Vidéo - Discours d'arrivée d'Aurélie Filippetti, nouvelle ministre de la Culture

'La Culture, c'est tout sauf un luxe'

La passation de pouvoirs de Frédéric Mitterrand à Aurélie Filippetti au poste de ministre de la Culture et de la Communication a eu lieu aujourd'hui 17 mai 2012. La nouvelle ministre a déclaré que la Culture est tout sauf un luxe et qu'elle est aussi ce qui rassemble les individus. Voici son discours.



*Vidéo réalisée le jeudi 17 mai 2012 par Nicole Salez


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Je suis bien sûr émue de la responsabilité qui m'est confiée, celle du ministère de la Culture et de la Communication. Je sais à quel point ce ministère est intimement lié à une certaine idée que nous nous faisons de la France, de ses valeurs, et de ce que nous voulons transmettre aux générations qui suivent.

Ce que nous voulons leur transmettre, c'est le meilleur de ce qui nous a été légué, en héritage, par ceux qui nous ont précédé. Cette histoire, ce patrimoine, cette langue française à laquelle nous sommes si attachés, cette vitalité de notre création, c'est tout sauf un luxe, c'est tout sauf quelque chose de superflu, en particulier en ces temps de crise, crise financière, crise économique, mais aussi crise morale et crise de la représentation.

(S'adressant aux personnels du ministère) Si nous sommes ici réunis, Frédéric Mitterrand et moi, à cette tribune, et vous, qui êtes les piliers de cette politique culturelle, depuis des années, depuis bien plus longtemps que nous deux encore, vous qui êtes ceux qui sont à la manoeuvre pour l'ensemble de nos concitoyens, si nous sommes réunis ici aujourd'hui, c'est parce que nous croyons profondément que la culture, c'est ce qui rassemble les individus, que la culture c'est cette rencontre quasi miraculeuse entre la subjectivité d'un artiste, dans ce qu'elle a de plus intime, de plus profond, de plus incommunicable, et le partage, l'inter-subjectivité. Le fait que, en exprimant ce qu'on a de plus intime, on va toucher dans autrui ce qui relève de l'universel. C'est ce rapport entre l'intime et l'universel qui fait évidemment le miracle de l'art.

(S'adressant à Frédéric Mitterrand) Et c'est pourquoi, aujourd'hui, je me permets de relier à mon émotion intime et à la tienne aussi, cher collègue - je ne crois pas révéler un secret en disant que nous avons partagé ces moments ensemble dans ton bureau - cette émotion intime, elle rejoint aussi un dessein plus large que nous, ce dessein politique, au sens le plus noble du terme, qui consiste, qui consistera pour moi à oeuvrer pour que la culture, pour que les arts soient accessibles au plus grand nombre. Pour que tous les enfants de France, pour que tous les Français, d'où qu'ils viennent, où qu'ils vivent, quelle que soit leur formation, leur parcours, leur cursus, quel que soit leur niveau d'études, auquel parfois, on le sait, c'est aussi la malchance qui ne leur a pas permis d'apprendre - et bien pour que tous ces Français aient accès à ces merveilles de l'art et de la culture, à cette ouverture sur la curiosité des belles choses du monde.

(S'adressant aux personnels du ministère) Je voudrais vous remercier et vous dire à quel point je suis fière d'être à vos côtés, au sein de ce ministère, de ces murs qui relève d'un héritage. Nous sommes ici pour continuer à bâtir un avenir. Je sais que c'est avec vous, avec tous les personnels du ministère de la Culture et de la Communication que nous oeuvrerons à cette politique.

(S'adressant à Frédéric Mitterrand) Tout d'abord, je veux aussi rendre hommage à ceux qui m'ont précédé. Il y a eu évidemment beaucoup de grands noms qui ont marqué l'histoire de cette maison. Et Frédéric Mitterrand tu as inscrit ton nom au sein du ministère de la Culture.

Je vais me permettre de te remettre un petit cadeau qui est un livre d'un écrivain italien que j'aime beaucoup, Erri De Luca

*ndlr: «Et il dit» - Gallimard
, puisque nous partageons aussi l'amour de l'Italie,
Erri De Luca, un écrivain fantastique. Je t'ai mis aussi une dédicace parce que ce qui nous rapproche c'est aussi une certaine conception de la littérature. Carlos Fuentes qui vient de nous quitter,

*ndlr: décédé le 15 mai 2012 à Mexico
disait : 'la littérature est une blessure par laquelle jaillit l'indispensable divorce entre les mots et les choses. Par cette blessure nous pouvons perdre tout notre sang'.

Par Nicole Salez

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