Chez Viviane Hamy
Le commissaire Adamsberg revient, sous la plume de Fred Vargas, pour combattre « L'armée furieuse ».
Pour ce dernier opus de Fred Vargas, « L'armée furieuse », le commissaire, « pelleteux de nuages », remonte et démonte les fils d'une vieille superstition qui pourrit la vie d'un village normand et d'une famille. Une crédulité moyenâgeuse prête à une élue des dieux des visions de mort qui se traduisent par une cohorte de morts vivants emportant de trop bons vivants, autrement dit « L'armée furieuse » ou « Mesnie Hellequin ». Les bons vivants ne le restent pas longtemps et meurent de manière violente. Cette superstition traverse toute l'Europe du Nord et particulièrement la Normandie, avec ses habitants qui ne disent jamais ni oui ni non, à qui il ne faut jamais poser de questions directes. Mais il serait trop simple de réduire les aventures du commissaire Adamsberg à la traque de la chevauchée fantastique. Parallèlement, il démêle une sordide affaire d'héritage, réglée par le feu, sauve un pigeon aux pattes entravées par un petit malappris, tout cela en étant le plus souvent assis sur un tronc d'arbre dans le chemin Bonneval, passage obligé de la « Mesnie Hellequin ». Tous ses adjoints sont au rendez-vous, Danglard le dandy, buveur de vin blanc, puits de science et de culture, le nouveau, Veyrenc aux mèches flamboyantes et pays d'Adamsberg, la grenadière de la garde, la Retencourt, et celui qui souffre d'hypersomnie et celle qui ne masque pas sa boulimie, et les autres, en tout une équipe d'égratignés de la vie, d'inconditionnels de ce commissaire hors norme. Soudés autour de lui, ils n'hésitent pas à couvrir les libertés qu'Adamsberg prend avec la loi et l'ordre. Ceux d'en face sont pêle-mêle des richards sans moralité, un descendant de Maréchal d'Empire qui a un pied dans le « monde » et un dans la gendarmerie, un pyromane des cités, une vieille dame belle et digne et une fratrie étrange, sortie des sentiers balisés de la société depuis belle lurette. N'oublions pas le tout récent fils du commissaire, Armel alias Zerk, qui s'avère être aussi futé que son père.
J'avais pourtant résisté depuis cinq mois, allant jusqu'à m'interdire d'entrer dans les librairies, telles une ancienne fumeuse devant un bureau de tabac ou une alcoolique anonyme au 30e jour de sevrage. J'avais décidé d'attendre la sortie en livre de poche. Mais la tentation a été la plus forte, « L'armée furieuse », la Mesnie Hellequin m'a happée, broyée et obligée à acheter le dernier Fred Vargas, tel un cadeau de Noël avant la lettre. Et pour ce onzième épisode des aventures du Commissaire Adamsberg, le scénario s'est répété, nuit blanche haletante, suppositions hasardeuses ou pas. Le récit, mené tambour battant, ne laisse pas un instant de répit. Les écheveaux des multiples intrigues se mêlent et s'entremêlent, sans jamais s'emmêler. Une écriture limpide, des portraits émouvants, des références historiques et littéraires, une assez belle photo de ce XXIe qui en est à ses balbutiements, écartelé entre la ville qui dévore et la campagne dévorée par son lointain passé. Tout flirte avec le fantastique, mais tout est bien réel.
Un cadeau pour les amateurs de roman noir et les inconditionnels de Fred Vargas.
Editeur : Viviane Hamy
Prix : 19,50 €
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