce projet s'est également fondé sur une entreprise plus dense : l'accompagnement artistique de jeunes compagnies, la formation, la rencontre professionnelle, la sensibilisation à la culture chorégraphique et au spectacle vivant dans les établissements scolaires, le développement de partenariats entre structures européennes.
Toutes ces ambitieuses actions, subtilement pensées et abouties ont fait l'objet d'un programme riche, parfaitement réparti entre présentations de mini-spectacles de 10 à 50 min selon l'avancement des créations des compagnies auditionnées, shows professionnels, projection/rencontre du documentaire « Break Danse », ateliers pratiques et master-class, battle, séminaire « réseau Européen de danse urbaine » apportant une réflexion sur l'évolution de la danse hip hop en France et à l'étranger.
Le tout se déroule au sein d'espaces magnifiques, agencés dans un esprit d'ouverture et de bienvenue et, de surcroît, à des tarifs défiant toute concurrence. Nul n'est donc laissé pour compte et ne serait-ce qu'en cela, le challenge de cette première édition est dignement relevé.
Les passionnés de danse auront apprécié les acrobaties en tout genre, le travail de déstructuration des corps, du mouvement, des lignes, des formes, les performances de souplesse, de vitesse, de gestion d'espace, de rythme, de musicalité, le charisme des danseurs envoyant au public leur amour inconditionné pour la danse.
De la même façon, les démarches de sensibilisation auprès des jeunes par des ateliers pratiques auront peut-être fait naître des vocations.
Il faut également souligner le mélange des arts si cher à Mourad Merzouki qui aime que le hip hop côtoie différents univers artistiques comme le contemporain, le jazz, le classique, les danses traditionnelles africaines, orientales, les arts martiaux, le cirque, le théâtre, la musique.
Ne pas se cantonner à ce que le hip hop est déjà mais l'enrichir au contact d'autres influences est pour Merzouki, une façon de prendre soin de ce mouvement qui grandit, devient fort et marque les esprits.
On sort donc de ce festival rajeuni de dix ans, le cœ,ur léger, l'envie de sauter par-dessus les murs, stimulés par l'énergie des danseurs et par les généreuses ambitions de Mourad Merzouki, décidément l'un des chorégraphes parmi les plus talentueux et impliqués de sa génération. Un régal !
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