Les portes de Marrakech

Marrakech est l'une des destinations les plus prisées des Français pour un court séjour ou plus. Ils aiment déambuler dans la médina, jouer au golf dans l'un des 21 parcours, profiter d'un climat toujours doux. Mais ont-ils découvert, aux portes de la cité impériale, une petite merveille ? Le nouveau musée berbère, ouvert en décembre 2011 et son écrin, les Jardins Majorelle restaurés : ne les manquez pas !

Marrakech : les Jardins Majorelle
Un ciel bleu-noir profond, piqueté des millions de points lumineux. Nuit sans lune, vertige en plein désert. Cette voûte étincelante, étonnante composition d'images et de lumières, couvre l'une des quatre salles du tout nouveau musée berbère de Marrakech.

Inauguré en décembre 2011, par Pierre Bergé et Frédéric Mitterrand, ce petit musée expose sur 200 m2 plus de 600 objets venus de toutes les régions du Maroc : Rif, Haut et Moyen Atlas, Sahara, plaines atlantiques... Les bijoux d'une complexité stupéfiante, les vêtements d'apparat, les instruments de musique, les objets de la vie quotidienne et de cérémonie, les tapis, les tissages, les chaussures, les armes rassemblés témoignent de savoir-faire sophistiqués. Depuis des centaines d'années les tribus berbères, tout en protégeant leurs territoires, ont élaboré un art subtil et coloré, maniant le bois, le métal, le cuir, la terre cuite, la laine.

Marrakech, Jardin Majorelle, Musée Berbère

La civilisation berbère dont les historiens font remonter les origines à la protohistoire du Maroc, est ainsi commentée par Pierre Bergé : « A juste titre, les Berbères ont toujours été fiers de leur culture qu'ils n'ont cessé de revendiquer malgré les vicissitudes qu'ils rencontraient ». On estime d'ailleurs qu'à ce jour, les trois-quarts des Marocains sont berbères.

Marrakech, Jardin Majorelle, Musée Berbère : parures, Maroc septentrional et Haut Atlas.
L'exposition des objets bénéficie d'une mise en scène remarquable, signée par l'architecte français Christophe Martin. Le musée quant lui, est logé dans l'ancien atelier du peintre Majorelle, au cœ,ur des jardins qui portent son nom. L'artiste nancéen, s'était installé au début du XXe siècle hors des remparts de la cité impériale. Grand voyageur, passionné de botanique, Majorelle collectionnait les plantes et arbres exotiques, qu'il rapportait au gré de ses pérégrinations à travers le monde.

Aujourd'hui, on accède aux Jardins Majorelle par la rue Yves Saint-Laurent . Le célèbre couturier, mort en 2008 et Pierre Bergé, via leur fondation sont en effet les mécènes de la restauration des jardins.

Tout en courbes et circonvolutions, avec un ensemble de cactées extraordinaire, les jardins, les bâtiments art déco, les façades crépies d'un bleu outremer - tant apprécié par Saint-Laurent - et maintenant son musée constituent l'un des lieux les plus séduisants de Marrakech.

Marrakech, choisi par Hitchcok pour en faire un des lieux du tournage de « l'homme qui en savait trop » (1956, avec James Stewart et Doris Day), est devenue l'une des destinations touristiques de week-ends ou plus longs séjours favorite des Français...et de bien d'autres Européens.

La médina paraît immuable. Ses ruelles étroites avec les artisans qui travaillent le cuir, les métaux, les matériaux de récupération, avec les vendeurs de dattes, de figues et de jus d'orange frais, pressés devant soi, avec la place Jama El Efna et ses charmeurs de serpents... l'authenticité de la vieille ville ne semble pas avoir été trop atteinte par un flux touristique constant depuis des décennies. Comme si Marrakech était préservée par ses remparts, 15 km de murs en pisé rouge, construits au XIIe siècle, ponctués de sept portes massives qui, jusqu'aux années 1960, étaient fermées dès le coucher du soleil.

Au-delà des murs, dans la palmeraie, la ville ne cesse de grandir, de s'étaler. Explosion démographique, explosion urbaine, « l'immobilier ici ne connaît pas la crise » commente un Marocain. « D'ailleurs explique-t'il, entre nous, on ne dit plus de Marrakech la ville aux 7 portes, mais la ville aux 7000 grues ! »

Les grues à perte de vue découpent l'horizon. Marrakech a vu sa population passer de 200 000 à quelque 1.2 million en trente ans. Un record.

Par Elsa Menanteau