Steve Jobs, Bill Gates et ”La malédiction des start up”

Ecrivain et ingénieur, Guy Jacquemelle s'interroge sur la pérennité des couples de créateurs d'enteprise

Que ce soit Steve Jobs, Bill Gates ou Mark Zuckerberg, aucun des fondateurs mythiques d'Apple, Microsoft ou Facebook n'a pu poursuivre des relations sereines et pérennes avec leurs co-fondateurs respectifs. Les divorces des plus célèbres ex-copains de l'univers des nouvelles technologies ne sont que la face émergée de l'iceberg. Un mauvais sort frappe-t'il les start up ? Guy Jacquemelle, ingénieur spécialiste des télécoms, mais aussi écrivain et journaliste, auteur de 'La malédiction des start up', s'en explique. Entretien.

Elsa Menanteau : Vous venez de publier l 'La malédiction des start-up', qu'est-ce qui vous amené à traiter ce sujet ?

Guy Jacquemelle

Guy Jacquemelle : La première étincelle a eu lieu il y a quelques années lorsque Steve Wozniak, le co-fondateur d'Apple a publié son autobiographie. Il indiquait dans une interview qu'il avait demandé à Steve Jobs d'écrire la préface de son livre et que ce dernier avait refusé.

Je me suis demandé comment deux amis qui à 20 ans ont créé Apple, l'une des belles sociétés au monde ont pu en arriver là. Puis j'ai oublié et je suis passé à autre chose.

Il y eut ensuite en 2010 le livre de Ben Mezrich sur Facebook et les relations que l'on sait entre Mark Zuckerberg et Eduardo Saverin. Puis l'année suivante l'autobiographie de Paul Allen, le cofondateur de Microsoft qui évoquait ses relations difficiles avec Bill Gates.

C'est là que j'ai eu envie d'écrire ce livre.

J'ai voulu comprendre et raconter l'aventure de ces co-fondateurs : comment se sont-ils rencontrés et sont-ils devenus amis ? Comment ont-ils eu envie de créer Apple, Microsoft, Facebook et Twitter et puis que s'est-il passé ensuite ? Pourquoi et comment leurs routes ont-elles divergé ?

-- Pensez-vous que cette malédiction touche exclusivement les start-up et pas les autres types d'entreprises? Pourquoi ?

GJ : Non je pense que cette malédiction peut toucher n'importe quelle association. Dès que vous vous engagez dans un projet important avec quelqu'un vous décidez d'unir vos destinées. Souvent pour le meilleur, mais parfois pour le pire.

La question très importante que doivent se poser deux amis ou partenaires qui souhaitent créer une entreprise ou développer une activité ensemble est : “Quel est notre objectif ?”

Pourquoi souhaitent-ils créer cette start-up ou cette association ensemble ? Est ce pour rendre les clients heureux ? Etre le roi du monde ? Avoir le plaisir de travailler ensemble ? Concevoir ou vendre les meilleurs produits du monde ? Assurer leur retraite ?

Si des associés prenaient le temps de se poser cette question, ils éviteraient beaucoup de malentendus.

Il est important que les deux partenaires aient une vision commune de la maison dans laquelle ils souhaitent habiter. Si cette maison n'est pas la même, ça ne marchera pas ou du moins ça ne sera que provisoire. Ils cohabiteront quelques années mais l'un des deux aura vite envie de quitter ce lieu dans lequel il est mal à l'aise.

Dans la préface du livre, Henri Kaufman

*Henri Kaufman a été Président fondateur de Communider - Agence de Communication Directe du groupe Havas -. Il est aujourd'hui Conseil en Stratégie Internet avec sa société Hip ip ip. Il est co-auteur et auteur de nombreux livres dont le Marketing de l'Ego, Sciences et Communication font-elles bon ménage? , Internet a tout changé et Carnets de Sérendipité...
Co-producteur des Vidéos du Succès (250 vidéos tournées), Henri Kaufman est Président du Cercle du Marketing Direct... et aussi Président du Miss.Tic Fan Club.
fait d'ailleurs le parallèle avec les couples. La question fondamentale est : “Pourquoi voulons nous vivre ensemble ?” Si la réponse n'est pas la même, il y a peu de chance que cette vie commune ait un bel avenir.

-- Ce phénomène relève ne relève-t'il pas de composantes psychologiques et donc d'une dimension humaine avant tout ? Et si c'étaient des femmes qui étaient les fondatrices ?

GJ : Oui bien-sûr, l'humain est fondamental. Il peut y avoir des problèmes de personnalité et d'ambition, des conflits entre le téméraire et le prudent, l'extraverti et l'introverti, le passionné de marketing et le «geek», des tensions entre celui qui naturellement prend le leadership et le second qui est cantonné au rôle de suiveur.

Il est important aussi qu'il y ait un bon équilibre dans les ressemblances et les différences des deux associés. S'ils sont trop différents, ils auront du mal à se comprendre, et s'ils se ressemblent trop, ils risquent de ne pas assez se remettre en question.

L'éducation, aussi est importante, car parfois les associés n'ont pas les mêmes valeurs. Il y a aussi souvent l'arrivée d ‘une troisième personne qui peut faire voler en éclat l'amitié des deux fondateurs.

Et si c'étaient des femmes qui étaient les fondatrices ? Je pense que beaucoup de ces paramètres s'appliquent aussi bien aux hommes qu'aux femmes Il y a toutefois un atout qu'ont les femmes, c'est qu'à la différence de certains hommes, elles n'ont pas (en général) d'égos démesurés et n'ont pas pour ambition d'être les reines du monde. Elles acceptent plus volontiers de partager le pouvoir et les responsabilités.

-- Dans votre ouvrage vous donnez des conseils aux futurs créateurs d'entreprise. Lesquels sont les plus importants ?

GJ : Le plus important et le plus évident, c'est de choisir le bon partenaire Celui avec qui on s'associe ne doit pas seulement être l'ami avec qui on a passé de bons moments sur les bancs de l'école ou de l'université. Il peut s'être révélé le partenaire de tennis idéal ou celui avec qui on a passé des soirées ou des vacances inoubliables.

Mais il faut être sûr que l'on s'entendra bien avec lui lorsqu'il faudra affronter les premières difficultés et les premiers imprévus. Il ne faut pas oublier que c'est quelqu'un avec qui on va devoir travailler, jour et nuit parfois, auprès de qui il faudra trouver de l'aide en cas de blues ou de doute. Votre partenaire doit savoir écouter, être force de proposition, être excellent dans les sujets que vous maîtrisez moins. Vous devrez vous comprendre, quels que soient vos domaines d'expertise, complémentaires ou parrallèles.

La malédition des start up


-- La malédiction des start up
--par Guy Jacquemelle
--122 pages
--Ed. Kawa
--Prix 22.95€

-- en librairie : octobre 2012
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Guy Jacquemelle

Passionné de nouvelles technologies, Guy Jacquemelle travaille dans le monde du Web et des Mobiles depuis le milieu des années 90.

Il a notamment participé à la belle aventure de Wanadoo de 1995 à 2004 et développe maintenant des services pour mobiles intégrant les réseaux sociaux et le micro-blogging.

Guy Jacquemelle a également collaboré à L' Express, au Nouvel Observateur et au magazine Elle.

Il a publié

--deux essais : Le Grand Oral de l'ENA et Citizen Cannes et
--deux romans : La Sandale rouge et Les Années insouciantes.



Par Elsa Menanteau

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