Exposition Kanak. Musée du quai Branly

L'Art est une parole.

S'immerger dans la culture Kanak, en visitant l'exposition « Kanak, L'Art est une parole », dans laquelle 320 oeuvres et documents exceptionnels sont exposés, expérience inédite, au musée du Quai Branly à Paris jusqu'au 26 janvier.



On est accueilli dans cette exposition par une flûte qui, en Nouvelle Calédonie, est symbole de l'harmonie à rechercher entre l'homme et la nature, une sorte de chant du monde préalable à toute parole. Puis, tout au long du parcours, les mythes des trois cent trente trois tribus kanaks se déploient sous nos yeux, oralement ou gravés sur des bambous et toujours d'une extrême richesse symbolique.

Toutes les pièces traditionnelles ici rassemblées sont issues de collections publiques d'Europe et de Nouvelle-Calédonie, dont beaucoup n'ont encore jamais été dévoilées au public : lourdes portes de cases (qui devaient être effleurées avant de franchir le seuil), imposantes sculptures aux visages d'ancêtres, haches ostensoirs de jades, mâts surmontés de leurs flèches faîtières...

Sculpture à planter.



L'absence de traces écrites.



L'exposition est organisée autour de deux grands principes : « Les cinq visages » et « Les reflets ». Le premier invite à une découverte des traditions Kanak de l'intérieur, quand le second rend lisible, au travers de dessins, de témoignages et de documents, l'évolution du regard occidental sur le monde Kanak. Ainsi, affiches, photos et films montrent aussi bien une danse à la mode au début du siècle dernier, le pilou pilou, que la cruauté du cannibalisme (et en 1931, cent onze Kanaks furent exhibés à l'Exposition coloniale tels des animaux dans un zoo).
Quant au masque mortuaire du grand chef rebelle Ataï, décapité en 1878 par la puissance coloniale, il a été expédié en France pour « finir » parmi les crânes préhistoriques !

Grand chef Ataï, promoteur de l'insurection


Dans la culture kanak, la parole est d'or. Sacrée, elle lie les hommes entre eux, raconte leur histoire, les alliances entre groupes, leurs guerres aussi. En l'absence de traces écrites, l'oralité est régie par des codes : la Coutume. Les parties prenantes s'échangent, en guise de sceau, des assemblages de fils, de coquillages, de perles ou de poils de roussette sans valeur marchande, mais qui scellent une parole indéfectible. Ces objets sont l'empreinte laissée par la parole échangée. L'intitulé de l'exposition. « L'art est une parole » trouve ici toute son explication.

Expo Kanak, L'Art est une parole.
- Jusqu'au 26 janvier , 37 quai Branly.
- Tél. 01 56 61 70 00.
- Mardi, mercredi et dimanche : 11 h à 19h. Jeudi, vendredi et samedi : 11 h à 21h.
- 218 rue de l'Université ou 37 quai Branly 75007 (Visiteurs handicapés, au n° 222).

L'exposition sera présentée du 15 mars au 15 juin 2014 au Centre culturel Tjibaou, à Nouméa. Ce sera la première fois qu'on reverra là-bas tous ces trésors éparpillés dans le monde, patrimoine désormais intégralement inventorié et numérisé.

Exposition réalisée grâce au mécénat de: ERAMET, Société Le Nickel, Fondation BNP Paribas et Fonds Handicap et Société


Archipel du Pacifique sud (à 1 500 km au NE de l'Australie, 2 000 km au N de la nouvelle-Zélande et 17 000 km de la France métropolitaine), la nouvelle-Calédonie compte 245 850 habitants (40,3 % de Kanak, 29,2 % d'européens, 12 % de Polynésiens.
On y parle 28 langues locales. Quatre d'entre elles peuvent être présentées au bac.



Par Julie Montagard

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