« L'Oligarchie des incapables » de Sophie Coignard et Romain Gubert, dénonce pêle-mêle 'l'irresponsabilité' de certains patrons, hauts fonctionnaires ou élus, la montée d'intermédiaires douteux et le musellement de la justice. Coup de projecteur sur les coulisses de ceux qui nous gouvernent et de leur entourage.
Habituée à publier des brulots sur la « caste » d'élus et autres hauts fonctionnaires, Sophie Coignard vient de rééditer en écrivant avec Romain Gubert, « l'oligarchie des incapables » qui stigmatise, une fois encore, cette élite qui se serre les coudes, qu'elle soit de droite ou de gauche.
L'ambition des énarques... et des autres
Les journalistes s'interrogent sur ceux qui sont au sommet de la pyramide en France, ceux qui ont le plus prestigieux des diplômes : les énarques. Pourquoi souffrent-ils d'une « incapacité étrange à prendre les bonnes décisions pour leur pays » ? Et pourquoi sont-ils si bien payés et même promus malgré leurs mauvais résultats ?
Le livre est un long inventaire de leurs errements comme ceux d'autres hiérarques et qui, selon les auteurs, nous ont menés à la crise, quelle que soit leur appartenance politique, qu'ils œ,uvrent dans le secteur public ou « pantouflent » dans le privé.
Les hauts fonctionnaires qui devraient s'occuper de l'intérêt général se sont « laissés happer par le monde de l'argent ». L'austérité qu'ils prônent pour sortir de la crise ne s'applique pas à eux-mêmes, accuse le livre.
Exemple dans le collimateur des auteurs : les inspecteurs des finances. Sur les 210 en activité en 2010, 120 travaillaient dans le secteur privé, à des fonctions de très haut niveau, très bien rémunérés, parfois dans le même secteur économique qu'ils contrôlaient auparavant en tant que fonctionnaires. Sophie Coignard et Romain Gubert dénoncent cette consanguinité et s'interrogent : est-ce leur compétence ou leur influence qu'ils vendent ? Où se situe la frontière déontologique ?
De même, les auteurs passent en revue toute une galerie d'hommes et de femmes politiques ou à la tête de grandes entreprises qui ont « franchi la ligne jaune » : passe droits, rémunération excessives et pertes gigantesques, irresponsabilités sociales mais... promotion administrative.
Quant à la justice, elle serait mise au pas, rendue impuissante à punir la corruption des politiques. Une corruption qui semble donc « avoir épargné la France, écrivent les auteurs, comme le nuage de Tchernobyl ».
La France révolutionnaire ?
Sophie Coignard et Romain Gubert voient monter une « colère populaire », annoncée aussi par Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen.
On aimerait que le livre prenne le temps de montrer qu'il est possible de redonner aux citoyens le pouvoir de décider et d'entreprendre , que la France peut retrouver une démocratie apaisée sans passer par la case révolutionnaire !
Expéditif sur la forme, le livre de Sophie Coignard et Romain Gubert n'en demeure pas moins un avertissement qu'il serait temps que les politiques de tous bords prennent en compte. L'accumulation des chiffres et des délits décrits dans l'ouvrage laisse le lecteur moyen médusé.
- Albin Michel,
- 368 p., 20 €.
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