Le Musée d’Art et d’Histoire de Meudon dans ses habits neufs

Après plusieurs années de travaux de rénovation, le Musée d'Art et d'Histoire de Meudon (Hauts-de-Seine) a rouvert ses portes au printemps 2012. Histoire et collections de ce musée installé dans la plus ancienne maison de Meudon datant du XVI siècle et classée monument historique. Maison qui fut la propriété, tour à tour, d'Ambroise Paré, chirurgien du Roi, puis d'Armande Béjart, veuve de Molière.

L'histoire du musée de Meudon

À l'aube du XVIe siècle, Meudon est un paisible hameau. Au lieu-dit « Les Ouches », parmi les vignes et les champs, Jean Mazelin, bourgeois parisien, possède une maison, rue de la Masure (rue des Pierres vers 1545). L'histoire de cette maison commence ainsi. Au fil des siècles, elle change de propriétaires avant de devenir le musée d'art et d'histoire.

- 1541 : Ambroise Paré, chirurgien du Roi, achète la maison pour apurer les dettes de sa belle-famille, les Mazelin.
- 1590 : François Rousselet, contrôleur général de la Maison de la reine de Navarre et des fortifications d'Île-de-France, beau-frère d'Ambroise Paré, rachète la demeure.
- 1645 : Rollin Burin, maître des courriers de Normandie, de Bretagne, d'Anjou et de Touraine, maître du bureau des dépêches de Paris agrémente la maison des deux ailes avec des pavillons carrés aux extrémités. Pour donner à la salle du premier étage un décor plus en rapport avec sa position sociale, Rollin Burin l'orne de délicates arabesques. Rare témoignage d'une maison bourgeoise du milieu du XVIIe siècle, cette salle a été restaurée en 1990.
- 1649 : Claude Laborie, conseiller du Roi et avocat, achète la maison et plusieurs autres le rue des Pierres. La propriété est dans ses limites actuelles.
- 1676 : Armande-Grésinde-Elisabeth Béjart, veuve de Jean-Baptiste Pocquelin, sieur de Molière, paie 5400 livres pour la maison (environ 11340 €).
- 1702 : Pierre Poulain de Launay, secrétaire de Monsieur de Joyeuse, gouverneur du domaine de Meudon, loue la maison par appartements et laisse les bâtiments se délabrer.
- 1766 : François Laurisse de Sallienne achète la maison pour sa fille, Louise-Marie.
- 1833 : Pierre Millet verse 30 000 francs de l'époque pour acquérir le domaine.
- 1875 : La maison est divisée en deux : la partie ouest pour Madame Miquel et la partie est avec la maison pour François Lange-Dulaurier, professeur à l'école des langues orientales.
- 1924 : Augustin Lange-Dulaurier fait classer l'ensemble au titre des monuments historiques et achète la partie ouest du parc.
- 1941 : La Ville de Meudon achète l'ensemble et la confie à la Société des Amis de Meudon pour y présenter ses collections d'histoire locale. La Villa Molière est inaugurée le 10 juillet 1943.
- 1971-1978 : Première campagne de travaux.
- 1973 : Le musée et ses collections appartiennent complètement à la Ville.
- 1980-1991 : Nouvelle campagne de travaux.
- 2003 : Labellisation « Musée de France ».
- 2008-2012 : Dernière campagne de travaux et réouverture à l'occasion de la nuit européenne des musées.

Collections

La peinture de paysage

L'attrait des peintres pour le paysage n'est pas chose nouvelle. D'arrière plan et d'accompagnement du sujet principal, le paysage devient un des thèmes majeurs de la peinture française à l'aube du XIXe siècle.

En 2006, la famille Grellety Bosviel fit don à la Ville de la collection rassemblée par leur fils Christian, prématurément décédé. Composée de peintures et d'aquarelles représentatives de l'histoire du paysage français depuis la fin du XVIIIe siècle jusqu'aux années 1960, cette collection comporte trente-deux œ,uvres. Cette donation complète les œ,uvres déjà présentes au musée et en fait une intéressante évocation de cet art pictural.

À côté des adeptes du paysage historique et des sites imaginés, Lazare Bruandet ou Georges Michel, s'inspirent des Flamands et des Hollandais du XVIIe siècle. Histoire et mythologie s'estompent au profit d'une nature peinte pour elle-même.

