Le Louvre nous convie à une exposition exceptionnelle du 29 mars au 25 juin 2012 : l'ultime chef d'œ,uvre de Vinci, « la Vierge à l'Enfant avec Sainte Anne », minutieusement restauré, sera présenté parmi de nombreux dessins et esquisses préparatoires.
« La Vierge à l'Enfant avec Sainte Anne », dit «La Sainte Anne», est l'une des compositions les plus ambitieuses de Léonard de Vinci, et le fruit de ses vingt dernières années de travail et de méditation. Débutée en 1501, l'œ,uvre fut sans cesse modifiée, retravaillée, perfectionnée au point de rester inachevée à la mort de l'artiste en 1519.
L'histoire de ce chef d'œ,uvre est passionnante à plus d'un titre, tant elle soulève d'interrogations sur son commanditaire, son élaboration, son histoire ancienne. L'exposition ne le sera pas moins, puisqu'elle réunira pour la première fois depuis la mort du peintre, l'ensemble des documents liés à « La Sainte Anne », soit 136 œ,uvres.
Parmi ces œ,uvres, le prêt exceptionnel du carton de la National Gallery de Londres représentant « Sainte Anne, la Vierge et l'Enfant Jésus bénissant Jean-Baptiste » permettra une confrontation historique avec le tableau du Louvre. Le dessin londonien est l'aboutissement de la première vision que Léonard de Vinci a eu du sujet de «La Saint Anne», lorsque la commande lui en a été faite. Parmi les différences visibles : la présence de Saint Jean Baptiste, remplacé plus tard par l'agneau, symbole sacrificiel.
L'exposition sera construite en deux grandes parties. L'une explorera le travail de conception et de réalisation de Vinci avec la présentation d'autres œ,uvres peintes par le Maître. Cela permettra de montrer en quoi «La Sainte Anne» est le véritable aboutissement des multiples et diverses recherches de l'artiste sur la nature et l'art.
Un chef d'oeuvre qui a inspiré de nombreux artistes
La seconde partie de l'exposition mettra en lumière l'influence de ce chef d'œ,uvre à travers les siècles, par son retentissement sur l'art italien et les nombreux hommages plus récents que lui ont rendus Delacroix, Manet ou Carpeaux, mais aussi Degas ou Ernst.
Freud s'est aussi penché sur ce chef d'œ,uvre pour analyser la personnalité de Vinci.
En 1919, le psychanalyste écrivit, à la suite d'une suggestion d'Oskar Pfister, pasteur avec lequel il correspondit beaucoup, que «le drapé, bizarrement arrangé et malaisé à comprendre, de Marie » correspond au « contour du vautour».
Pour bien 'voir' le vautour, il faut pencher la tête à gauche : à l'extrême gauche, la tête du vautour apparaît. A droite, on imagine la queue du vautour entre le menton de Marie et la bouche de l'enfant Jésus. Et c'est là qu'il faut se souvenir du rêve qui avait hanté l'enfance de Léonard :'un vautour est descendu jusqu'à moi, m'a ouvert la bouche de sa queue et, à plusieurs reprises, a heurté mes lèvres de cette même queue.”
On pourra noter le clin d'oeil de Max Ernst à cette théorie, puisque dans sa toile « Le Baiser », en hommage à « La Sainte Anne », il a également peint un vautour bleu (sur la droite).
Une restauration à la hauteur du chef d'oeuvre
La restauration de l'œ,uvre —, sujet à polémique, comme bien souvent, entre conservateurs alarmistes et tenants de techniques chimiques modernes —, a été menée de juin 2010 à février 2012. Elle permet aujourd'hui au tableau de retrouver sa profondeur, avec une palette intense de bleu lapis-lazuli, laques rouges, gris et bruns. Une pure merveille...
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