Sara Giraudeau, une Zelda exaltée et pathétique

'Zelda' Giraudeau donnerait du talent à un bottin si elle le lisait! Fantasque, amoureuse, aguicheuse ou folle, elle donne à Zelda tout son talent dans Zelda & Scott, au théâtre La Bruyère, une pièce qui tente de résumer la vie des icônes des années 20 en 3 actes.

Le premier acte s'ouvre sur une chambre d'hôtel. Zelda fête son anniversaire. Fitzgerald, Julien Boisselier, a écrit Gatsby. Ils sont les rois de New-york qui s'étale à leurs pieds en fond-scène.
A côté les invités s'amusent pendant que les hôtes boivent et continuent leurs frasques. Zelda veut un enfant, Scott veut une femme qui fasse sensation.

Sensation, tension, passion

Lui, se drogue au gin, elle, marche sur la corniche, flirte avec tous et montre ses seins. Scott est jaloux mais amoureux de sa femme rebelle qui l'inspire et nourrit ses romans. Entre eux, tout est tension.

Un troisième personnage, (Jean-Paul Bordes) un contrepoint, un miroir pour Scott, Ernest Hemingway, jeune auteur, fasciné aussi par Zelda, vient quémander les conseils de 'l'écrivain'. Entre eux, la rivalité littéraire se mêle à l'admiration. Ils partent brûler leur vie en France.

Déliquescence et déchéance

La Côte d'Azur qui accueille la 'génération perdue'voit le couple se déchirer. Scott boit de plus en plus, Zelda s'enfonce dans la folie, prisonnière de ses démons mais aussi de son mari exclusif qui étouffe ses désirs d'écriture, ses envies d'artiste.

Sara Giraudeau, habillée des dentelles de Dominique Borg, est virevoltante, caressante mais aussi changeante dans le premier acte. Elle se révèle blessée et perdue dans le second acte. Le troisième nous montre sa déchéance jusqu'à la folie. Frêle ballerine entourée de tournesols, enfermée dans un hôpital, elle se réfugie dans son monde alors que Scott meurt en Amérique.

Elliptique

Est-ce la direction d'acteur ou le trac de la première représentation qui bridaient les comédiens: Julien Boisselier est un Scott torturé et perdu qui mériterait de l'être encore un peu plus, Jean-Paul Bordes a eu des rôles plus inspirés.

Dommage que l'auteur ait voulu résumer la vie des deux héros, cela donne forcément une pièce par trop elliptique et si vous ne connaissez pas bien l'époque, vous n'aurez plus qu'à consulter internet pour en savoir plus.

Je ne vais pas faire la ronchon en ce début d'année. J'ai bien reçu ce spectacle (malgré les grands qui me bouchaient la vue) où pour plus d'atmosphère, la musique est aussi jouée en live par 3 musiciens de jazz. Une petite coquetterie pas forcément indispensable mais qui permet de faire patienter lors des changements de décor.

Mention pour le décorateur Jean-Marc Stehlé, disparu récemment, qui a conçu un décor à la hauteur du mythe sur la scène exigüe du La Bruyère. Je l'avais rencontré chez lui dans son atelier où il m'avait expliqué comment il travaillait avec toujours les mêmes figurines.

En résumé: allez-y!

Par Veronique Guichard