Tel Orphée, Antoine d'Ormesson a composé un chant, Drame lyrique à plusieurs voix, comme un appel vers sa femme alors qu'elle s'éloignait dans la nuit de la maladie, de plus en plus lointaine, de plus en plus oublieuse, de plus en plus isolée, perdue. La création de l'œ,uvre aura lieu le 16 janvier à la Maison de la Chimie à Paris.
Élégie pour une absente
Seize musiciens en demi cercle sur la scène, trois chanteurs, trois comédiens, un récitant. Une voix s'élève, puis une autre, comme une prière illuminée. « Sans la musique, dit Antoine d'Ormesson , je n'aurais pas pu résister ! J'ai écrit cette œ,uvre par besoin, pour dire la lente altération d'un cerveau encore lucide. Même si je ne touche qu'un seul cœ,ur, je serai satisfait. »
Et que la nuit commence est écrit pour seulement 16 musiciens et trois chanteurs et peut être représenté dans n'importe quelle grande salle. « Je veux que cette œ,uvre voyage, pour faire comprendre l'effet terrible de cette maladie sur le malade mais aussi pour la famille et les proches. »
Cela commence insidieusement par un oubli, puis progressivement, on se met à oublier de plus en plus de choses... et petit à petit les proches voient s'effriter la personne qu'ils aiment.
On ne connaît pas encore exactement la cause de la mort des neurones dans l'hippocampe, une des régions essentielle de la mémoire. Elle aura pour conséquence une atrophie de certaines zones cérébrales et la perte de facultés importantes, la mémoire d'abord puis tous les repères.
La maladie d'Alzheimer est la plus fréquente des maladies neurodégénératives. Elle touche 26 millions de personnes dans le monde et 850 000 Français. Chaque année, on compte environ 200 000 nouveaux cas, ce qui laisse à prévoir 1,2 millions de personnes atteintes en France en 2020. La maladie frappe le plus souvent des personnes âgées mais elle peut aussi survenir beaucoup plus tôt. On estime aujourd'hui en France à 15 000 le nombre de patients de moins de 65 ans qui en sont atteints.
Alzheimer, parkinson, sclérose en plaques, autisme... Pourquoi le nombre de personnes atteintes d'une maladie neurodégénérative explose-t-il et pourquoi les malades sont-ils de plus en plus jeunes ? Marie Grosman et Roger Lenglet étudient ces questions dans leur dernier livre , Menace sur nos neurones, paru en septembre 2011 chez Actes Sud.
Un compositeur aux multiples visages
Les critiques louent le souffle et l'élégance de son écriture musicale, sa personnalité et son élan lyrique. Éclectique et non conformiste, il a composé des chansons, des musiques de films. Antoine d'Ormesson ne se prend vraiment au sérieux qu'assez tard. Admirateur de Bartok et Ravel, mais résolument indépendant, Antoine d'Ormesson est certainement l'un des compositeurs français le plus méconnu.
Né dans une famille de grands serviteur de l'État, le jeune Antoine a la chance d'avoir des parents mélomanes et musiciens. Il entend sa mère chanter Mozart, Wagner et Rossini et son père jouer du piano et faire de la musique de chambre. Dernier d'une fratrie de six, il sera pourtant le seul musicien.
Il commence le violon mais une chute de vélo lui brise la main. Il se met alors à composer, écrit une première œ,uvre à 11ans, puis, à 17 ans, en 1941, un Concerto romantique pour violoncelle et orchestre qui sera joué au Châtelet en 1966.
La guerre le propulse en Suisse où il étudie l'harmonie, la composition et la direction d'orchestre au Conservatoire de Lausanne. Puis il s'engage au régiment blindé du 2ème dragon et fait la campagne de France et d'Allemagne. Après la guerre il part en Argentine où son père est ambassadeur, l'occasion pour lui de s'imprégner des rythmes sud américains. Il commence à composer sous divers pseudonymes.
Matheux, il travaillera, jusqu'en 1957, dans un société pionnière de l'électronique. Champion de golf, il en dessine un, puis deux. Remarqué par le magazine World of golf, il devient célèbre et en tracera 13, dont celui de Divonne qu'il remanie entièrement.
Il tournera aussi plusieurs films, avant de revenir à son amour de la musique qu'il ne quittera plus.
« Ses œ,uvres se caractérisent par un style très libre qui porte l'émotion, laissant les ondes sonores se succéder les unes aux autres, se renforcer sans s'annuler, jusqu'à atteindre une certaine cime, couronnement de l'œ,uvre. » Marcel Schneider
Et que la nuit commence
Drame lyrique d'Antoine d'Ormesson
Soirée du 16 janvier 2012 au profit de l'Ifrad, Fondation pour la recherche sur la maladie d'Alzheimer
Places 50 Euros
20h, Grand Amphithéâtre, Maison de la Chimie, 28 rue Saint Dominique, 75007 Paris
Réservations Coralie Constant cieconstant@gmail.com
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