Dès 1830, porteur d'émotions, le paysage est un état d'âme. Rejetant le classicisme et le romantisme, les peintres se tournent vers le réalisme. L'Impressionnisme en sera l'aboutissement.

À Barbizon, de nombreux paysagistes partagent avec Théodore Rousseau cette passion de la nature. Ils l'observent et la représentent, captant l'instant présent dans sa vérité atmosphérique et lumineuse.

1880, le paysage triomphe et décore les murs des maisons bourgeoises. Encensé, il devient à la mode. Les peintres parcourent la campagne et les littoraux. Le public aime Camille Corot, les peintres de Barbizon et les impressionnistes.

Face à la peinture intuitive et impersonnelle des impressionnistes, Paul Sérusier, Charles Guilloux ou encore Paul Gauguin revendiquent un art plus intellectuel. Le paysage devient symbolique. Avec Armand Guillaumin, la peinture s'éloigne du réalisme. Les Fauves, quant à eux, se disent libres face à la nature. La couleur prend le pas sur la vérité.

Dans la seconde moitié du XXe siècle, André Lhote ou Charles Lapicque s'affranchissent de la réalité objective. Les paysagistes abstraits, Alfred Manessier ou Jean Le Moal, transforment le paysage en formes et en rythmes colorés capables, sans les figurer et par leur seule présence sur la toile, d'en suggérer les forces essentielles.

La peinture et la sculpture contemporaines

Les collections de peintures et de sculptures de la seconde moitié du XXe siècle se sont enrichies au fil des années et des donations.

Dans les années 60, André Dunoyer de Ségonzac offre quelques-unes de ses gravures et aquarelles ainsi qu'une sculpture animalière de Mateo Hernandez, sculpteur espagnol installé à Meudon. Marguerite Arp-Hagenbach, veuve de Jean Arp, donne la tapisserie Porte d'Oiseaux, une sculpture Amphore de Muse, des gravures, un bas-relief et une gouache de Sophie Teucer-Arp.

En 1973, François Stahly fait don de sculptures, hommages à Claude, son épouse.

En 1980, Mary-Hood Jacquet-Boggs, descendante du peintre américain Frank Boggs, qui termina sa vie à Meudon, lègue une centaine de dessins et d'aquarelles, l'intégralité de son œ,uvre gravé, ainsi que des tableaux de cet infatigable voyageur.

En 1981, des œ,uvres graphiques, des dessins, des aquarelles, des gravures sur bois d'Henri Marret entrent au musée grâce à Madame Faraut.

En 1985, Mona Doll offre des sculptures et des dessins de son défunt époux, René Collamrini, initiateur du renouveau de la taille directe en France.

En 1984, la Fondation de France cède des sculptures figuratives d'Hélène Guastalla. La même année, la veuve de Raymond Veysset, artiste novateur et visionnaire, donne plusieurs sculptures.

En 1989, Jean Le Moal offre plusieurs de ses œ,uvres, dont une grande et rare fresque Cérés. Des sculptures de Juana Mulle complètent cet ensemble.

En 1995, Éva Chevalier, veuve du critique d'art et créateur du salon de la Jeune sculpture, Denys Chevalier, donne plus de 130 sculptures, de nombreux livres et des documents.

L'année suivante, Raymond Guerrier donne une de ses peintures et une suite de toiles abstraites de Francis Montanier.

En 2004, l'association des Peintres Témoins de leur Temps fait don de la collection d'Isis Kischka, plus de 5000 dessins des plus grands artistes figuratifs de la seconde moitié du XXe siècle.

En 2005, Piera Rossi donne des sculptures. Suivent les dons d'autres sculpteurs : Irène Zack, Eugène Scrive, Gérard Lardeur, Etienne Hajdu, Louis Thomas-d'Hoste et Simone Boisecq-Longuet.

En 2010, le sculpteur Parvine Curie consent la donation d'un ensemble important de ses œ,uvres.

Le musée conserve aussi le fonds d'atelier du sculpteur hongrois András Beck et achète aussi des œ,uvres : Jean Le Moal, Alfred Manessier, Karl-Jean Longuet, Dietrich Mohr, José Subira Puig ou Tetsuo Harada.

Par Nicole Salez